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Annapolis et le paradoxe irano-syrien
26.11.2007

La Syrie a annoncé dimanche sa participation à la réunion internationale sur le Proche-Orient qui se tiendra mardi à Annapolis, après avoir obtenu vendredi des Etats-Unis qu’y soit abordé son conflit territorial avec Israël sur le plateau du Golan. Israël a immédiatement salué la décision de Damas, estimant que la présence syrienne pourrait permettre de débloquer les relations bilatérales. La Turquie a également réagi, se disant « très satisfaite » de la participation syrienne à Annapolis. Mais les mollahs n’ont pas commenté la nouvelle.



La Syrie dépêchera sur place une délégation officielle conduite par le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad, un ancien ambassadeur syrien aux Nations unies. Comme nous l’avons écrit, plus que le sujet officiel du rendez-vous, l’opération sera une occasion pour parler de l’Iran et du régime des mollahs, qui est perçu comme le principal obstacle à la paix en Palestine, au Liban et en Irak (et même en Asie Centrale).

Cette décision est un revers pour le régime des mollahs qui avait employé ses talents pour éloigner la Syrie de ce rendez-vous international qui a lieu sans sa présence entre les grandes puissances membres du Conseil de sécurité et tous les Etats arabes ou musulmans du Moyen-Orient. De plus, loin de son allié iranien, la Syrie se verra offrir des opportunités d’alliances avec d’autres régime que celui des mollahs.

Sans la Syrie, le régime des mollahs sera incapable d’approvisionner le Hezbollah en armes et cette milice qui assure les intérêts des mollahs dans la région perdra son influence et pourra être vaincue et contrôlée comme le veulent les américains. Cependant, toutes les pièces de puzzle sont liées comme les cartes qui composent un château de cartes.

La Syrie est un défi pour les Etats-Unis tant qu’elle reste le trait d’union entre les mollahs et le Hezbollah ; sans ce rôle sulfureux et son soutien à l’ingérence irakienne des mollahs, le régime d’Assad perdrait de sa capacité de nuisance et pourrait même être facilement inquiété par les Américains qui remplaceront Assad junior par un dirigeant syrien à leur botte qui ne s’opposera pas à leur projet régional de remodelage. Il n’a donc pas de raison plausible pour qu’Assad junior renonce au seul rôle qui lui assure la survie de son régime.

Une délégation syrienne sera présente à Annapolis, mais cette présence ne sera pas la preuve d’un changement d’alliance qui ferait de la Syrie un allié des Etats-Unis. La présence syrienne est une petite satisfaction personnelle pour Bush, mais rien de plus car sur place, la Syrie jouera sa propre survie et l’occasion est parfaite pour rencontrer tous les Etats de la région invités à Annapolis, états qui sont concernés comme elle par le projet du remodelage régional des américains.

Cette présence syrienne est un revers pour les mollahs qui ont échoué dans leurs efforts pour convaincre la Syrie de ne pas y aller. Cette présence est aussi une source de satisfaction pour les américains qui ont infligé ce revers aux mollahs à l’approche d’une possible rencontre diplomatique bilatérale à Bagdad. Mais cette présence est avant tout un point très positif pour le régime syrien qui sort de son isolement pour rencontrer d’autres arabes, inquiets par des bouleversements à venir, qui seront attentifs à son projet de statu quo.

Le Paradoxe | La Syrie pourrait sortir renforcée de cette aventure Annapolitaine et obtenir le statu quo qui bénéficiera même à l’axe irano-syrien. Nous devons ce dérèglement au projet américain du remodelage de la région.

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| Mots Clefs | Pays : Syrie |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Axe Iran-Syrie |

| Mots Clefs | Enjeux : Remodelage du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale |