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Iran : Analyse d’un article du Figaro sur le rationnement de l’essence
07.06.2007

- Le Figaro | Essence rationnée, raffineries vétustes : l’Iran gaspille son or noir
- par DELPHINE MINOUI



C’est l’un des nombreux paradoxes de la République islamique d’Iran. Quatrième producteur mondial de pétrole, elle importe près de la moitié des 80 millions de litres d’essence consommés chaque jour. Un produit largement subventionné qui lui coûte plus de 10 milliards d’euros par an.

Pour réduire l’ardoise, le gouvernement d’Ahmadinejad vient d’augmenter de 25 % le prix du litre d’essence, à 8 centimes d’euros. Il s’apprête également à lancer un système de rationnement, en dotant tous les automobilistes d’une carte à puce. « Erreur ! », s’insurgent les économistes, qui s’arrachent les cheveux depuis deux ans en dénonçant les politiques de gestion erronées de leur président islamo-populiste.

Notes IRAN-RESIST | En ce qui concerne les hausses des prix du pétrole, nous nous souvenons que la même Minoui avait écrit un article sur le sujet en décembre 2006, mais à l’époque elle n’était pas au courant du problème lié à l’importation de l’essence. En réalité, le problème est autre et il s’agit d’un article en langage codé avec des arrière-pensées politiques bien précises. | Décodages

Topo | Nous avons encore droit à un article de Delphine Minoui qui entend faire croire que le président de la république est doté d’un quelconque pouvoir de décision dans le régime des mollahs. Il n’en est rien : Ahmadinejad n’aurait jamais pu appliquer un choix économique si son projet n’avait pas été approuvé par le Conseil de Discernement, ou plus exactement par son président à vie : Rafsandjani.

Objectifs | Les articles de Delphine Minoui sont en fait dépourvus de base journalistique. Elle écrit juste ce que lui demande le régime des mollahs et actuellement le régime veut prétendre qu’il y a une alternative à l’impasse nucléaire et cette alternative serait entre les mains des soi-disant modérés ou des soi-disant pragmatiques.

Et si on se réfère aux précédents articles de la même journaliste et de son confrère Adrien Jaulmes, celui qui est le plus qualifié dans ce rôle de « pragmatique-modéré » ne serait que Rafsandjani. En Iran, tout commence et tout fini par ce nom : Rafsandjani, il est le Big Boss du régime [1].

Pour eux, ce cocktail risque de provoquer une augmentation du taux d’inflation, déjà pris dans une spirale incontrôlable. La seule solution, disent-ils, c’est de s’attaquer à la source du problème. À commencer par les faibles capacités de raffinage et les infrastructures pétrolières vétustes de l’Iran. « Avant, il était dans l’intérêt du pays d’exporter son pétrole brut et d’importer son essence », constate Morteza Behrouzifar, spécialiste en hydrocarbures. « Mais les importations d’essence ont fortement augmenté. L’Iran subit aujourd’hui plus qu’elle ne profite de la hausse des cours mondiaux du pétrole. » D’où le besoin d’améliorer la production en développant la technologie et en se dotant d’équipements de qualité, quitte à demander l’aide de compagnies étrangères.

Les experts consultés | Le premier, Behrouzifar, n’est pas un expert indépendant, mais est un employé d’une organisation dépendante de la compagnie nationale du pétrole iranien. Cette organisation crée en 1991 par Rafsandjani, « I.I.E.S. », est officiellement chargée des recherches, de l’optimisation des marchés, de la révision de la stratégie iranienne dans l’OPEP, de l’évaluation des marchés et des compagnies étrangères ou encore de l’étude des alignements des choix politiques et énergétiques régionaux et internationaux… Cet « expert » est donc très mal placé pour critiquer la gestion du pétrole en Iran.

Leylaz, le second expert, est un ex-milicien qui a été un temps le n°2 du ministère des renseignements, fonction dont la principale mission est l’élimination des opposants politiques.

Topo | Le point important des articles biaisés de Minoui est le déni des vérités historiques : si l’Iran n’a plus de capacité de raffinage, c’est entièrement la faute du régime des mollahs.

Avant la révolution islamique, le pays était doté d’une des plus grandes raffineries du monde au sein du plus grand complexe pétrolier du monde dans la petite ville d’Abadan. La ville fut détruite pendant une guerre que Khomeiny et ses complices avaient qualifiée de bénédiction pour le peuple iranien. Khatami était alors le ministre pour la propagande de la guerre.

Depuis le début de la révolution, les mollahs ont gagné des revenus 80 fois supérieurs à ceux que l’Iran a gagné de 1910 à 1979. Tout cet argent a été détourné ou consacré au terrorisme et comme le dit Minoui, les installations sont vétustes et le niveau de raffinage ridicule, mais réparons l’oubli habituel de Delphine Minoui et ses amis envoyés spéciaux en Iran : 85% de la population vit également en dessous du seuil de la pauvreté.

Décodages | « Avant, il était dans l’intérêt du pays d’exporter son pétrole brut et d’importer son essence », constate ce Behrouzifar.

Comme nous l’avons montré ci haut, « cet avant » dont parle ce « spécialiste » ne parle pas de l’époque du chah mais de l’époque de Khatami, qui a commencé à vendre le pétrole iranien selon le procédé Buy Back, c’est-à-dire en prévente. C’est à cette époque que les revenus pétroliers iraniens ont commencé à péricliter. Grâce à ce procédé, l’acheteur arrivait à casser les prix du marché et acheter le baril à environ 8 à 12 dollars au lieu de 25 à 70 dollars selon les époques.

