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Iran-Explosion : Mise en scène pour un règlement de compte
14.04.2008

L’affaire de l’explosion dans le centre culturel d’une mosquée de Chiraz se complique. On avait d’abord évoqué un attentat, une implication saoudienne, ces hypothèses ont été officiellement abandonnées et le régime parle d’une seule voix ou presque pour affirmer qu’il s’agit d’un accident. Le général des Pasdaran Ali Moayyedi, chef de la police pour la province de Fars, a déclaré qu’il « rejetait » catégoriquement la possibilité d’une action terroriste ou de « toute sorte d’insurrection ». Les récits officiels résultant d’une revue de presse du régime montrent des incohérences que nous vous exposons.



Le récit des Pasdaran | La première version d’attentat est l’œuvre du mollah prêcheur qui a lié l’explosion au contenu de ses diatribes : c’est au moment où il a parlé du rôle néfaste des wahhabites que la charge a exposé. À ce moment-là, il était question d’une bombe de forte puissance placée dans une valise de type « Samsonite » qui en explosant aurait fait décoller une vitrine ou coffre métallique de plus 600 kilos dont les débris ont découpé les victimes en petits morceaux. Quand les gradés Pasdaran chargés de la sécurité de la ville ont écarté l’hypothèse de cette bombe, le mollah prêcheur a même parlé d’un coup monté par les Pasdaran pour cacher dissimuler leurs incompétences alors que la ville attend une visite officielle du Guide Suprême.

Ces reproches ont été classés au profit de la thèse officielle d’accident : l’explosion aurait été causée par le déclenchement accidentel d’un lance-grenade de la guerre Iran-Irak qui ornait la mosquée suite à une exposition consacrée à cette guerre. Cette nouvelle hypothèse un peu légère a été un peu chahutée par des miliciens bassidjis qui faisaient des exercices de défilé à proximité de cette mosquée pour se préparer aux cérémonies d’accueil du Guide Suprême qui doit arriver à Chiraz dans les prochains jours.

Le récit des Bassidjis | Arrivés sur place pour aider les victimes, ces bassidjis affirment avoir trouvé les restes du lance-grenade incriminé, mais selon eux, la charge initiale de ce lance-grenade n’était pas assez puissante pour faire un trou de 30 cm de profondeur au sol, être entendu à plusieurs kilomètres, fait décoller une grosse vitrine de 600 kilos en tuant 11 personnes et blessant près de 200 autres.

Ces miliciens affirment également que toutes les pièces de ce genre d’exposition sont des armes désactivées qui sont régulièrement vérifiées. Selon ces miliciens rattachés au Guide Suprême, le lance-grenade aurait été trafiqué ! Cette version qui disculpe à moitié le lance-grenade incriminé par les Pasdaran a été renforcée par l’ayatollah Haeri, le représentant du Guide Suprême dans cette province, qui affirme que l’exposition organisée dans cette mosquée ne comprenait aucune pièce contenant des explosifs !

Ces témoignages relancent l’hypothèse d’un attentat et le refus des Pasdaran à reconnaître cette hypothèse crée un malaise. Nous avions évoqué un attentat perpétué par le régime pour lancer des arrestations dans le milieu sunnite, mais il semblerait que cette explosion soit un faux prétexte pour des pseudo-épurations au sein des Pasdaran, de quoi pimenter la (fausse) théorie de la guerre des clans au sein du régime (ou encore au sein des Pasdaran qui encadrent également les Bassidjis).

Les incohérences | Pour notre part, l’ensemble de ces détails sont des pièces d’une mise en scène (photos et vidéo à l’appui). Les récits ne collent pas au site de l’explosion !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Les images du régime sont explicites : il ne s’agissait pas d’une mosquée ou encore d’un centre culturel d’une mosquée ou d’un lieu d’exposition fermé et vitré, mais d’un appentis adossé à un mur en parpaings sans murs extérieurs, fenêtres ou encore des vitrines d’expositions, tous les récits sont faux. La pièce où se serait déroulé ce drame est large d’environ 7 mètres et en supposant qu’une bombe ait explosé au fond de cette pièce, le nombre des blessés paraît très exagéré : d’ailleurs au début, le régime avait évoqué 66 blessés et le chiffre avait été multiplié par 3 une heure plus tard. Et bizarrement cette explosion qui a été entendue sur plusieurs kilomètres à la ronde n’a ni soufflé la structure de l’appentis et ni creusé un cratère !

La mise en scène ne s’arrête pas là : d’ores et déjà, un film de cette explosion circule même sur le net où l’on distinguerait un homme qui donne le signal (en levant le bras) à un camarade artificier. D’autres soi-disant opposants diffusent ces images en ajoutant des commentaires nécessaires pour comprendre la séquence : le leveur du bras serait un membre des Pasdaran !

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MPEG - 2.9 Mo

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Qui a enregistré ce film pour le diffuser ? En tous les cas pas ce soi-disant coupable et ses complices, les auteurs d’attentats sont souvent discrets !

Cette affaire est bien louche et elle n’a pas encore dit son dernier mot.

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| Mots Clefs | Terrorismes : Attentats en Iran |

| Mots Clefs | Institutions : Pasdaran, Gardiens de la Révolution |

| Mots Clefs | Institutions : Bassidjis |

| Mots Clefs | Institutions : Désinforamation et fausses rumeurs |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Khamenei |