Ces derniers jours, nous avons assisté à une manifestation de soi-disant étudiants réformateurs, mais cette manifestation n’a guère suscité de solidarité dans la société, il en avait été de même avec les soi-disant féministes qui se disent pacifistes et partisans des mollahs réformateurs.

Ce sont ces affiliations à des courants du régime qui ont surtout incité le peuple iranien y compris les plus jeunes à rester inactifs et se méfier de ces universitaires ou intellectuels. Une autre raison de cette méfiance est l’université elle-même. Les universités de la république islamique sont des endroits très encadrés et surtout très chers : l’accès n’est pas ouvert à tous et ce contrairement à l’époque des Pahlavi, quand les universités étaient gratuites et laïques et réunissaient les conditions nécessaires pour être des foyers de contestation politique.

Les iraniens sont devenus méfiants vis-à-vis des universités ou les intellectuels qui ont soutenu Khomeiny.

La première spécificité de l’appel de cette « Coalition des opposants de l’intérieur » est qu’elle s’adresse aux jeunes iraniens et non aux universités du régime où pullulent des miliciens déguisés en étudiants. Cette « Coalition » que nous ne connaissons pas entend mobiliser les jeunes les plus simples.

La stratégie choisie est judicieuce. Le foot est un loisir très populaire et bon marché en Iran et attire des jeunes de tous les milieux. Le stade Azadi peut contenir 100,000 personnes et les troisièmes mi-temps des matchs de foot sont généralement synonymes d’affrontements entre ces jeunes sans avenir et les bassidjis. La « Coalition » leur propose de canaliser leur colère contre un régime qui les prive de leur avenir.

C’est délibérément que la « Coalition » débute son appel à manifester par un rappel sans complaisance de tout ce que les iraniens reprochent au régime : à savoir qu’il est en train de brader les richesses du pays pour avoir l’appui des multinationales ou de Vladimir Poutine et qu’en même temps il amplifie délibérément la crise pour provoquer un conflit régional. La « Coalition des opposants de l’intérieur » invite les jeunes iraniens à réagir pour sauver leur pays.

Elle avance deux arguments qui risquent de rassurer les iraniens : elle se dit hostile à ces soi-disant étudiants liés à la milice Bassidj qui ont pris le pouvoir dans les universités et empêchent les vrais étudiants de laisser entendre leur voix, mais également elle affirme que tous les dirigeants du régime, Ahmadinejad, Khatami ou encore Rafsandjani sont blanc bonnet et bonnet blanc. C’est sans doute la première fois qu’un groupe d’opposants se place en dehors des mises en scène politiques inventées par le régime pour contrôler toute protestation.

Il est sans doute trop tôt pour se prononcer sur cette « Coalition » qui avance un programme minimum qui a peu de zones d’ombres. L’objectif de la manifestation de dimanche sera de montrer la capacité de mobilisation des iraniens et leur degré de motivation.

Cette manifestation se veut un avertissement à Vladimir Poutine qui doit arriver à Téhéran ce même jour. La « Coalition » demande aux jeunes iraniens d’avertir Poutine et les autres partenaires commerciaux des mollahs que le peuple ne reconnaîtra aucun contrat signé avec ce régime qui n’a pas à ses yeux une légitimité populaire.

Le régime a pris la menace très au sérieux et des consignes ont été données pour que les gestionnaires du Stade refusent de remplir les gradins. Mais qu’ils soient 100,000 ou bien moins nombreux, la « Coalition » entend mobiliser au-delà du stade et surtout entend tester la solidarité des faux opposants.

Demain, ils seront 100,000 aux abords du stade, ceux qui n’auront pas de ticket seront refoulés par les bassidjis et peut-être que la troisième mi-temps très musclée commencera avant même le début du match. Nous vous communiquerons les nouvelles de ce rassemblement au fur à mesure que nous les recevrons en espérant quelques images.

Si ce test est concluant, les iraniens auront montré leur capacité de mobilisation, ceci rassurera les autres qui ont peur que ces soulèvements ne soient récupérés par les quelques indépendantistes nourris-logés-blanchis par Washington. Qu’importe, les iraniens sont 70,000,000 et ils doivent avoir confiance en eux s’ils veulent bouger les choses.

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