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Iran : Analyse détaillée d’un article de A. Jaulmes pour le Figaro
23.05.2007

Hier nous avions remis en cause l’analyse du nouveau correspondant du Figaro à Téhéran, estimant que son article était erroné car ce journaliste, Adrien Jaulmes, fournit aux lecteurs du Figaro des informations délibérément fausses tout en dissimulant délibérément des éléments accablants des personnages qu’il présente comme des modérés qui pourraient être des amis de la France.



Cet article ne peut évidemment pas influencer les décideurs politiques français et telle n’est pas son ambition, mais il influence l’opinion française : ceux qui pourraient s’engager en faveur du respect des droits de l’homme en Iran. En laissant entendre que le peuple iranien a des protecteurs démocrates parmi les mollahs, l’article intervient d’une manière brutale dans l’opinion française : il relativise la situation en Iran et à certains égards, il encourage les français à réviser leurs opinions sur le régime des mollahs.

Dès l’introduction de son article pernicieux, Jaulmes affirme que Khatami est opposé à la poursuite du programme nucléaire iranien. Nous lui avons opposé un entretien accordé par ce mollah au Monde, où il disait exactement le contraire. Voici donc nos notes sur les affirmations très très biaisées d’Adrien Jaulmes qui ne mérite que mépris car il prive le peuple iranien du soutien du peuple français.

Le Figaro : Adrien Jaulmes | DRAPEAU IRANIEN en tête, une procession d’écoliers défile le long de l’autoroute, en direction du mausolée de l’imam Khomeyni, dont les fins minarets dorés brillent au soleil à la sortie sud de Téhéran. Une ambulance, un groupe d’enseignants et un mollah en turban blanc et manteau brun ferment la marche. Les jeunes garçons en chasubles de nylon jaune brandissent des banderoles proclamant : « L’énergie nucléaire est notre fierté nationale ».

Notes IRAN-RESIST | Le drapeau dont parle Adrien Jaulmes n’est pas le drapeau iranien mais le drapeau de la république islamique : au centre du drapeau, on ne voit guère le Lion, emblème de l’Iran, mais un Allah stylisé à la façon des Sikhs en référence aux origines sikh de Khomeyni. Ce drapeau est perçu par les iraniens comme le symbole du retour sous le joug des arabes. Jaulmes le sait mais il désinforme délibérément car il veut établir d’emblée un lien entre le régime des mollahs et son programme nucléaire et le patriotisme des iranien. Or, son raccourci est un peu trop court car ce drapeau représente en réalité l’anti IRAN.

Le Figaro : Adrien Jaulmes | Dix-huit ans après la mort de l’ayatollah Khomeyni, fondateur de la République islamique, l’Iran est engagé dans un bras de fer diplomatique avec le reste du monde à propos de son programme nucléaire. Reprenant des plans de développement lancés à l’époque du Shah, Téhéran s’est lancé dans une course à l’atome qui menace de déclencher une crise majeure dans une région déjà passablement troublée.

Notes IRAN-RESIST | Encore un faux : Le Shah n’avait pas de programme nucléaire militaire et en plus ce sont les mollahs qui l’ont finalement réaffirmé récemment pour prouver leur attachement à la nature pacifique de leur programme nucléaire. Pourtant leur programme se veut très menaçant : C’est Rafsandjani qui l’avait annoncé en 2001.

Autre point encore, nous l’avions affirmé : ces références au Shah que l’on entend également en Iran et dans les médias du régime sont liées à l’extrême popularité du Shah en Iran et ce en raison des réformes sociales et des progrès de l’Iran sous son règne. En revanche, Khomeiny est unanimement haï par le peuple pour avoir détruit ces progrès et abrogé ces réformes. De ce fait on peut être choqué en tant qu’Iranien de voir juxtaposés dans la même phrase le nom du Shah et celui de Khomeiny. Mais l’objectif de Jaulmes est de prétendre qu’il y a eu une continuité historique !

En fait l’article de Jaulmes est un récapitulatif d’articles rédigés par Delphine Minoui qui a dû quitter son poste à Téhéran, plombée par nos critiques. Jaulmes a réuni dans un même article toutes les pistes proposées par Minoui sauf la référence au Shah d’Iran qui heurte les convictions personnelles de Delphine Minoui.

Jaulmes utilise différents procédés pour atténuer les peurs que suscitent les activités des mollahs : il les attribue à Ahmadinejad. En premier, il a affirmé que ce programme militaire était l’œuvre du Shah. Une manière biaisée d’affirmer qu’un Iran nucléaire n’est pas forcément une entité hostile.

