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Iran : L’offre de Sarkozy n’est pas acceptable pour les mollahs
13.12.2007

Le président Nicolas Sarkozy propose aux Mollahs d’aller leur vendre du nucléaire civil en échange d’un droit de visite accordé à l’AIEA. Bienheureux celui qui croira à la réussite de cette entreprise à deux volets, qui n’a en fait qu’un seul volet, mais comporte trois défauts !



La seule force du régime des mollahs est dans l’opacité de ses intentions. Cette opacité est au centre des préoccupations du régime : son système politique est délibérément opaque et joue de cette opacité pour permettre au régime de remettre en cause ses propres engagements. Chaque engagement pris doit d’emblée être considéré comme une possible ruse du régime. Ce que propose Sarkozy est honnête mais il a en face de lui un régime fondé sur la malhonnêteté et l’opacité. Sarkozy n’obtiendra pas le droit de visite des installations nucléaires iraniennes et en plus il risque de se fourvoyer dans un engagement sans lendemain qui lui sera politiquement fatal.

Cette proposition n’a pas deux volets : un droit de visite et une collaboration nucléaire civile car une telle collaboration signifie que la France sera dans le secret des mollahs et saura à quel point leurs savants locaux sont loin de maîtriser le savoir faire nucléaire ! Téhéran a besoin d’un allié aussi opaque et fourbe que lui-même et non un Etat démocratique proche des Etats-Unis dont le président peut être critiqué par ses adversaires ou la presse. Ce que propose Sarkozy est bien, mais il conviendrait à un Iran dirigé par des patriotes démocrates qui souhaiteraient la stabilité régionale.

Or, Nicolas Sarkozy présente sa jolie offre à ceux dont l’objectif est de rester les arbitres du chaos au Moyen-Orient et ont également l’ambition d’étendre leur mauvaise influence :
- au Yémen pour prendre à revers les pétromonarchies arabes, mais aussi
- dans la Corne de l’Afrique et sans aucun doute,
- au Pakistan, pour prendre à revers toute l’Asie centrale.

Une entente avec les mollahs sera synonyme d’un renforcement du rôle régional de l’Iran. Le résultat immédiat de ce renforcement sera une islamisation anticipée des discours politiques dans les pays concernés : les dirigeants au pouvoir préféreront effectivement partager le pouvoir avec les islamistes radicaux proches de Téhéran plutôt que d’être renversé.

Un tel Etat a deux options : une entente avec les Etats-Unis pour un pacte de non-agression mutuelle ou une mega alliance militaro énergétique avec la Russie. La France n’est tout simplement pas géopolitiquement qualifiée pour le job.

En guise de justification de son offre, le président français a évoqué la menace de la future bombe nucléaire des mollahs pour Israël. Mais l’objectif des mollahs n’est ni d’avoir la bombe ni de détruire Israël, mais d’utiliser sa présence qui lui est utile pour tenir en haleine la rue arabe, son seul allié populaire. Par ailleurs, ce qui intéresse les mollahs est moins la bombe que la prolifération car la prolifération détruira la dissuasion à 5 et cet objectif, il le partage avec la Russie. C’est une autre raison qui rend la France non qualifiée pour prétendre à une alliance majeure avec les mollahs. De plus, en lisant les extraits des propos de Nicolas Sarkozy, on pourrait croire qu’il laisse un choix aux mollahs, la guerre ou le business. Souhaiterait-il faire la guerre à la place d’Israël alors que les dirigeants Israéliens évoquent souvent un possible raid, mais chacun sait qu’ils ne feront rien sans l’aval des Etats-Unis car le géant américain est dans une perspective d’entente avec les mollahs et ne tolérera aucune interférence dans ce projet.

Cette promesse de guerre ou business n’est donc pas réellement une bonne tactique. Ce choix de Sarkozy, qui résulte des mauvaises analyses de ses conseillers, risque de déplaire aussi bien à ses alliés américains (qui cherchent un monopole au Moyen-Orient) qu’à ses adversaires nationaux ou européens (qui lui reprochent son cavalier seul). C’est un choix d’autant plus risqué que ses chances de réussite sont nulles parce que les mollahs ne veulent ni renoncer à leur opacité calculée ni s’allier avec un sous-traitant des Etats-Unis.

De plus la France renoue avec un choix classique du Quai d’Orsay qui a échoué dans une situation similaire a la différence qu’à l’époque, le régime des mollahs avait un Président soi-disant modéré !

Sous Chirac, aucun analyste n’avait découvert la stratégie des mollahs, cette fois, il n’y a pas d’excuse pour que la France continue à jouer malgré elle l’alliée utile des mollahs pour retarder les sanctions, et rallonger des délais qui leur serviront à peaufiner les modalités d’une entente avec Bush ou plus probablement avec son successeur.

Si la France veut devenir un acteur majeur de cette région clef, elle doit rompre avec une politique d’entente conçue par la Russie ou les Etats-Unis au détriment des iraniens mais aussi des libanais. Le Président Sarkozy devrait plutôt contribuer à un changement de régime en Iran : le peuple iranien choisira alors son ami pour des décennies.

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| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |

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