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Iran : Persépolis face aux journalistes français
25.06.2007

Nous reprochions aux journalistes français de poser toujours les mêmes questions à Marjane Satrapi et d’enregistrer ses réponses sans avoir écouté les énormités qu’elle raconte, Metropolis nous a prouvé qu’on pouvait même faire l’économie de toute question embarrassante afin de ne pas à se justifier d’avoir omis d’analyser des propos bien peu compatibles avec les principes laïques communément admis en France.



Ainsi la rédaction de Metropolis a tourné un sujet de 10 minutes où aucune question-polémique n’a été posée à Satrapi.

Dommage car cette semaine l’actualité nous a fait retourner en 1989 au moment où Khomeiny lança une Fatwa pour ordonner le meurtre de Rushdie. Rushdie est un os pour les faux dissidents iraniens : aucun ne parle de lui, ne serait-ce que par solidarité avec un autre humain taxé d’islamophobie. D’ailleurs la BD Persépolis a également oublié d’évoquer le cas Rushdie et cette Fatwa.

Cette BD qui dresse un inventaire des évènements marquants de la révolution islamique a la caractéristique d’avoir oublié des faits qui sont par le plus grands des hasards fort préjudiciables pour la république islamique d’Iran. Ainsi on n’y trouve aucune référence à la lapidation, à l’amputation d’une main, puis d’une jambe et ensuite de l’autre main pour les voleurs multirécidivistes, aucune référence à l’énucléation, aucune référence à ceux que l’on fouette et qui meurent par hémorragie interne.

La BD inventaire a également oublié dans son inventaire de dire que les fillettes sont considérées comme des femmes dès l’âge de 9 ans, et qu’elles peuvent avoir leurs premières règles alors qu’elles sont déjà mariées depuis quelques années. Cet inventaire bien incomplet a également oublié de préciser que le viol n’est pas reconnu comme un délit en Iran. La personne violée est considérée comme une coucheuse peu vertueuse et risque la lapidation ou une peine de substitution comme la pendaison… pas étonnant que les filles hésitent à porter plainte.

Metropolis et ses questions fuyantes sont un exemple de l’approche adoptée par la presse virtuelle, écrite ou télévisuelle pour parler de cet inventaire délibérément amnésique. L’inventaire des questions par les journalistes qui s’adressent à Marjane Satrapi pour des sujets hors Film se réduit encore plus.

Et toujours cette même occultation de la réelle condition féminine. Ainsi « Fiftiz.fr » demande à Satrapi : Quelle est la situation des femmes en Iran ? Elle répond : Dans l’enseignement supérieur, 60 % des étudiants sont des femmes, y compris dans les filières scientifiques et techniques. Ce chiffre à lui seul annonce un profond changement dans la société iranienne. Je pense que les mentalités évoluent.

C’est la réponse officielle des responsables du régime quand ils veulent éviter de parler du code civil iranien. Ce code civil est publié sur Internet par différents organismes dont des sites juridiques qui comparent des textes de lois de différents pays du monde. Il est de ce fait inadmissible que les journalistes prétendent ignorer quelle est la condition des femmes en Iran. On ne peut se prétendre journaliste tout en faisant abstraction du fait qu’à 9 ans une fillette iranienne devient une femme pénalement responsable devant la loi, c’est-à-dire qu’en cas de viol, la loi la juge responsable d’avoir sexuellement stimulé son violeur.

Notre démarche n’est pas de mettre en avant les cas de violations de droits de l’homme dans les prisons des mollahs mais de parler de ce qu’endurent les Iraniennes à cause de la loi islamique en vigueur en Iran. Il est évident que ceux qui ont collaboré à ce film ou l’ont promu n’ont pas détecté l’aspect sélectif de cet inventaire amnésique qui oublie ce que le régime a de plus ignoble.

Cette réflexion nous conduit à nous adresser très directement à Danielle Darrieux, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Simon Abkarian, Vincent Paronnaud, mais aussi les partenaires officiels du film et les journalistes qui en parlent.

Jugez-vous utile de promouvoir une artiste qui évite de parler de la condition nauséabonde des femmes sous le régime des mollahs ?

Jugez-vous utile de promouvoir une artiste qui utilise les micros qu’on lui tend pour effacer les réalités sordides des femmes en Iran ?

Jugez-vous utile de promouvoir encore et encore une artiste qui n’a pas condamné le meurtre de Van Gogh, la fatwa contre Rushdie, qui a publiquement refusé toute solidarité avec les auteurs des caricatures danoises et n’a pas jugé nécessaire de condamner publiquement le concours de caricatures anti-holocauste ?

Jugez-vous utile de promouvoir une artiste qui n’a strictement rien à dire en dehors du discours formaté du dossier de presse de son film ? Jugez-vous utile d’être complice d’une omerta sur la condition des femmes en Iran ?

Nous enverrons cet article par e-mail aux différentes personnes pointées du doigt dont les journalistes de France Inter, partenaire officiel de « Persépolis ». Nous aurons nos réponses dans les jours qui suivent.

Nous avons lu les 4 tomes de Persépolis et posé des post-it sur tous les sujets qui font grincer les dents des Iraniens. Ces sujets sont loin de passionner les Français. Nous traiterons sans doute quelques cases après avoir vu le film. Mais le phénomène Satrapi ne se résume pas à un inventaire sélectif et biaisé de l’histoire de l’Iran et des réalités du régime des mollahs.

Le phénomène Satrapi est la naissance d’une Star qui doit parcourir les plateaux télé pour parler de l’Iran actuel afin d’affirmer qu’il y a beaucoup de clichés sur l’Iran et qu’il s’agit d’un pays comme un autre.

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Pour en savoir + sur le sujet :
- Iran : La Femme dans la Constitution du régime des mollahs
- (10 Mai 2007)

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