Iran- Sanctions : Moscou tempère, Téhéran fait le contraire ! 22.03.2007 La Russie ne soutiendra pas des sanctions « excessives » contre l’Iran, a annoncé mercredi le chef de la diplomatie russe, alors que le Conseil de sécurité de l’ONU discute d’un durcissement des mesures destinées à pousser Téhéran à suspendre son programme d’enrichissement de l’uranium. Sergueï Lavrov a encore démenti des informations selon lesquelles Moscou refuserait de livrer du combustible nucléaire pour la centrale de Bouchehr tant que Téhéran ne respectera pas les exigences de l’ONU. « Ce n’est pas la première fois que nous assistons à une telle manœuvre (européenne et américaine) sans scrupules destinée à creuser le fossé entre nous et l’Iran », a-t-il dit à propos de la circulation de ces informations. Cependant, Lavrov a oublié de rappeler que ces rumeurs étaient partiellement dues aux informations iraniennes « anonymement » transmises à la presse américaine. Cette bienveillance de Lavrov est due à l’importance de l’Iran pour la Russie : l’alliance avec l’Iran est « vitale » pour la Russie alors que Téhéran a uniquement « besoin » de Moscou pour freiner les sanctions contre son programme ou pour amplifier la crise afin d’aboutir à une entente avec les Américains (c’est-à-dire les concurrents de la Russie). Dans cette situation, Moscou tempère et Téhéran fait le contraire allant jusqu’à regulièrement communiquer des informations susceptibles de mettre dans l’embarras Moscou dans le seul but d’ajouter à la zizanie ambiante. Ainsi, Lavrov a réaffirmé que c’était bien pour raisons financières que le combustible ne serait pas livré et en même temps, Téhéran a vivement démenti un quelconque retard de paiements, accusant Moscou d’être un « partenaire peu fiable ». Les nombreux journaux iraniens [1] Cette indulgence est également visible quant au projet de résolution actuellement en discussion au Conseil de Sécurité : Moscou tempère et demande de nouveaux amendements pour encore plus alléger les sanctions envisagées et Téhéran, sûr de ce soutien indéfectible, multiplie les provocations. La veille une importante audition du représentant du régime des mollahs devant le Conseil de Sécurité, la première est venue du n°1 officiel du régime, Khamenei, qui a affirmé que l’Iran poursuivrait ses activités nucléaires en dehors des lois internationales en cas de nouvelles sanctions du Conseil de Sécurité tout en menaçant les Etats-Unis de représailles en cas d’attaque américaine. « Jusqu’à aujourd’hui, tout ce que nous avons fait a été en accord avec les lois internationales », a déclaré Ali Khamenei. « Mais s’ils agissent de manière illégale, nous pouvons en faire autant, et nous n’y manquerons pas »… Malgré le malaise de l’économie iranienne dû à l’embargo du dollar, Khamenei a également précisé que les « sanctions déjà votées contre l’Iran ne s’étaient pas révélées efficaces et que de nouvelles mesures seraient tout aussi infructueuses ». Il est probable qu’Ahmadinejad fera des déclarations similaires devant les membres du Conseil de Sécurité. La tempérance de Moscou a revigoré les mollahs. Les deux font bien la paire. WWW.IRAN-RESIST.ORG | Mots Clefs | Pays : Alliance IRAN-RUSSIE | | Mots Clefs | Institutions : Provocations | | Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade | | Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
[1] L’affaire de l’Ultimatum | Etemad-e Melli : « La Russie, cet allié incertain »… Le quotidien iranien estime qu’il n’est « plus possible de faire confiance à la Russie ». « Face aux risques de nouvelles sanctions contre l’Iran, la Russie a décidé de ne pas perdre sa place au côté des grandes puissances internationales en soutenant l’Iran. La Russie n’a jamais été un partenaire fiable et elle le prouve encore. » Le « Journal de Téhéran » rappelle que la Russie a voté la résolution 1737 et que, le 9 mars dernier, elle a annoncé des retards dans la construction de la centrale de Bouchehr – dont les travaux sont dirigés par une société russe – en prétextant des retards de paiement de l’Iran. Gholamreza Aghazadeh, responsable de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, a affirmé que Téhéran avait payé sa dette et que les retards étaient dus à des problèmes internes à l’entreprise russe chargée des travaux. « Nos dirigeants ferment les yeux sur les trahisons de la Russie, mais il n’est plus possible de se voiler la face. L’Iran ne doit plus s’appuyer sur la Russie, qui sert les intérêts de Washington ».| |