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Irak : le régime des mollahs a ouvert le feu sur les Français
17.12.2006

Selon Jean Guisnel de l’hebdomadaire Le point, le régime des mollahs serait impliqué dans la fusillade mortelle contre les agents de la DGSE en Irak. | Revue de Presse



Le Point | La DGSE ne croit pas à l’accident

Et si l’Iran était dans le coup ? Trois semaines après la mort à Bassora, en Irak, d’un sergent-chef de 39 ans appartenant au service Action de la DGSE, Le Point a pu avoir accès à des informations sur les circonstances de ce drame. Celles-ci intriguent les services secrets français autant qu’elles les inquiètent.

Le sous-officier se trouvait dans le véhicule de tête d’un convoi de deux 4 x 4 blindés, avec deux hommes en civil à bord de chacun. Ce petit groupe était chargé de la sécurité d’une « antenne consulaire » française à Bassora, qui a été fermée depuis. Lorsque la première voiture s’est présentée à un check-point habituellement tenu par deux policiers en uniforme, renforcés par des miliciens, elle a été stoppée pour ce qui paraissait être un banal contrôle.

Mais deux éléments ont alerté les agents secrets : aucun policier ne se trouvait cette fois avec les miliciens et ces derniers ont exigé que les occupants descendent de leurs voitures.

C’est devant leur refus, alors que la portière était ouverte pour la présentation des laissez-passer, que les coups de feu ont claqué. Bien que grièvement blessé aux jambes, le chauffeur a pu faire demi-tour avec le cadavre de son camarade, suivi par la seconde voiture. Les Français n’ont pas riposté et se sont réfugiés dans un poste britannique.

L’enquête des services français n’a pas permis de trancher entre deux hypothèses. La première évoque un accident fortuit, et la DGSE n’y croit pas trop... La seconde est plus préoccupante : on pourrait être en présence d’une tentative d’enlèvement avortée.

On redoute à Paris que, dans cette hypothèse, il s’agisse du premier épisode d’une crise avec Téhéran. Les souvenirs du Beyrouth des années 80 et des enlèvements multiples de Français ne sont pas loin et la DGSE y pense. Elle cherche actuellement à démêler cet écheveau et à comprendre laquelle des cinq milices chiites actives à Bassora (Jaysh al-Mahdi, Corps Badr, parti Fadila, Bakyat-Allah, Taher-Allah ou éléments armés du Parti islamiste irakien) pourrait être responsable. Elle ne lâchera pas l’affaire.

Les agents du régime des mollahs sont très présents en Irak. Nous avons consacré un dossier à cette ingérence qui entend mener la vie dure à la présence américaine en Irak. Cette présence « iranienne » a toujours été occultée ou minimisée par la presse française qui entend aider le Quai d’Orsay à maintenir de bonnes relations avec Téhéhran. Le seul moment où la presse française a signalé furtivement cette présence ou ingérence, ce fut pendant la préparation du défunt Rapport Baker, quand chacun voulait justifier la nécessité de dialoguer avec « l’Iran » à propos de l’Irak.

Nous avons alors assisté à la publication audacieuse d’articles nous expliquant d’une certaine manière la présence « iranienne » en Irak. Après l’échec du Rapport Baker, la presse a abandonné ses enquêtes en cours. Car il faut bien se garder d’admettre le caractère terroriste de cette présence. Depuis ces articles, on savait que les mollahs avaient des agents en Irak sans savoir ce qu’y faisaient ces touristes atypiques, du moins une certaine pudeur empêchait la presse d’évoquer la nature de cette présence et les travaux exécutés sur place par les agents. Pourtant la presse anglo-saxonne a toujours souligné les aspects techniques de cette présence et nous avons aussi complété certains articles par des éléments dont nous avions connaissance.

Cependant cette bienveillance française à l’égard des activités du régime des mollahs en Irak n’a jamais bénéficié d’une réciprocité et de leur côtés les mollahs ne lâchent pas la pression sur leurs partenaires. A plusieurs reprises, les mollahs ont rappelé qu’ils pouvaient s’en prendre aux intérêts français si la France s’écartait de cette ligne bienveillante [1] en décidant de voter des sanctions même minimales à l’encontre de l’Iran.

En réalité, le caractère minimal des sanctions est d’une importance dérisoire, c’est l’image du régime qui prendra un coup. Dès à présent de nombreuses sanctions sont en cours d’application et la résolution de l’ONU refroidira définitivement les investisseurs, les empêchant de se rendre en Iran et d’alimenter l’économie iranienne en devises. Techniquement, seule la reprise des négociations avec l’Iran pourrait éventuellement restaurer la confiance. En attendant, il faudrait éviter l’adoption d’une résolution qui réduirait encore la confiance des investisseurs.

Evidemment, si les mollahs acceptaient d’abandonner l’enrichissement ou leur activisme régional, la confiance reviendrait, les sanctions s’éloigneraient et… mais ils font le contraire. Ceci paraît illogique aux observateurs étrangers. Mais il n’y a rien d’illogique dans cette affaire : l’ingérence en Irak et la crise nucléaire sont deux atouts dans le jeu des mollahs pour une mise qui est la reconnaissance de leur rôle régional, c’est-à-dire une reconnaissance du Hezbollah en tant que milice armée.

L’intensification terroriste en Irak a pour objectif de contraindre l’Amérique au dialogue : ce terrorisme tue des irakiens pour toucher l’opinion américaine. Le meurtre de l’agent français (par les mêmes terroristes) a pour but d’empêcher la France d’adopter une résolution contre l’Iran.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + :
- L’Iran prépare l’après Ahmadinejad : faut-il s’en réjouir ?
- (05 Décembre 2006)

[1En 2002, rapprochement France-USA avait provoqué l’attentat contre le pétrolier Limburg…