C’est à cette fin que Jaulmes a dès l’introduction dissimulé les passés terroristes de Khatami et surtout de Rafsandjani (voir article). Ensuite il énumère les craintes des occidentaux et rend responsable de ces craintes les propos désordonnés et radicaux d’Ahmadinejad. Le coupable est identifié ! Après un trait d’humour, Jaulmes le blagueur évoque la capacité nucléaire des mollahs en mélangeant toutes sortes d’informations hybrides : ceci relève de ce que nous appelons l’amplification délibérée de la crise afin d’obtenir des négociations immédiates et sans conditions de la part du Conseil de sécurité. Généralement les mollahs se lancent dans ce genre de communication à la veille de l’échéance d’un ultimatum et c’est le cas ici avec cet article (dicté par les mollahs).

Pour créer cet effet de panique, Jaulmes se lance dans une description très brouillonne des activités nucléaires des mollahs et sa description d’une centrifugeuse (« ces longs cylindres alignés en séries de cascades ») prouve que ses connaissances en enrichissement d’uranium ou en centrifugeuses sont comparables à ses pertes de mémoire sur le passé criminel de Rafsandjani [1].

Nous avons mis entre parenthèses ses explications en les mettant en notes de bas de page pour passer aux conclusions de ce journaliste qui n’a malheureusement pas consulté les textes en libre consultation sur le net concernant des procédés industriels d’enrichissement.

Après ces élucubrations dignes d’un gamin qui a mal lu un que sais-je sur l’enrichissement après avoir fumé son premier chichon, Adrien Jaulmes entame un raisonnement encore plus fumeux pour affirmer que l’occident n’a d’autre choix que d’accepter la situation et négocier immédiatement et sans condition avec les mollahs. Pourquoi ? Adrien Jaulmes a la réponse !

- Les effets des sanctions ont été nuls et Jaulmes décrète qu’il faut les oublier
- Il faut comprendre le pluralisme du régime des mollahs et donner une chance aux modérés.

Le Figaro : Adrien Jaulmes | Échecs économiques

Les Américains ont clairement fait savoir qu’ils n’entendaient pas laisser l’Iran se doter de la bombe. Les Européens, représentés par la France, l’Angleterre et l’Allemagne, essayent de convaincre l’Iran d’abandonner son programme d’enrichissement, en fournissant en échange la technologie et le combustible nucléaire, auxquels leur donne droit le traité de non-prolifération nucléaire dont l’Iran est signataire. Deux résolutions du Conseil de sécurité, votées à l’unanimité en décembre 2006 et en mars 2007, ont mis en place des sanctions restreignant les importations de technologies pouvant servir au programme nucléaire, et gelant les avoirs de plusieurs banques iraniennes.

« Pour l’instant, l’effet direct des sanctions est nul », admet le diplomate. « Ces mesures ont en revanche contribué à geler tous les investissements étrangers en Iran, notamment dans le secteur pétrolier, alors que l’économie iranienne est en difficulté. » L’inflation galopante et les gros besoins de l’Iran en carburant raffiné, que ce pays producteur de pétrole n’a paradoxalement pas la capacité de produire, pourraient déboucher sur un mécontentement populaire susceptible de ramener aux affaires les éléments les plus pragmatiques du régime iranien, défaits en 2005 lors de l’élection de Mahmoud Ahmadinejad.

Notes IRAN-RESIST | En ce qui concerne l’échec des sanctions, Jaulmes cite des effets qui sont loin d’être nuls et ce sont sans doute ses connaissances en économie qui sont nulles, un peu comme ses connaissances en enrichissement ou sur le passé de Rafsandjani, l’auteur du plus vaste attentat antisémite de l’histoire mondiale. La situation économique des Iraniens devient de plus en plus difficile : les loyers ont doublé et le prix des aliments de base, comme les légumes, a triplé depuis l’été. L’économie iranienne va très mal et ce malgré les efforts de certains éléments inidentifiables au sein du Figaro.

En ce qui concerne la division interne du régime, nous n’y reviendrons pas et vous renvoyons à nos articles qui expliquent cette ruse permanente du régime des mollahs. Si vous avez la flemme de les lire voici l’idée centrale de ces articles.

Cette mise en scène veut encore tromper ceux qui désirent que le régime abandonne sa ligne dure pour s’ouvrir à des négociations avec l’ouest. Le but de ces efforts est de diaboliser Ahmadinejad et d’adoucir l’image de Rafsandjani. Tout dépend de la tournure des évènements : si le régime veut continuer à se montrer obtus, il continuera à mettre en avant Ahmadinejad qui est lui-même une production du clan Rafsandjani.

