Accueil > Articles > Iran : Une hyperinflation de la caste des gouvernants



Iran : Une hyperinflation de la caste des gouvernants
13.01.2008

L’Iran a passé 15 jours au frigo : importantes chutes de neige, tempêtes de neige sur les routes, une trentaine de SDF morts gelés dans des cartons ou tentes qui leur servent de domiciles, 150 enfants sans domicile fixe morts à Téhéran, des personnes âgées mortes chez elles, et il n’y a pas eu une seule image de ces horreurs. Dans une totale indifférence, c’est à ce moment précis que plus de 1000 gros bonnets du régime (et leurs familles) se sont retrouvés dans les quartiers chics de Téhéran sous une haute surveillance des miliciens pour faire la fête chez le très souriant Khatami qui mariait sa fille cadette !



La famille de Khatami (sa femme et sa fille aînée) vit à Rome comme la famille de Rasandjani vit à Londres. Les mollahs préfèrent avoir leur famille à l’abri d’une révolte populaire chez les meilleurs partenaires commerciaux de leur régime, mais pour les fêtes, c’est une autre affaire. Il s’agit d’étaler son fric et de montrer ses richesses.

De plus la fille cadette de Khatami se mariait avec le fils de Kharrazi, son ami de 30 ans. Kharrazi fut également le bras droit de Khatami quand ce souriant mollah était responsable de services de propagande de la guerre Iran-Irak. Khatami et Kharrazi fabriquaient alors des images pour donner l’envie de battre à des enfants de 12 ans afin que la guerre continue pour que Rafsandjani et ses potes ( [1], Jannati, Asgar-owladi, Rafiq-douste…) s’enrichissent avec des commissions d’achat d’armes. Pour ses bons et loyaux services à Rafsandjani qui est le patron occulte du régime, Khatami s’est retrouvé président de la république et Kharrazi a été pendant 8 ans son ministre des affaires étrangères.

L’alliance par mariage est l’une des spécialités du régime des mollahs qui a ainsi créé une caste qui gouverne en vase clos. Ce mariage comme les autres est une occasion pour affirmer la solidarité entre les gros bonnets du régime (composé de mille familles). Ceci rappelle la dynastie des Qajars qui avait reçu le sobriquet de « 1000 familles » (Hézar Famile) qui ont dilapidé toutes les richesses de l’Iran avec l’aide du clergé et des britanniques au XIXième siècle.

Cependant cette caste de « 1000 familles » s’étale dangereusement ; il y a une inflation du nombre de ses membres. Une grande partie des dépenses de l’Etat est consacrée aux subventions accordées par les différentes institutions ou mairies aux fils des dirigeants pour de vagues études réalisées sur des sujets culturels (car aucune connaissance technique n’est nécessaire).

Chaque enfant de la caste a droit à un salaire minimum de 4,000 dollars par mois, mais il est également permis de cumuler la présidence de plusieurs commissions d’études pour augmenter ses revenus à 20,000 ou 30,000 dollars par mois dans un pays où un fonctionnaire gagne 100 dollars par mois. De ce fait quand on parle de cérémonie de mariage entre les enfants du sommet de cette caste, les chiffres deviennent astronomiques.

Aujourd’hui l’inflation du nombre des membres de la caste est un véritable casse-tête pour le régime. Le pays n’étant pas extensible, cette inflation exige un nouveau partage des richesses, partage dont les victimes seront les petits commerçants (poussés à la ruine notamment à Ispahan) et les collaborateurs commerciaux du régime (marchands, propriétaires ou importateurs) qui n’ont aucune alliance par mariages avec la caste.

Avec les mollahs, l’Iran se rapproche chaque jour un peu plus de son ancienne condition sociale sous les Qajars : une caste régnante et une masse d’esclaves ; on est loin des acquis sociaux de l’Iran moderne comme l’assurance maladie et les pensions de retraite pour tous les travailleurs iraniens [2]

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Mollahs & co : Khatami |

| Mots Clefs | Institutions : Démocratie Islamique |

| Mots Clefs | Institutions : Les Racines de la Révolution Islamique |

[1Mohsen Rezaï : aujourd’hui journaliste ou encore économmiste (sic), pendant la guerre Iran-Irak, Mohsen Rezaï était le généralissime des Pasdarans : il a alors amassé des centaines de millions de $ et à l’époque il se faisait appelé Général-% (dar-sad-guir). Il possède aujourd’hui la 3e fortune de l’Iran qui s’élève à plus de 660 millions de $.

[2La première forme d’assurance sociale (Bimeh-ye ejtemāi) existant en Iran a été introduite en 1931 par le Ministère des Routes pour les ouvriers travaillant à son service sous la forme d’un fonds de compensation ; deux années plus tard, le même type de fond est introduit pour les ouvriers d’état des secteurs de l’industrie et des mines. Plusieurs fonds de compensation sont ensuite créés jusqu’à ce qu’une loi régulant la sécurité sociale des ouvriers soit votée en 1953 (Bimehā-ye ejtemāi-e kārgarān), par la suite étendue aux non-ouvriers en 1960, aux employés agricoles en 1963.

En 1975, une loi est votée pour l’unification des statuts de sécurité sociale pour tous les travailleurs. L’État a tout d’abord pris en compte l’assurance maladie et les pensions de retraite étaient d’abord réservées au secteur public, et la loi de 1975 a étendu la loi sur l’assurance sociale au secteur privé.