Sous-entendus | En effet, ce rapport est totalement conforme au profil que nous lui avions assigné dans deux de nos précédentes analyses, d’un côté il réaffirme qu’il n’est « pas en position de déterminer la véritable nature du programme nucléaire iranien », et en même temps, malgré l’absence d’inspection des sites incriminés, il affirme que les mollahs ont mis en marche « une nouvelle génération de centrifugeuses très performantes ».

Ce dernier sous-entendu renforce le mystère du programme nucléaire des mollahs. Toute la politique nucléaire des mollahs est fondée sur une opacité ultra anxiogène qui doit, selon Téhéran, pousser l’occident à capituler pour éviter un conflit. Cette opacité a été savamment façonnée par Téhéran à coups de rumeurs nucléaires ou balistiques diffusées par le régime lui-même.

C’est le cas, avec cette nouvelle génération de centrifugeuses très performantes, la rumeur est apparue dans une dépêche de Reuters et par la suite le régime a affirmé qu’il avait fourni des documents à l’AIEA pour corroborer les allégations de la rumeur diffusée par l’agence Reuters. Le rapport attribue donc un certificat d’authenticité à une rumeur délibérément diffusée par les mollahs et utilisée dans leur politique d’amplification de la crise. Pas étonnant que le rapport ait plu à Téhéran.

Mis à part ce sous-entendu anxiogène et totalement invérifiable placé délibérément par El Baradei dans son rapport, l’auteur insiste sur l’absence de preuves de l’existence d’un programme nucléaire militaire. Les deux affirmations sont totalement contradictoires, mais encore une fois, elles sont totalement conformes aux déclarations iraniennes et à l’image ambiguë que les mollahs désirent communiquer de leur programme nucléaire aux médias (à la fois menaçante mais aussi jusqu’à preuve du contraire pacifique).

La complicité du texte d’El Baradei avec les attentes de Téhéran ne se résume pas à ces deux points médiatiques. El Baradei affirme qu’il n’est pas en mesure de déterminer la nature du programme, mais qu’il pourrait éventuellement faire des progrès dans ce domaine, s’il disposait de plus de moyens. Le texte encourage alors les mollahs à « mettre en œuvre le Protocole Additionnel ». Anticipant cette demande, Téhéran avait dès hier laissé entendre qu’il pourrait ratifier son adhésion au Protocole Additionnel à certaines conditions !

Comme un jeu de mécano où les pièces s’emboîtent, il y a une interaction entre les mollahs et le contenu du rapport d’El Baradei. Le 3 mars à Vienne, quand le Conseil des Gouverneurs devra débattre du rapport, il n’est pas invraisemblable de prédire qu’El Baradei plaidera en faveur de mesures de confiance pour accélérer cette ratification proposée par les mollahs. C’est une raison supplémentaire de la satisfaction affichée par les mollahs après la publication de ce rapport.

Certes les américains et leurs alliés occidentaux refuseront ce genre de marchandages, mais Téhéran peut compter sur l’appui de la Russie, de la Chine et de nombreux autres alliés au Conseil des Gouverneurs : il convient donc d’attendre le 3 mars avant de se prononcer sur l’évolution de cette affaire (éventuellement une rallonge accordée à El Baradei).

© WWW.IRAN-RESIST.ORG