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Iran : L’Arabie Saoudite envoie un message subliminal à la France
25.01.2007

La semaine dernière, l’Arabie Saoudite, après des mois de silence, avait pris la tête des états arabes afin de protester contre l’ingérence des mollahs en Irak. Elle réitère cette position par l’intermédiaire de son ministre des affaires étrangères dans une interview accordée au Figaro à l’occasion de la conférence sur le Liban, qui a lieu demain à Paris.. Mais nous y avons surtout décelé un message subliminal adressé à la diplomatie française.



L’appel de l’Arabie Saoudite avait eu lieu quelques jours après la consultation du ministre français des affaires étrangères auprès du souverain saoudien à propos d’un éventuel voyage en Iran. Le souverain saoudien avait alors déconseillé aux français d’entreprendre une telle démarche.

Cet appel condamnant l’ingérence étrangère en Irak n’a pas eu le retentissement qu’il aurait pu avoir en France, et ce parce qu’il ne cadrait pas avec les objectifs de la diplomatie française aussi bien à propos de l’Iran qu’à propos de l’avenir de l’Irak.

Dans son appel, l’Arabie Saoudite condamnait non seulement l’ingérence des mollahs en Irak mais également tout projet de partition de l’Irak. Or, les français ne voient pas d’un mauvais œil cette partition et le Quai d’Orsay prête volontiers ses locaux pour des conférences favorables à la création d’un état kurde. Cet état kurde est perçu comme un futur allié énergétique de la France. Les saoudiens s’y opposent car ils y voient la source de futures dissentions et des guerres ethniques qui déstabiliseront la région durablement. Nous y avions fait allusion dans l’article intitué : « Iran : la France prise au piège de sa propre diplomatie »… en prédisant que la persistance du Quai d’Orsay dans cette voie se solderait par un refroidissement des relations entre la France et ses alliés Arabes.

C’est dans ce contexte qu’il convient de placer l’interview accordée par le ministre saoudien au Figaro. Le ministre des affaires étrangères saoudien Saoud al-FAYÇAL envoie des messages subliminaux à l’attention de son allié français qui est un de ses principaux clients énergétiques et un bon fournisseur militaire. En termes forts mesurés, le prince saoudien rappelle l’importance d’une coopération franco-arabe pour l’opération de sauvetage du Liban et invite ses amis français à s’en souvenir…

La France ferait bien d’être à l’écoute et de saisir toutes les allusions contenues dans cette interview.

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Saoud al-Fayçal : « Que l’Iran ne s’ingère pas dans les affaires arabes »

LE FIGARO | Pourquoi l’Arabie saoudite, qui sera le premier contributeur de la conférence sur le Liban demain à Paris, accorde-t-elle autant d’importance au pays du Cèdre ?

Saoud al-FAYÇAL | Le Liban, où différentes confessions cohabitent en paix depuis la fin de la guerre civile, est un pays unique au Moyen-Orient. Il est l’exemple vivant que les sunnites et les chiites peuvent vivre ensemble. Mais aujourd’hui sa stabilité est menacée par les interventions extérieures. C’est pourquoi la France et l’Arabie saoudite reconnaissent qu’en participant à son redressement nous accomplissons un geste précieux pour tout le Moyen-Orient. Nous n’avons pas attendu la conférence de Paris pour aider Beyrouth. Depuis la guerre (de 2006), nous avons offert trois milliards de dollars au Liban et, demain, nous allons annoncer une nouvelle aide.

La stabilité du Liban est-elle menacée par l’Iran, qui soutient le Hezbollah dans sa tentative de renverser le gouvernement de Fouad Siniora ?

Les Libanais, laissés entre eux, parviendront à une solution à la crise. Mais si d’autres cherchent à exporter leur bataille au Liban, la situation va se compliquer. Le Hezbollah est soumis à beaucoup de pressions, notamment de l’extérieur. Il est d’abord une organisation libanaise, et c’est ainsi qu’il se considère lui-même. Mais d’autres ne sont pas de cet avis. Il y a un débat. Nous ne savons pas encore quelle tendance va l’emporter.

Êtes-vous partisan de frappes militaires pour contrer les prétentions nucléaires iraniennes ?

Le conflit avec l’Iran est politique. Il doit être réglé par la diplomatie. L’option militaire doit rester l’ultime option, la force ne peut pas justifier une agression visant à assurer une hégémonie. Ce serait une faute d’entreprendre une action militaire contre l’Iran, spécialement lorsqu’il y a un dénominateur commun entre les négociateurs européens et l’Iran, à savoir le respect du protocole de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et qu’en fin de compte la seule question encore en suspens est l’enrichissement. Je suis sûr qu’il y a encore beaucoup de possibilités de résoudre ce différend diplomatiquement. L’un d’entre eux est d’établir un consortium international entre les pays de la région sous la supervision de l’AIEA, consortium qui pourrait être placé dans un pays neutre, même hors du Moyen-Orient, avec toutes les garanties qu’un programme nucléaire ne serait pas détourné à des fins militaires.

Vous parlez à l’Iran, mais vous ne souhaitez pas que la France y envoie un émissaire. Pourquoi ?

Nous parlons aux Iraniens d’affaires arabes. Nous pensons qu’il est dangereux de s’ingérer dans nos affaires. Nous exprimons donc aux Iraniens nos préoccupations sur leur influence dans le monde arabe. C’est logique. Mais quand d’autres pays leur parlent de nos affaires avec eux, cela confère de la légitimité aux ingérences iraniennes dans le monde arabe. C’est pourquoi nous n’y sommes pas favorables. Nous espérons que l’Iran sera un bon voisin, que les Iraniens seront une partie de la solution et non pas du problème. C’est ce que nous leur répétons : ne vous ingérez pas dans nos affaires.

Une partition de l’Irak est-elle encore évitable ?

Pour l’Arabie saoudite, une partition de l’Irak est inconcevable. Il est essentiel de l’éviter. Cet éclatement se ferait d’abord au détriment des Irakiens, qui subiraient des décennies de conflit. Nous faisons tout pour que les Irakiens, sunnites, chiites, kurdes, coopèrent entre eux. Depuis l’Irak, al-Qaida menace non seulement l’Arabie saoudite mais aussi l’ensemble de la région. C’est pourquoi nous militons pour une solution arabe en Irak. Pour que les Irakiens n’aient plus besoin de s’associer avec al-Qaida.

Propos recueillis à Riyad par GEORGES MALBRUNOT

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Pour en savoir + sur le sujet :
- Iran : la France prise au piège de sa propre diplomatie
- (18 Janvier 2007)

| Mots Clefs | Pays : France (diplomatie Française) |

| Mots Clefs | Pays : Arabie Saoudite |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Georges Malbrunot |