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Iran-Irak : Téhéran redistribue les cartes et relance ses adversaires
20.06.2007

Pendant que les combats font rage dans la Région d’Amara entre Britanniques et les hommes de Moqtada Sadr, selon la presse arabe, ce dernier aurait révélé aux forces américaines que le régime des mollahs faisait transiter des hommes, des armes, des véhicules et des munitions depuis l’Iran par le « couloir » de Moujar-el-Kebir dans la région d’Amara.



Les plus optimistes prétendent que Moqtada Sadr « prend ses distances » avec la République islamique, en cherchant à dissiper sa réputation de « l’homme de l’Iran » et en renforçant ses liens avec les chefs de tribus sunnites.

Il faut vraiment être naïf pour croire qu’il s’agit d’un tournant. Sans le régime des mollahs, Sadr n’est pratiquement rien et peut être supprimé par les Américains afin d’être remplacé par un mollah chiite moins incontrôlable ou pas téléguidé par Téhéran. Sadr est d’ailleurs apparu quand les agents à la solde de Téhéran ont éliminé Abdel Majid Al-Khoï, un jeune mollah charismatique et modéré qui venait directement de Londres.

Nous avions déjà évoqué cette nouvelle ruse de Téhéran qui a demandé à Sadr de prendre ses distances et même de critiquer l’Ingérence iranienne en Irak. C’est d’ailleurs ce qu’il fait de plus en plus fortement (& avec moins de maladresse) et ce qui trompe certains observateurs.

En Iran, au plus fort de l’influence Britannique, aux XIXe et XXe siècles, ce sont les politiciens de 1er plan réputés « hommes de l’Angleterre » qui critiquaient avec le plus de virulence cette influence Britannique. Mais chacun d’eux agissait avec un certain extrémisme qui in fine conduisait l’Iran dans une situation de crise où le pays n’avait le choix que de revenir à une position raisonnable qui était également celle des Britanniques.

Aujourd’hui si Sadr voulait jouer ce rôle, il lui faudrait d’abord devenir un homme du pouvoir et cesser d’être un contre-pouvoir. Pour parvenir à cette position avec un rôle national, il doit montrer patte blanche et le régime des mollahs est prêt à miser gros pour faire de Sadr, un homme d’Etat irakien.

Ainsi Aws al-Khafaji, l’un des 1er assistants de Sadr, a ouvertement accusé le régime des mollahs de liens militaires avec Al Qaeda Irak. C’est un secret de polichinelle. Il n’y a que les mauvais commentateurs français liés à Téhéran qui affirment ignorer l’existence de liens entre les mollahs et Al Qaeda. D’ailleurs, les mollahs ne prennent aucun risque en autorisant Sadr à faire de telles révélations.

Les Américains refusent tout simplement de prendre en compte ce genre d’information car leur objectif n’est pas de détruire le régime des mollahs mais d’utiliser ses réseaux et connexions régionaux avec des groupes islamistes armés. Ce genre de révélation (lien entre Téhéran et Al Qaeda) a uniquement le don d’embarrasser les Américains.

L’homme de Sadr a également révélé que les services de renseignement des Pasdaran étaient impliqués dans des actes de sabotage dans le Sud Irakien (là où se déroulent actuellement les combats). Le Sadriste a accusé l’Iran d’avoir établi un QG secret dirigé par un iranien du nom de Mohammed Taghawi qui est chargé de planifier et de faire exécuter les attaques armées dans les provinces du Sud du pays.

En communiquant des informations sans intérêts ou embarrassantes, Sadr ne prend aucun risque de gêner l’action des nouvelles milices à la solde des mollahs et en même temps, il se place pour briguer un rôle national. Son rôle d’agitateur est transféré par les mollahs à des nouvelles milices comme « l’armée islamique », qui reprennent le flambeau du refus systématique de toute négociation avec les Américains. Téhéran redistribue les cartes et relance ses adversaires.

Ainsi il discrédite certains politiciens irakiens qui avaient déclaré être parvenus à un accord avec des groupes insurgés souhaitant intégrer le processus politique. Téhéran a introduit de nouveaux joueurs qui veulent continuer le combat jusqu’à la victoire finale. Voilà ce que veut dire : Téhéran redistribue les cartes et relance ses adversaires.

Sadr a changé de partition, il révèle des informations sur des éléments qui sans doute avaient dépassé la date de péremption. Malgré sa maîtrise de la situation, ceci pourtant n’est pas bon signe pour le régime des mollahs : il tente de renoncer à une certaine ingérence pour ne pas perdre un pion comme Sadr. Mais également, il doit improviser pour garder son avantage, ses services de renseignement sont hautement sollicités et ils peuvent faire des erreurs.

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