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Iran : Vers des billets (de banque) privés
31.12.2007

Alors que la situation économique iranienne se détériore chaque jour, le régime essaie en ce moment de faire porter à Ahmadinejad le chapeau de toutes les erreurs accumulées depuis 1979. L’explosion de l’inflation est devenue un enjeu électoral pour justifier le retour aux affaires des soi-disant réformateurs. Le régime des mollahs utilise cette soi-disant alternance politique pour ne pas tenir ses engagements en espérant faire durer les crise afin d’épuiser ses adversaires et d’obtenir une reconnaissance de son rôle au Moyen-Orient. Cependant cette détérioration économique durable pose aujourd’hui un problème inattendu au régime des mollahs.



Par chance, l’économiste Jean-Pierre Chevallier s’intéresse depuis quelques temps aux chiffres publiés par les organismes officiels du régime des mollahs. Selon lui, « il est difficile de trouver des chiffres donnant une image fidèle de la situation réelle en Iran car le régime des mollahs tente de la cacher. Les organismes officiels comme la banque centrale publient des données qui correspondent effectivement à la réalité, et d’autres qui sont le produit de la propagande officielle. Cependant, certains chiffres sont cohérents et fiables, ce qui permet de connaître la réalité. Ainsi par exemple, selon la Banque Centrale iranienne, la masse monétaire a augmenté de 24 % en 2003, de 30 % en 2004, de 34 % en 2005 » et de 40% en 2006 et en 2007.

Une autre irrégularité relevée par Jean-Pierre Chevallier concerne la dette iranienne. Fin 2006, les chiffres publiés officiellement faisaient apparaître une situation nette positive de 12 milliards de dollars : 36 milliards de dollars de réserves et 24 milliards de dollars de dette extérieure. Or, le 20 septembre 2006, le régime des mollahs avait dans un premier temps annoncé que les réserves de l’Iran étaient de 9,4 milliards de dollars, mais la banque centrale iranienne avait précisé par la suite que la dette extérieure de l’Iran se montait à la même date à 40,7 milliards de dollars.

Fin 2006, nous avions donc un cas classique : d’un côté des chiffres faux (+12 milliards $), chiffres destinés à la presse étrangère qui ne vérifie jamais ses sources, et de l’autre côté, la réalité avec une situation nette négative de moins $30 milliards de dollars.

Ce qu’a trouvé Chevallier pour l’année 2006 est une pratique courante au pays des mollahs : dans le même temps, dans le monde réel loin des faux communiqués du régime, les déficits se sont creusés et la masse monétaire a explosé. Au point qu’aujourd’hui le régime est contraint de reconnaître dans une certaine mesure ces réalités et de proposer une solution pour arrêter l’augmentation de la masse monétaire. Sur les deux points, le régime reste fidèle à ses habitudes : il minimise la portée de la dévaluation et il propose une solution hallucinante et autocentrée.

La monnaie iranienne d’aujourd’hui vaut 1/1000e de sa valeur sous le Chah, le régime estime qu’il est 315 fois moins fort. Au lieu d’imprimer de plus gros billets qui pourraient en moins de deux ans perdre de leur valeur, le régime prévoit d’instaurer un système intitulé « chèque-billet » qui serait une sorte de traveller’s chèque à l’usage national. Ainsi les banques émettront chacune leurs billets avec des montants nécessaires à leurs clients !

Et la majorité de la population se contentera des billets normaux et ce d’autant plus qu’en Iran seulement 6% de la population utilise les services bancaires. Afin que ces « chèque-billet » ne se substituent pas aux billets de banques et ne provoquent pas une plus forte inflation, le régime est en train de réfléchir à un système pour que les deux structures ne se mélangent pas.

Pour résumer, moins de 6% des iraniens liés au régime auront un structure « sans inflation » et des billets sur mesure pour leurs dépenses et les autres qui n’ont pas accès aux banques seront exclus d’office de cette nouvelle structure et doivent quand même continuer à subir les effets de l’inflation.

Avec la révolution islamique, les bazaris et les mollahs ont pris leur revanche sur la classe moyenne en rétablissant la féodalité et continuent de trouver de nouveaux moyens pour étendre leurs pouvoirs féodaux. Nous avions déjà depuis 1979 une économie parallèle pour les plus pauvres, il y a désormais une économie parallèle pour les très riches.

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Pour en savoir + sur les pratiques économiques des mollahs :
- Iran : La ruée vers l’or !
- (22 NOVEMBRE 2007)

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