Le 10 mars, une conférence sur la stabilisation de l’Irak réunit, à Bagdad, les six pays frontaliers, dont la Syrie et l’Iran, ainsi que les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Le 19, une nouvelle session de négociations s’ouvre à Pékin pour maintenir la pression sur la Corée du Nord.

Le 24, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se retrouvent à Berlin pour célébrer le 50e anniversaire du traité de Rome et tenter de sauver la Constitution. Entre-temps, la Chine annonce une hausse de son budget militaire de 18,7% en 2008.

L’agenda international du mois courant, mosaïque d’angoisses vernissée d’espoirs, suffit à dresser l’état du monde. Et soulève une question essentielle. Tant de faits épars sont-ils aussi déliés qu’il y paraît ? Et, s’ils ne le sont pas, qu’est-ce qui les relie entre eux ?

Laurent Cohen-Tanugi apporte sa réponse dans un essai limpide et courageux Guerre ou paix. Essai sur le monde de demain (Grasset) en recherchant la trame de ce siècle. Le propre de l’époque, en effet, c’est que plus rien ne peut être détaché du reste.

Cet aveuglant « retour de l’Histoire » envoie au piquet tous ceux qui spéculaient sur les effets apaisants de la mondialisation, théorie développée par l’éditorialiste star du New York Times, Thomas L. Friedman, dans un livre à succès, The World Is Flat.

« La dépolitisation des mouvements économiques, qui était devenue le dogme de la mondialisation libérale depuis les années 1980, écrit Cohen-Tanugi, va se heurter de manière croissante à la géopolitisation de l’espace économique mondial. » Repolitisation du monde, donc, depuis les grandes victoires du camp occidental qui, paradoxalement, « marquent l’érosion de son leadership mondial ».

La défaite de l’Union soviétique face aux taliban armés par les Etats-Unis, la chute du mur de Berlin, l’invasion éclair de l’Irak, l’invincibilité - jusqu’ici - d’Israël n’ont fait qu’ouvrir de nouveaux précipices. Un fossé sépare désormais l’Amérique de ses alliés orientaux (Turquie ou Arabie saoudite) quant à la manière de combattre le terrorisme ; une crevasse s’est formée au cœur de l’Europe ; un gouffre engloutit l’islam sous l’islamisme. Toutes les cartes sont brouillées.

Ce qui produit la crise des modèles démocratiques fait la joie des systèmes cyniques (Russie, Chine ou Venezuela de Chavez -mais aussi le régime des mollahs !). Alors faut-il prévoir la guerre ou la paix ? Les deux ensemble. La première au nom des principes ; la seconde sans illusions.

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