Et le régime se montrera obtus et exigeant si les Européens continuent à éviter les sanctions. Dans ce cas, les mollahs continueront à vouloir utiliser cette faiblesse pour exiger d’obtenir en plus le droit à l’enrichissement. Si, au contraire, le régime voit les sanctions se rapprocher dangereusement, il peut changer de direction et revenir à une stratégie ponctuelle de réconciliation et dans ce cas Ahmadinejad sera impropre à la tâche et il faudra un homme nouveau.

Or, le régime des mollahs n’a pas d’homme nouveau, il ne fait que recycler d’anciens islamistes révolutionnaires pour les refourguer comme des voitures maquillées par de géniaux ferrailleurs. Le problème avec ces « recyclés » est qu’ils ont fait enlever, torturer ou tuer des centaines d’Iraniens…

Le Figaro : Adrien Jaulmes | Car la question que pose réellement le nucléaire est celle des rapports de l’Iran avec le monde extérieur. « Leur choix est maintenant entre une approche réaliste ou une fuite en avant révolutionnaire », dit le diplomate occidental. La classe dirigeante iranienne est en effet traversée par des clivages complexes. Un camp rassemble les « réformateurs », qui veulent voir l’Iran évoluer vers une démocratie moderne et laïque, et sont emmenés par Mohammad Khatami, président de l’Iran entre 1997 et 2005, et les « réalistes », comme Hachemi Rafsandjani, qui le précéda à ce poste, et dont les convictions plus conservatrices ne l’empêchent pas de favoriser une approche moins conflictuelle des relations internationales. Le camp opposé, plus radical que conservateur, a trouvé en Ahmadinejad son porte-parole. Élu sur un programme populiste, l’ancien maire de Téhéran a fait du programme nucléaire un thème nationaliste destiné à masquer ses échecs économiques.

Le chef négociateur iranien sur le nucléaire, Ali Larijani, rival d’Ahmadinejad à l’élection présidentielle et habile homme d’appareil, est l’autre figure des intransigeants du régime. Il est le secrétaire du Conseil suprême pour la sécurité nationale et rend compte directement au Guide suprême, l’ayatollah Khamenei. Les deux personnages ont fait carrière dans les pasdarans. Ces « gardiens de la révolution » ont fini par constituer un État dans l’État. Ils possèdent leurs propres services de sécurité et leurs forces armées. Ils ont aussi le contrôle d’une partie du secteur industriel et la haute main sur le programme nucléaire. L’autorité suprême, incarnée par l’ayatollah Ali Khamenei, héritier de l’ayatollah Khomeyni, sans avoir son charisme ni son aura religieuse, reste la source de toutes les décisions.

Notes IRAN-RESIST | Jaulmes dresse un tableau idyllique de cette division qui nous incite à vous conseiller vivement la lecture de : - Débat interne en Iran : l’analyse européenne est erronée, car tout au long des derniers paragraphes de son article Jaulmes relance sans cesse l’idée de la division interne du régime.

Le Figaro : Adrien Jaulmes | Logique anti-occidentale

« Mais le plus inquiétant dans le fonctionnement du régime iranien est qu’il n’y a peut-être personne pour prendre des décisions », remarque l’analyste. « La reprise du programme nucléaire iranien a été décidée par Khamenei, mais il n’est pas certain qu’il ait le pouvoir de l’interrompre, tant la logique révolutionnaire et l’opposition à l’Occident restent puissantes. L’abandon du nucléaire demanderait une décision aussi importante que celle de faire la paix avec l’Irak en 1989, qui avait été prise par Khomeyni après des années d’hésitations. »

Le nationalisme ombrageux de l’Iran est antérieur à la révolution islamique et est le fruit de ses rapports conflictuels avec l’Occident. Vieille civilisation fière de son passé perse, l’Iran a subi au long du XIXe siècle l’ingérence des empires rivaux russes et britanniques. Au siècle suivant, les Américains remplacent les Anglais au Moyen-Orient, et le coup d’État fomenté par la CIA en 1953 contre le docteur Mossadegh, le premier ministre du Shah qui avait nationalisé le pétrole iranien, reste dans les esprits un puissant repoussoir contre les interventions occidentales.