Le Buy-Back a été proposé aux acheteurs étrangers en échange de la bienveillance diplomatique du pays d’origine de la compagnie contractant le Buy-Back en Iran. Aujourd’hui que le régime des mollahs est harcelé par les sanctions, il a décidé de passer à la vitesse supérieure et tout simplement de contourner la nationalisation du pétrole en privatisant cette richesse nationale pour laquelle l’Iran a souffert durant ces 90 dernières années.

Objectif occulte | Et pour faire passer la pilule, le régime des mollahs a fait appel à cette journaliste sans scrupule pour vulgariser ce projet criminel qui peut définitivement ruiner les chances de l’Iran pour de futures reconstructions de ses potentiels industriels perdus à cause de cette révolution. C’est ainsi que le régime des mollahs évoque depuis l’été dernier ce projet de confier tout le secteur pétrolier à des compagnies étrangères.

Ce projet a été diffusé pour la première fois à l’attention de la presse étrangère par un traître du nom de Parviz Mina dans une revue du nom de Journal d’Iran, façade politiquement correcte des lobbyistes du régime des mollahs en France.

Dans son numéro de septembre 2006, le Journal d’Iran encourageait les investisseurs français à s’intéresser à l’Iran et le premier article expliquait la nécessité de privatiser le secteur pétrolier iranien et ce évidemment dans l’intérêt du peuple iranien.

Et c’est encore le Figaro qui est utilisé par les mollahs pour diffuser la nouvelle. Dans la dernière partie de son article, Minoui revient sur un autre centre d’intérêt des mollahs et plus particulièrement Rafsandjani. Elle y a déjà consacré un long article en août 2004 pour l’Expansion.

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Un parc automobile obsolète

Mais à l’heure où Téhéran risque de subir un troisième volet de sanctions internationales, à cause de son programme nucléaire, les entreprises et les investisseurs ne se pressent pas aux portes du pays. Les compagnies actuellement présentes (Total, Shell, etc.) poursuivent leurs activités. Mais les nouveaux projets sont gelés. Pire, les sanctions rendent désormais difficile l’importation d’un joint de pompe, par crainte qu’il ne soit utilisé dans une installation nucléaire...

Autre absurdité à combattre, selon Morteza Behrouzifar, le gaspillage incontrôlé de l’essence, en partie lié à un parc automobile largement obsolète. « Près d’un million de nouvelles voitures est vendu chaque année. Mais à l’inverse des pays occidentaux, les vieux véhicules ne vont pas à la casse. Ils continuent d’être revendus au noir et à consommer de grandes quantités de carburant », remarque le spécialiste. Le site Internet du ministère iranien du Pétrole l’annonce d’ailleurs ouvertement : « Les voitures iraniennes consomment 20 litres aux cent contre une moyenne mondiale de 6 litres », peut-on y lire noir sur blanc.

Mais pour l’heure, aucune mesure n’a été sérieusement engagée pour lutter contre ce fléau, également à l’origine d’un taux de pollution très élevé. « Il faudrait développer les transports en commun, imposer des contrôles techniques aux voitures », note Morteza Behrouzifar. Un constat partagé par l’économiste Saeed Leylaz. « D’après moi, dit-il, nous sommes plus victimes de la mauvaise gestion étatique de notre économie et de notre pétrole que des sanctions économiques. »

Topo | Les vieux véhicules dont parlent l’expert en tout sont les produits de l’industrie automobile iranienne qui a été démantelée pour faire place nette et confier le marché à Peugeot et par la suite à Renault en échange d’une seconde protection de l’Etat Français. D’ailleurs Renault est diffusé également en Iran par notre pragmatique n°1, Rafsandjani, celui qui a le don du discernement.

Décodages | le régime des mollahs laisse entendre qu’il peut augmenter le marché des transports en commun. L’Iran achète ses bus à Renault également. Pour mieux consommer et des voitures plus propres, ce sera encore Renault.

Et pour finir Minoui fait appel à deux experts douteux pour un seul avis : tout est de la faute à la mauvaise gestion. Mais Minoui et ses deux experts qui ont tous des arrières pensées politiques attribuent cette mauvaise gestion à celui qui n’est pas constitutionnellement responsable et passent sous silence le nom du véritable responsable : Rafsandjani, qui a également la main mise sur le secteur pétrolier.

Il s’agit encore d’un article de propagande pour tromper les lecteurs du Figaro.

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Pour en savoir + sur le rationnement de l’essence :
- Iran : La hausse de l’essence est une décision politique
- (23.05.2007)

| Mots Clefs | Institutions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Delphine Minoui |

| Mots Clefs | Resistance : Le Lobby Rafsandjani en France |

[1Le Conseil du Discernement et Rafsandjani | Constitutionnellement, ce n’est pas le Guide qui définit les politiques du pays mais le Conseil du Discernement, inventé pour Rafsandjani et présidé par lui depuis sa création. Le Guide approuve cette politique (et il s’agit d’une approbation de pure forme). Khamenei lui-même a accédé au poste du Guide grâce à une manipulation du testament de Khomeiny par Rafsandjani.