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Iran : La Russie a fait échec aux Etats-Unis et à L’Europe
26.03.2007

Comme dans les cas précédents des autres résolutions onusiennes concernant le nucléaire iranien, le régime des mollahs a qualifié la résolution 1747 d’inacceptable et d’illégale tout en affirmant sa volonté de poursuivre son programme d’enrichissement d’uranium et son refus de toute concession. On revient donc 90 jours en arrière...



Décodage : Iran | Comme à son habitude, à Téhéran, c’est le Parlement islamique qui constitutionnellement n’a aucun pouvoir a réagi en premier et nous aurons sans doute droite aux facéties habituelles de cette institution et ses membres à savoir l’adoption en urgence de lois ou de mesures d’ordre cosmétique et des déclarations polémiques pour occuper le temps et cacher l’incapacité logique du régime à répondre aux exigences pourtant simples de la résolution.

Décodage : Europe | Parallèlement, l’Europe a relancé l’idée d’une reprise des négociations. L’Europe est perturbée par ce refus de coopération du régime des mollahs et trouve dans la reprise des négociations un moyen pour cacher sa propre incapacité à se montrer plus ferme avec les mollahs.

Solana a d’ailleurs fait une déclaration explicite : « L’Iran est un pays important, pour l’UE c’est un partenaire important, et nous aimerions développer encore cette relation, mais pour cela l’Iran doit honorer ses obligations ». Les 90 jours à venir seront donc une répétition de ce que nous avons déjà vu avec une différence : l’attitude de la Russie.

Décodage : Russie | Auparavant la Russie était mise en demeure par les Etats-Unis et elle avait le choix entre son soutien aux mollahs et d’importants contrats aéronautiques entre Sukhoï et Boeing. Les Russes viennent peut-être de renoncer à ce partenariat en inversant le chantage car ils sont également les premiers fournisseurs de titane pour la production de Boeing.

La Russie et l’Europe ont annoncé coup sur coup le 22 mars une commande de 22 Airbus A350 XWB d’une valeur de 5 milliards de dollars par la compagnie Aeroflot et une probable entrée des Russes dans l’un des projets-phares d’EADS. La maison-mère d’Airbus, EADS, et la holding publique russe UAC (Compagnie aéronautique unifiée russe) ont annoncé leur intention de coopérer dans le domaine des aérostructures (carlingues) de ce même avion long-courrier A350 XWB, afin de partager les coûts de développement, qui sont très lourds (peut-être un nouveau débouché pour le titane Russe initialement destiné à Boeing).

« Les discussions visant à préciser quels composants de l’avion seront conçus et fabriqués par la Russie sont toujours en cours », selon le communiqué commun de EADS-UAC. Les deux parties prévoient en outre de créer une société commune (joint-venture) pour convertir des moyens courriers A320 en version cargo ,-ce projet avait été annoncé en octobre 2006-, ainsi qu’une étude conjointe dans le marché des avions de transport, qui pourrait déboucher sur une coopération (en remplacement du projet de coopération Sukhoï-Boeing).

La commande d’Aeroflot devrait mettre du baume au coeur du constructeur européen, actuellement en pleine déconfiture financière après avoir essuyé une perte de 572 millions d’euros en 2006, en raison des retards de son avion géant A380. Cette cascade d’accords témoigne du rapprochement entre l’Europe et la Russie.

Parallèlement, la Russie se libère des risques de sanctions américaines et peut sans contrainte soutenir le régime des mollahs et le contrôler. Désormais, Washington est seul dans son véhément effort pour contrôler l’Iran. Les Etats-Unis ont raté l’occasion de redevenir l’allié de l’Iran en aidant les authentiques opposants et un peuple qui attend un véritable changement pour devenir l’allié de l’Ouest et non un partenaire au rabais comme l’Afghanistan de Karzaï.

La remarque est vraie dans le sens inverse car le régime des mollahs sera moins libre pour utiliser la Russie pour arriver à un consensus avec les Etats-Unis. Les délais accordés par le Conseil de sécurité ont permis à la Russie de changer d’alliances économiques et de renforcer sa position dans la région.

Ce changement est très important car il aura une influence certaine sur la position chinoise dans le dossier nucléaire iranien. Et c’est dans ce contexte que l’on reparle de l’émergence d’un axe Moscou-New Delhi-Pekin.

Washington a sans cesse joué la carte d’une « normalisation du régime » (vers un islamisme modéré pro américain à la Karzaï) et a laissé filer le temps. Moscou file à grande vitesse vers des mutations diplomatiques qui renforceront sa puissance et on vient de lui offrir à elle et non à l’Iran, 60 jours de délais pour y parvenir.

60 jours durant lesquels, les Etats-Unis seront toujours plus affaiblis, confrontés à de nouveaux problèmes en Irak, mais aussi en Afghanistan où les Talibans comptent lancer leur grande offensive de printemps équipés par des armes fournies par les Russes et les Chinois. Peu importe l’issue de cette offensive, l’important est le recul des Etats-Unis et l’émergence d’une Russie incontournable.

Cette Russie deviendra dans peu de temps un sérieux problème pour cette Europe pressée de sauver son industrie aéronautique au point de laisser entrer les Russes dans la capitale d’EADS. Ce pays, la Russie, contrôlera son industrie de défense et sera son principal voir son unique interlocuteur énergétique : l’Europe perdra son indépendance diplomatique ayant perdu de vue « la géopolitisation de l’espace économique mondial ».

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L’alternative pour contenir cette Russie incontrôlable et avide est un Iran fort.

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| Mots Clefs | Enjeux : Offensive énergétique Russe |