Notes IRAN-RESIST | L’idée d’un nationalisme placé sous le signe d’un régime qui n’a cessé de vomir sur l’identité iranienne, le drapeau et l’histoire de la Perse, ne peut venir que d’une personne ignorante ou mal intentionnée. Jaulmes recycle des thèmes développés avec insuccès par Delphine Minoui durant l’été 2006. Par ailleurs, le régime des mollahs est actuellement en train d’inonder le site de Persépolis, mais aucun des journalistes français présents en Iran n’en parle. Ces journalistes suivent les ordres des mollahs. Cet événement traumatise les iraniens mais selon Jaulmes ils restent solidaires avec le régime qui va détruire ce patrimoine que même les Arabes et les Moghols n’avaient oser profaner. « Le nationalisme ombrageux de l’Iran » reste donc très incompatible avec les mollahs.

Quant au Coup d’État fomenté par la CIA en 1953 contre le docteur Mossadegh : nous avons consacré quelques articles à la réputation peu méritée de cet homme (adepte de l’application de la charia et hostile aux réformes agraires du Shah) qui reste une des idoles du régime des mollahs.

Le Figaro : Adrien Jaulmes | Orientée dès sa naissance par la prise d’otages de l’ambassade américaine de Téhéran dans une logique anti-occidentale, la République islamique continue de puiser dans ce registre nationaliste pour défendre un programme nucléaire présenté comme garant de l’indépendance nationale.

Notes IRAN-RESIST | La suite n’honore guère Adrien Jaulmes qui se lance dans une justification de prise d’otages mais oublie de préciser que ces mêmes mollahs ont enlevé des journalistes français… Mais il va plus loin car il attribue ces prises d’otages criminelles des actes de nationalisme. Malheureusement nous manquons de moyens pour traîner cet individu devant des tribunaux mais nous informons la rédaction du Figaro qu’elle accepte la publication d’articles qui ne respectent en aucune manière le peuple iranien.

Le Figaro : Adrien Jaulmes | Marquée par la vulnérabilité de leur espace aérien pendant la guerre contre l’Irak entre 1980 et 1989, inquiète de la présence américaine en Irak et en Afghanistan, une partie de l’establishment révolutionnaire voit dans la possession de l’arme atomique comme une garantie de survie du régime. D’autres craignent qu’en s’accrochant à ce programme, leur pouvoir n’aille au-devant d’une crise majeure à l’issue incertaine.

« Tout indique qu’il existe actuellement un débat entre différents courants à l’intérieur du régime au sujet du nucléaire », explique un sociologue iranien. « Pour moi, il n’y a aucun doute sur leur volonté de se doter de la bombe atomique. Mais les réalistes disent qu’il n’est plus possible de continuer ce programme qui risque de mobiliser le monde entier contre eux. Ils veulent suspendre le programme nucléaire et négocier. Les radicaux ne veulent surtout pas céder aux pressions et continuer le programme. »

Notes IRAN-RESIST | Relance sans cesse l’idée de la division interne du régime. Lire :
-  Débat interne en Iran : l’analyse européenne est erronée

Le Figaro : Adrien Jaulmes | « Impossible de faire marche arrière »

Pour un autre analyste, fin connaisseur de l’Iran depuis la période du Shah, le nucléaire a fini par acquérir sa propre logique. « Comme pour l’anti-américanisme, le nucléaire a fini par devenir un thème de propagande tellement important qu’il est presque impossible de faire marche arrière sur ce dossier. Le programme suit son cours, et un certain nombre d’ambitieux, comme Ahmadinejad et Larijani, l’utilisent comme de marchepied pour leur carrière. »

Notes IRAN-RESIST | Comme nous vous l’avions dit plus haut, après ses élucubrations nucléaires, économiques, historiques, Adrien Jaulmes affirme qu’il est impossible de faire marche arrière, autrement dit il conclut que l’occident n’a d’autre choix que d’accepter la situation et négocier immédiatement et sans condition avec mollahs.

Et pour finir, ce nouveau porte-parole officieux du régime des mollahs revient sur un cas ombrageux du régime des mollahs : L’arrestation d’Hossein Mossavian.

Le Figaro : Adrien Jaulmes | L’arrestation voici dix jours d’Hossein Mossavian, l’un des anciens négociateurs iraniens chargé du nucléaire, et proche de Rafsandjani, libéré sous caution après quelques jours d’emprisonnement, a été interprétée par beaucoup d’observateurs comme un des signaux de cette lutte sourde entre ces deux courants. Alors que les centrifugeuses de Natanz continuent d’être installées, et que de nouvelles séries de sanctions du Conseil de sécurité sont en préparation, les prochaines élections législatives et présidentielle iraniennes seront sans doute âprement disputées entre les héritiers de l’ayatollah Khomeyni et verront se jouer l’avenir de la République islamique qu’il a créée.

