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Iran : Nous avons tué un homme à coups de pierres
11.07.2007

Un Iranien condamné pour adultère a été exécuté par lapidation le jeudi 5 juillet dans le nord-ouest de l’Iran, a annoncé mardi 10 juillet le porte-parole du pouvoir judiciaire Alireza Jamshidi. Les préparatifs nécessaires à l’exécution de la sentence avaient été mis en oeuvre dès le 20 juin.



L’homme exécuté s’appelait Jafar Kiani, il avait été condamné pour relation en dehors du mariage avec une femme nommé Mokarrameh Ebrahimi. Tous deux mariés, ils avaient quitté leurs familles pour vivre ensemble il y a treize ans, avant d’être arrêtés il y a onze ans. Ils ont alors été séparés de l’enfant qui venait naître de leur union amoureuse et aucun n’a pu élever cet enfant qui a aujourd’hui 11 ans. La mère est en prison et depuis 11 ans, elle attend dans le couloir de la mort, l’instant où elle périra fracassée par les pierres.

Le verdict a été appliqué dans le village Aghche Kand, situé à environ 200 Km à l’ouest de Téhéran. Le porte-parole du pouvoir judiciaire a expliqué que le jugement avait été appliqué car il était définitif suite à un avis positif de la Cour suprême. Par la suite, le régime a changé sa version en affirmant qu’il s’agissait d’un lynchage populaire alors que le condamné était en prison et non en liberté.

Selon la presse occidentale, c’est la première exécution de ce type depuis celle appliquée et reconnue officiellement par les autorités en juillet 2001. En juillet 2001, Maryam Ayoubi a été lapidée à mort dans la prison d’Evin pour adultère et meurtre, c’était sous la présidence du très modéré Khatami (d’autres sources font état de 2 personnes, un homme et une femme, lapidées en 2002, toujours sous Khatami).

Aucune protestation n’a été enregistrée à ces dates de la part de Shirin Ebadi, Marjane Satrapi ou Fariba Adelkhah et pourtant en 2005, le Monde 2 a demandé à Satrapi qu’elle se disait alors opposante au régime (page 26) et à la « politologue » Adelkhah de parler de « leur Iran ». Les deux femmes parlent d’un Iran fantasmé de Shirin Ebadi et pas un seul mot sur les lapidations ou cette pédophilie autorisée qui ne suscite aucune indignation auprès des « people » français.

Sous la présidence du modéré Khatami, ami de Shirin Ebadi et idole de Fariba Adelkhah, 27 personnes dont 18 femmes ont été condamnées à périr sous les pierres ! Sept lapidations ont eu lieu dans sa première et deuxième années de présidence. Le 26 octobre 1997, l’Associated Press rapportait la lapidation à mort de six personnes, à Sari, capitale de la province du Mazandaran [1]. La lapidation de six personnes en un jour !

Combien de femmes et d’hommes sont morts ainsi depuis 1979 : personne ne le sait. En juillet 1980, le quotidien Keyhan a mentionné le cas de « quatre femmes lapidées à mort dans la ville de Karadj » et d’autres cas répertoriés dans la presse iranienne prouvent qu’au moins 69 personnes, dont plus de 50 femmes, ont été lapidées entre 1980 et 2002. Quoi, vous ne le saviez pas ? Ce n’est pas écrit dans Persépolis ? Son auteur n’a pas saisi la première occasion pour vous en parler ? Nous avons créé ce site pour qu’il n’y ait plus d’excuses de ce genre.

Le Code pénal iranien prévoit la peine de mort par lapidation pour les crimes contre la volonté de Dieu dont font partie l’adultère et la prostitution. Ceci est publié depuis des années par notre site et d’autres qui ont commencé : le code précise quel type de pierres il faut utiliser. L’article 104 explique en effet :

« Les pierres utilisées pour infliger la mort par lapidation ne devront pas être grosses au point que le condamné meure après en avoir reçu une ou deux ; elles ne devront pas non plus être si petites qu’on ne puisse leur donner le nom de pierre. » Il en ressort clairement que le but de l’exécution par lapidation est d’infliger à la victime une douleur atroce avant sa mort...

C’est nous qui avons affligé cette douleur à cet homme car nous n’avons pas su vous mobiliser, nous n’avons pas su vous dire que le régime que certains ne veulent pas diaboliser est si cruel.

Mais il faut reconnaître que vous n’avez pas écouté, submergés par d’autres infos sur l’Iran. Il faut reconnaître que certaines rédactions nous ont ri au nez, d’autres ont claqué la porte et nous ont dit de les recontacter à la rentrée. Car on a beaucoup parlé d’IRAN ces jours-ci, mais pour ne rien dire, pour lire un dossier de presse d’un film qui ne parle pas de l’Iran réel mais d’un pays où il ne faut pas brusquer la lente évolution vers le mieux.
- (Le Monde 2 - n°70 - page 30 - image ci-dessous)

On a beaucoup parlé sur France Inter et si les journalistes du Masque et la Plume avaient au moins évoqué la lapidation, ce qui se passe en Iran, on aurait peut-être sauvé cet homme, on aurait commencé déjà à former une association pour dénoncer la pédophilie autorisée. Nous n’avons pas cessé de l’évoquer.

Nous avons parlé du contenu de Persépolis (Film et BD), car il ne parle pas de la lapidation, on nous dit que Satrapi est une fille privilégiée qui a livré sa vision de sa classe. Nous avons alors mené une enquête sur son identité et su qu’elle n’était pas issue d’une classe privilégiée qui l’aurait empêchée d’avoir une vie semblable à nous « les communs »… Alors on nous ne parle plus que de l’esthétique du film, cette esthétique pour faire oublier la réalité.

Réveillez-vous, nous avons tué un homme à coups de pierre et une lapidation ressemble à ça [2]..

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Windows Media Video - 3.4 Mo

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Pour en savoir + sur le sujet :
- Iran : Les droits des femmes et la lapidation sous Khatami
- (12 juillet 2007)

Pour en savoir + sur Fariba Adlekhah, l’autre briseuse de clichés :
- Bonnet d’âne : Fariba Adelkhah ou le Fascisme en jupon
- (23 avril 2006)

| Mots Clefs | Fléaux : Amputations, Lapidation, etc. |

| Mots Clefs | Violence : Actes de barbarie |

| Mots Clefs | Violence : Violations des Droits de l’Homme |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Marjane Satrapi, auteur de Persépolis |

[1Lapidation sous khatami | source : Commission des droits de l’homme de l’ONU
- Rapport E/CN.4/1998/NGO/101 du 1 avril 1998 |

[2Cette vidéo | Dua Khalil Aswad a été lapidée en public le 7 avril 2007 dans la ville de Bashika, dans le nord de l’Irak, par un groupe d’hommes, dont certains auraient été des membres de sa famille, parce qu’elle avait noué une relation avec un garçon musulman sunnite et s’était, semble-t-il, convertie à l’islam. |