Accueil > News > Iran : La hausse de l’essence est une décision politique



Iran : La hausse de l’essence est une décision politique
23.05.2007

Après avoir annoncé la hausse du prix de l’essence en novembre 2006 et retardé la date fatidique, comme pour montrer que le régime n’avait pas besoin de cette hausse et que tout allait bien, du jour au lendemain les mollahs ont relevé de 25% le prix de l’essence. La décision est tombée à la veille de l’échéance de l’ultimatum de l’ONU.



De nombreux automobilistes ont donc découvert mardi, à leur grande surprise pour beaucoup, que le prix à la pompe était passé dans la nuit de 800 rials au litre à 1000 rials (10 centimes d’euros). Ils s’estiment toutefois heureux car initialement, les députés du Parlement islamique avaient évoqué une multiplication des prix par 3 ou par 5. La situation économique des Iraniens devient de plus en plus difficile : les loyers ont doublé et le prix des aliments de base, comme les légumes, a triplé depuis l’été. On pourrait s’attendre à d’autres hausses spectaculaires.

L’Iran importe annuellement 24 milliards de litres d’essence et la vend au quart de son prix d’achat : cette hausse de 25% ne rapportera rien au régime (en revanche une multiplication des prix par 4 ou par 5 pourrait vraiment l’aider , mais elle serait impossible à réaliser).

Il s’agit donc d’une hausse non économique, mais politique. Par ailleurs, cette hausse ne handicapera pas les nantis du régime : seuls les plus démunis seront pénalisés et surtout ceux qui compensent l’insuffisance de leur salaire en faisant le taxi au noir.

Cette mesure punitive à deux objectifs politiques complémentaires : elle permet de mettre la pression aux Iraniens et les mécontenter afin de faire d’Ahmadinejad un bouc émissaire et refaire parler des soi-disant modérés ou des pragmatiques.

Ce mécanisme permet au régime de revendiquer une forme de pluralisme, pluralisme qui est surtout utilisé pour faire patienter les occidentaux sur une éventuelle chance de reprise du dialogue avec Téhéran au sujet du nucléaire. Pourtant, Ahmadinejad est constitutionnellement dépourvu de pouvoir et ne choisit ni les politiques (économiques, diplomatiques, culturelles ou nucléaires) à mener, ni ses ministres. Toutes ces décisions sont prises au Conseil du Discernement par Rafsandjani [1] celui qui fait semblant d’être le rival pragmatique d’Ahmadinejad.

Ce cirque de hausse des prix est une ruse pour tromper les occidentaux. Le plus triste est que pour rendre crédible cette stratégie qui permettra de justifier le retour des pragmatiques, le régime doit charger la barque d’Ahmadinejad et par conséquent il doit sanctionner le peuple.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

« Cette stratégie qui permettra de justifier le retour des pragmatiques »
- Iran : Précisions à propos de l’inflation
- (20 avril 2007)

| Mots Clefs | Institutions : Politique Economique des mollahs |

[1Le Conseil du Discernement et Rafsandjani | Constitutionnellement, ce n’est pas le Guide qui définit les politiques du pays mais le Conseil du Discernement, inventé pour Rafsandjani et présidé par lui depuis sa création. Le Guide approuve cette politique (et il s’agit d’une approbation de pure forme). Khamenei lui-même a accédé au poste du Guide grâce à une manipulation du testament de Khomeiny par Rafsandjani.