En fait, si el baradei a fait cette déclaration au Spiegel c’est dans le but de dramatiser la situation afin de plaider pleinement la cause du dialogue. Dans le même entretien, il est allé au-delà des limites en affirmant que l’adoption de nouvelles sanctions serait une déclaration de guerre à l’Iran, donc au monde musulman. Pour bien enfoncer le clou, il a même laissé entendre que cette volonté de sanctionner était la preuve d’une volonté belliqueuse de Washington. En partant de l’idée qu’il ne fallait pas sanctionner l’insubordination des mollahs aux injonctions de l’ONU, il est arrivé à déplorer « les tambours de guerre (de ceux) qui disent qu’en fait, la solution c’est de bombarder l’Iran », dans une allusion à l’administration américaine.

Washington a réagi en rejetant les critiques alambiquées du directeur de l’AIEA. Tom Casey, un porte-parole du département d’Etat, a dit qu’il espérait que « ces commentaires ne faisaient pas référence aux Etats-Unis », parce que les Etats-Unis ont toujours apporté leur soutien aux différentes tentatives de l’AIEA pour donner une nouvelle chance aux mollahs. Ce n’est pas la première fois qu’El Baradei se hasarde en dehors de la limite de ses fonctions et qu’il politise le débat afin de le rendre polémique.

En 2005, il avait proposé que les Etats-Unis accordent des Garanties régionales de Sécurité aux mollahs et plus récemment, il avait proposé d’accorder à l’Iran, le droit à l’enrichissement, l’objet de toutes les inquiétudes de l’organisme dont il a la charge.

Craignant que ses propos ne nuisent à sa carrière, El Baradei a dû réajuster son discours, désormais en contradiction avec les propos tenus lors de son entretien avec le Spiegel. Il a ainsi oublié ses polémiques sur la guerre et l’opposition islam-occident pour se recentrer sur l’accord qu’il a conclu avec l’Iran.

Désormais, il se dit opposé aux nouvelles sanctions en l’honneur de la parole donnée pour la poursuite de la coopération avec l’Iran. Désormais, pour dédramatiser le buzz qu’il a lui-même créé, il insiste pour rassurer et minimiser la portée des activités nucléaires des mollahs : « L’AIEA n’a pas constaté par exemple d’installations, d’activités d’enrichissement non-déclarées ni de militarisation de leur programme, et elle n’a pas reçu d’informations à ce sujet (de la part d’agences de renseignement)… A juger sur les faits en notre possession, nous ne constatons pas de danger clair et imminent qui impliquerait qu’il faut aller au-delà de la diplomatie », a déclaré le El Baradei nouvelle version.

Mais voilà, il y a trois mois, il disait le contraire et affirmait qu’il était trop tard pour arrêter les progrès nucléaires des mollahs, et il le disait pour court-circuiter la dernière résolution.

Par définition | El Baradei doit se contenter de dire si les mollahs ont respecté ou pas le règlement du TNP et les exigences du Conseil de Sécurité. Il n’a pas à exprimer son avis personnel quant à la nature des activités nucléaires des mollahs. Au lieu de se contenter de cette tâche, El Baradei est prêt à dire n’importe quoi pourvu qu’une nouvelle résolution ne soit adoptée contre le régime des mollahs. Mais pourquoi ?

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