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Iran : Large plébiscite pour le double langage
04.01.2007

Chaque semaine, nous avons droit à des reportages écrits depuis Téhéran par Delphine Minoui, l’attachée de presse des mollahs pour le Figaro. Heureusement, hier nous avons précédé la demoiselle et nous vous avons rapporté les déclarations ambiguës de Khatami dans leur totalité, ce qui leur donne un sens bien différent de ce que propose Delphine Minoui.



On pourrait dire que les dirigeants du régime bissent et se répètent, reprenant mot pour mot des discours de l’été dernier et Minoui ne fait que suivre la tendance.

Ainsi, hier au sud de l’Iran, Ahmadinejad est revenu à son slogan préféré « nous ne reculerons pas d’un iota » et Minoui l’explique non pas comme une absence d’alternative mais un retour au Nationalisme populiste. Ceci nous rappelle ses écrits de l’été 2006, où d’une semaine à l’autre, elle n’a cessé de se contredire au point que nous avions fini par surnommer sa production : « aussitôt écrite, aussitôt périmée ».

La réalité est bien là : cet été, le régime des mollahs a communiqué sur les Thèmes du « Nationalisme populisme » et de « la popularité du nucléaire parmi les iraniens », et Delphine Minoui a donc produit de nombreux papiers sur ces 2 thèmes complémentaires.

Il y a 15 jours, elle suivait la tendance générale du régime des mollahs et nous a décrit l’échec électoral du National populisme nucléaire ! Mais les mollahs ont mis en scène ce show électoral pour laisser entendre que les modérés revenaient et qu’il fallait ajourner les sanctions. Suite à la résolution de l’ONU, le régime des mollahs a abandonné le Thème du « retour des modérés et des pragmatiques », et tente tous les discours en même temps avec un point commun entre tous : aussi bien les ultra conservateurs que les modérés sont pro-nucléaires et anti-résolution… La pauvre Minoui est dépassée et écrit des articles qui doivent ménager la chèvre et le choux. Elle re-découpe les discours et elle élimine les aspects encombrants et contradictoires de ce concert d’unité politique.

Ainsi les menaces de violence et d’attentats terroristes du discours de Rafsandjani disparaissent et laissent place à son portrait de modéré pragmatique et la journaliste vedette du Figaro oublie également les mandants d’arrêts contre ce modéré et son rôle dans les attentats des années 80 à Paris. Mais pour expliquer l’absence d’un quelconque discours alternatif, Minoui prétend que la victoire électorale des modérés a été symbolique !

Elle a la mémoire courte : à la veille de la résolution, que ces élections étaient censées empêcher, Minoui les avait qualifiées de « Revers électoral pour Ahmadinejad », ou encore de « Large Plébiscite en faveur des conservateurs modérés et de l’ancien président Rafsandjani » ! Elle prend vraiment les lecteurs et la direction du Figaro pour des imbéciles.

Pire encore, en manipulant les discours et en faisant du remodelage, Minoui tente de donner une image pluraliste du régime des mollahs. Ce qui est une illusion. Khatami a rendu un hommage appuyé à l’équipe de négociateurs nucléaires d’Ahmadinejad et il a salué la justesse de l’approche menaçante de Rafsandjani. Il n’y a pas de pluralisme mais un jeu de rôle.

Le Rôle de Minoui | Au jeu de rôle principal (Khatami, Ahmadinejad, Khamenei, Rafsandjani), s’ajoutent des intrigues secondaires alimentées par des « journalistes » comme Minoui qui consultent des « experts locaux » ou des « dissidents » qui évidemment confirment l’existence d’un certain pluralisme. Etrangement, ils sont également tous pro-nucléaires et aucun anti-nucléaire écolo n’est à déplorer parmi eux. Ils sont également tous sans exception pro-Khomeiny mais hostiles aux dérives de la révolution (comme Ahmadinejad ?)… Hostile au terrorisme mais pro-Hamas ! En somme, des experts tout à fait fiables et objectifs du côté de Téhéran…

En ignorant ces détails, leurs propos sonnent juste aux oreilles d’un lecteur ordinaire du Figaro… Pourtant, à chaque fois que Minoui en a déniché un, nous avons avec facilité découvert un défaut (ou plusieurs défauts) chez le personnage ! Ainsi le dernier en date s’est avéré un faux dissident, un ultra islamiste va-t-en guerre et qui plus est n’a jamais fait de prison contrairement à la légende (entretenue par Delphine Minoui).

Cette fois, elle a eu la prudence de citer un expert anonyme, un universitaire : autrement dit un islamiste, puisqu’en 1979 sur ordre de Khomeiny, Khatami a reçu la charge de purger les universités iraniennes et islamiser les professeurs, les administratifs et les enseignements. C’est ainsi que l’on entretient le mythe du pluralisme d’un régime qui ne l’est dans aucun de ces départements.

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Pour en savoir +
- Iran : Des élections à effet cosmétique
- (18.12.2006)

Pour en savoir +
- Décodage explosif du dernier discours de Rafsandjani
- (02.01.2007)

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