Notes IRAN-RESIST | Eh bien non ! Ce Moussavian a un curriculum vitae très intéressant et très instructif. En fait nous disons merci à ce cher Adrien Jaulmes qui a voulu bien faire en ajoutant ce paragraphe de trop. Il suffit de lire l’histoire de la vie trépidante de Moussavian pour comprendre toutes les divisions internes du régime des mollahs.

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Pour en savoir + sur les simili-divisions internes du régime :
- Iran : Moussavian, un très gros poisson arrêté par ses amis
- (4 mai 2007)

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| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Adrien Jaulmes |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

| Mots Clefs | Resistance : Le Lobby Rafsandjani en France |

| Mots Clefs | Institutions : Politique Economique des mollahs, Economie Iranienne |

| Mots Clefs | Nucléaire 2 : DROIT à l’enrichissement et Maîtrise du cycle |

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[1Les élucubrations nucléaires d’Adrien Jaulmes | Officiellement, les buts de l’Iran sont strictement pacifiques. « Nous ne cherchons que la maîtrise de la technologie nucléaire civile », affirme Hamid Reza Hadji Babahi, membre de la Commission de la sécurité nationale et des Affaires étrangères du Majlis, l’Assemblée nationale iranienne. Mais il lâche peu après ce commentaire ambigu : « Nous estimons aussi que nous avons, autant que n’importe quel pays, le droit de développer une arme nucléaire. Chaque nation a le droit de défendre ses intérêts nationaux et d’accroître ses capacités scientifiques. C’est un facteur de paix et de progrès. » Les déclarations sibyllines ou franchement agressives de hauts responsables iraniens suscitent de sérieux doutes sur les buts réels de l’Iran. Les discours provocateurs de Mahmoud Ahmadinejad, et le développement par l’Iran de missiles balistiques ne font que renforcer la suspicion de la communauté internationale.

Deux cent cinquante kilomètres au sud de Téhéran, près de l’ancienne capitale perse d’Ispahan, et au-delà du grand lac salé de Namak, la petite ville de Natanz abrite sur les contreforts du mont Karkas une usine secrète à la Blake et Mortimer. Son existence a été révélée en 2002 par un dissident iranien, mettant à jour les inquiétants progrès de Téhéran en matière nucléaire.

La capacité de produire une bombe A dans un an

Dans des installations souterraines, protégées par plusieurs épaisseurs de terre et de béton, et par un important dispositif de DCA, de l’uranium sous forme gazeuse est injecté dans des séries de centrifugeuses, selon une technologie rustique mais efficace mise au point par le savant pakistanais A.Q. Khan, et secrètement livrée à l’Iran. Ces longs cylindres alignés en séries de « cascades » séparent en tournant à haute vitesse les isotopes d’uranium 235, utiles pour la fission nucléaire. Le processus permet d’enrichir le mélange entre 3 et 5 % d’uranium 235, le taux du combustible servant à alimenter des centrales nucléaires. Mais en le répétant, on peut aussi obtenir un mélange à 90 % d’uranium, le principal composant d’une bombe atomique.

« Les Iraniens fabriquent trop d’uranium enrichi pour des centrales qu’ils ne possèdent d’ailleurs pas », explique un diplomate occidental en charge du dossier. « Le combustible nucléaire n’est pas interchangeable d’une centrale à l’autre et ne peut pas être utilisé dans la seule dont ils disposent, celle de Busher, remise à neuf par les Russes. Les capacités des centrifugeuses dont ils sont en train de se doter correspondent en revanche parfaitement à la production de la quantité de matière fissile nécessaire pour fabriquer une bombe. »

Le seuil critique de ce programme a été fixé par les experts à 3000 centrifugeuses en état de fonctionnement. À partir de ce moment, les Iraniens disposeraient de la capacité de produire une première bombe A dans un délai d’un an. Les Iraniens posséderaient pour le moment à Natanz 1200 centrifugeuses, installées en huit cascades, dont une seule fonctionnerait en continu. « Il ne faut pas confondre installation et fonctionnement. L’Iran continue d’avoir des difficultés techniques », dit le diplomate. D’autres installations secrètes, comme celle de l’usine d’eau lourde d’Arak, qui doit entrer en service d’ici à 2009 et destinée à produire du plutonium, suscitent aussi l’inquiétude de l’Agence internationale pour l’énergie atomique. Mais Natanz représente le problème le plus urgent.