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Iran : Des changements dans le domaine gazier ?
16.04.2008

Les sanctions bancaires américaines empêchent certains pétroliers européens comme Total ou Shell d’investir en Iran. Incapable pour de multiples raisons de trouver d’autres compagnies (indiennes, chinoises, ou russes) afin de les remplacer, Téhéran n’a cessé d’accorder de nouveaux délais de réflexion aux directeurs de ces compagnies. Selon Easybourse, Téhéran vient de rompre avec cette habitude en réduisant le délai initial de 60 jours !



Total et Shell devront informer l’Iran de leur décision à propos d’investissements gaziers dans ce pays jusqu’à la fin de la semaine, c’est-à-dire jusqu’au 18 avril et non pas jusqu’au 19 juin comme l’avait affirmé initialement Nozari, le ministre iranien du pétrole. La nouvelle deadline a été annoncée par S. Jashnsaz, le patron de la National Iranian Oil Company (NIOC), mais contredit par Ali Vakili, le directeur général de la Pars Oil and Gas Company (POGC) qui reste sur la date de 19 juin.

Cependant, cette différence de deux mois ne change rien, Shell avait déjà rejeté la date du 19 juin en affirmant qu’elle répondrait fin 2008 et Christophe de Margerie, le directeur général de Total, interrogé il y a une semaine par des journalistes de Libération [1], avait repoussé toute possibilité d’« un investissement de plusieurs dizaines de milliards d’euros tant que l’Iran ne serait pas revenu au sein de la communauté internationale ».

La décision des mollahs vient une semaine après cette déclaration, et il s’agit en plus d’une position connue de Total. Les deux ne sont pas liés, ce changement de date cache peut-être un accord avec une autre compagnie pétrolière qui n’a pas envie d’attendre deux mois de plus.

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| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Enjeux : TOTAL

[1Christophe de Margerie, le directeur général de Total.
Propos recueillis par G. Biseau, N. Cori et A. Schwartzbrod
Jeudi 10 avril 2008
Est-ce pour la même raison que vous avez décidé de cesser d’investir en Iran ?
L’Iran est un des plus grands pays pétroliers de la planète. Et en matière de gaz, on est loin d’y avoir fait toutes les découvertes possibles. On ne peut pas se permettre d’y être absent. Mais, en cette période de tension, on ne peut pas non plus y lancer des investissements de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Nos projets sont donc en attente. Ils ne sont pas gelés mais maintenus au chaud, en attendant que l’Iran revienne au sein de la communauté internationale. Ce que nous souhaitons.

En l’occurrence, vous n’avez fait qu’obéir aux pressions de l’Elysée…
Non. C’est le conseil d’administration de Total qui décide s’il est bon que le groupe engage de grosses sommes d’argent sur le long terme. Nous sommes bien conscients d’être dans un univers qui touche au politique. Mais nous ne sommes pas dans une industrie de « stop and go ». On ne peut pas nous dire alternativement « entrez… partez… » quand nos investissements se font sur vingt à trente ans. C’est ce qu’on a fait en Libye, par exemple. On est resté dans les moments difficiles. Si on était parti, on ne serait jamais revenu.