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Iran : Retour de Rafsandjani et des Autruches
06.09.2007

Les différentes officines d’études géopolitiques françaises (IFRI, IRIS, Quai d’Orsay) espéraient son élection à la présidence de la république islamique, ils ont donc salué son élection à la tête de l’Assemblée des Experts. Avant que les ténors de ces officines prennent leurs plumes pour défendre le « retour » de ce bon camarade, les petites plumes de la presse ont commencé à déblayer le terrain et poser des jalons pour expliquer qui est Rafsandjani et en quoi son retour est important.



Le monsieur était parti nulle part et il n’y a guère de « retour », en revanche ces articles se ressemblent tous parce qu’ils ont été copiés sur une dépêche de l’AFP rédigée par un certain Farhad Pouladi que nous connaissons bien sur ce site, Pouladi appartient à la catégorie Delphine Minoui.

Farhad Pouladi est l’un de ceux qui sont chargés de faire croire que l’Iran est un pays comme les autres et le régime des mollahs un système politique comparable à une république normale (avec une gauche, un centre, et plusieurs droites).

Dans les dépêches de Pouladi vous ne trouverez aucune trace des exactions du personnel barbu du régime, rien sur son passé, et évidemment aucun rappel de ses propos : cette amnésie permet à Pouladi de prétendre qu’un Rafsandjani est un modéré quand bien même il a été le premier responsable du régime à évoquer que vue sa petite superficie on pouvait raser Israël avec une seule bombe nucléaire ou que les occidentaux devaient négocier avec l’Iran sur la sécurité du Moyen-Orient. L’amnésie volontaire dont fait preuve Pouladi est évidemment un choix.

C’est volontairement que Pouladi et des journalistes comme Marie-Claude Descamps (du Monde) ou Delphine Minoui et Pierre Rousselin (du Figaro) ne parlent pas du vrai Rafsandjani, de son appel à la destruction d’Israël par une seule bombe nucléaire, de son affirmation récente sur le droit à l’enrichissement ou encore son insistance à faire du régime des mollahs l’arbitre de tous les conflits régionaux. D’ailleurs, cette dernière revendication est exactement celle de l’organe de presse des Pasdaran.

Le silence des médias français sur la vraie nature du retour de Rafsandjani tient à deux éléments : Une méconnaissance de l’Iran et du régime des mollahs due à des personnages comme Pouladi ou Minoui, chargés de reformater les informations, mais aussi la volonté du Quai d’Orsay de ne pas offenser l’homme fort du régime des mollahs. Selon la méthode Coué, chacun fait alors semblant de croire que Rafsandjani est un interlocuteur modéré en insérant dans de pauvres articles qui ne seront guère lus à Téhéran, « tout ce que l’Iran gagnerait à se montrer coopératif » (le « modèle chinois »). [1] On croit entendre le discours aux ambassadeurs de Nicolas Sarkozy. Sans doute le cas le plus dramatique est celui de Pierre Rousselin qui profite de la situation pour se gargariser avec les mots du Président et se placer par rapport à l’Elysée…

Mais il y a un enormissime problème : l’objectif de Rafsandjani n’est pas le « modèle chinois » ou les offres commerciales de l’Elysée ; son objectif est d’assurer la survie du régime. La survie de ce régime est garantie par sa capacité à contrôler le chaos Libanais (et à présent grâce aux Américains, le chaos Irakien ou Afghan). L’objectif d’assurer la survie du régime équivaut à obtenir des Américains une reconnaissance de ce rôle régional et un maintien en état du Hezbollah, c’est-à-dire comme une milice armée, financée par Téhéran, dotée de sa propre télévision et de ses propres services de renseignements.

Le régime des mollahs tient tête aux Etats-Unis et pas à l’Europe. Cette dernière croit pouvoir jouer un rôle d’intermédiaire, mais elle oublie qu’elle a déjà été utilisée par Khatami qui avait l’étiquette du plus modéré des mollahs. En réalité, le retour de Rafsandjani signale le retour d’une littérature complaisante et de la méthode coué qui présagent un retour de la politique d’autruche qui fut celle de la France du temps de Khatami.

Comme nous l’avions signalé, à l’approche des sanctions, les mollahs insufflent des signes de modération dans l’arène politique iranienne. La France fait semblant d’y croire et les encourage même.

Le détail « mortel » de la politique d’autruche | La Revue de presse d’articles saluant le retour de Rafsandjani est uniforme : il n’y a pas de différences entre les articles de Minoui et Rousselin (Figaro) et celui Decamps (Monde). On y parle de l’opposition entre Khamenei (officiellement pro-Ahmadinejad) et Rafsandjani (officiellement conservateur-modéré et pragmatique), mais ces journalistes laissent entendre que « ce n’est pas encore gagné pour les modérés ».

Alors que dans les faits un soi-disant modéré est devenu le superviseur du chef des ultra-conservateurs : d’un point de vue légal le débat de la division interne du régime est donc déjà clos.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur ce Retour de Rafsandjani :
- Iran : Décodages des nouveaux pouvoirs de Rafsandjani
- (5 septembre 2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |

| Mots Clefs | Resistance : Le Lobby Rafsandjani en France |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

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Anecdote | Dans son article, Marie-Claude Decamps a fait appel à un analyste anonyme. Cet anonymat est le résultat de nos efforts pour vous faire connaître les experts consultés [2] par Minoui et consoeurs. Quant à Minoui, elle a consulté un certain Michel Podocki qualifié de juriste spécialiste de l’Iran : cet homme n’a jamais rien écrit sur aucun sujet et il n’existe aucun article de ce spécialiste dans aucun domaine. D’ailleurs Minoui lui fait dire quelque banalité du genre : il a fait ça pour consolider son pouvoir. Podocki qui est tu ? un ex de Minoui ?

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[1Tout ce que l’Iran gagnerait à se montrer coopératif… | C’est le « modèle chinois » qui signifie : faisons du business sans parler des droits de l’homme. Mais les mollahs y ont déjà droit…|