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Iran : Non au cinéma cosmétique de Jafar Panahi
08.12.2006

Un des vecteurs de communication du régime des mollahs est l’existence d’une relative liberté d’action pour les intellectuels iraniens : l’idée générale est que ces derniers s’adaptent aux règlements et les détournent à leur avantage pour créer leurs œuvres et aborder les sujets les plus audacieux.



Le problème est qu’il existe de nombreuses incohérences dans les récits formatés que nous donnent ces intellectuels dans leurs tournées européennes. La dernière coqueluche des médias français est un certain Jafar Panahi, cinéaste iranien dissident et féministe (et Marjan Satrapi, une autre coqueluche des médias français, a conçu l’affiche de son film).

Le problème essentiel avec les cinéastes iraniens est qu’ils ne remettent jamais en cause le régime des mollahs et ne critiquent aucun de ses choix politiques ou diplomatiques. Aucun des cinéastes iraniens réputés dans le monde n’a jamais pris position par exemple contre les viols en prison, viols dont la fonction est de souiller la femme pour la priver de l’accès au paradis. Aucun cinéaste iranien n’a jamais pris position pour la paix et contre le terrorisme, aucun n’a jamais choisi l’exil pour faire des films en exil et nous livrer sa sensibilité d’artiste sur ce pays.

Ces hommes et ces femmes tournent leurs films en Iran, mais les projettent en Europe et les sujets des films sont formatés pour les Européens. 85% des Iraniens vivent en dessous du seuil de survie, ils ne peuvent pas aller au cinéma, ils cumulent plusieurs métiers pour boucler le mois. Ils ne peuvent imaginer qu’un cinéaste de leur pays puisse réduire la masse des pressions qui s’exerce sur ces classes laborieuses à des futilités comme aller au stade. Le sujet choisi par Panahi est blessant et méprisant.

On estime de 500,000 à plus d’un million le nombre de « femmes » de 15 à 40 ans consommatrices de drogues injectables en Iran. Aucun des cinéastes iraniens cotés en Europe n’a jamais effleuré cette marée de misère. Aucun d’eux n’a jamais abordé le sujet ou même senti cet abîme qui s’est creusé sous ses yeux au cours des années. En réalité, la pauvreté est telle qu’on ne peut pas détourner les yeux pour ne pas voir. A chaque feu rouge, de jeunes enfants se précipitent vers les automobiles pour proposer divers services et la décence oblige à ne pas tous les citer. Mais en regardant les films de ces cinéastes inconnus en Iran, les Européens ne voient pas cet Iran, ils voient un Iran différent, un endroit où les filles sont enthousiastes et agiles, s’activant pour des futilités.

Le film de Jafar Panahi est un film de propagande indirecte pour le régime des mollahs, propagande qui prétend qu’en Iran (sous les mollahs) : « nous avons des problèmes, mais rien qui exige un engagement massif des Européens ».

Panahi relativise. Le film cache l’existence d’un peuple opprimé, défoncé, démotivé. Ce sont des hommes, des femmes et des mômes haineux comme tous les pauvres et les délaissés. Ils sont délaissés par vous qui ne soupçonnez même pas qu’ils existent et n’avez vent de leur misère et de la pollution qui les entoure.

Le film de Panahi est méchant car il vous empêche de voir le vrai Iran, en prétendant justement qu’il vous montre la réalité. En retour, Panahi contribue à convaincre les Iraniens qu’ils doivent vous haïr, vous les indifférents, et de ne pas compter sur votre aide. Ce film est un écran de fumée entre les plus démunis des iraniens et vous.

Le plus triste est l’accueil réservé à ce film et à son cinéaste mercenaire. Les critiques saluent l’œuvre même sans l’avoir vue, elles citent le cinéaste sans l’avoir rencontré : certains ont même écrit des éloges en parcourant rapidement le dossier de presse, au point de se tromper d’anecdote. C’est le cas de Delphine Minoui... Qu’importe car pour toutes les critiques, « ce film est formidable ne serait-ce que par le choix du sujet », nous dit-on. Et l’on ne parlera pas des démunis, des haineux, des laissés pour compte de l’Iran. On parlera de Jafar Panahi qui se dit issu d’une famille modeste. Comme son film, il joue les écrans. Il est le pauvre devenu cinéaste qui déjoue les règlements « d’un régime qui s’améliore de l’Intérieur ». Tout est faux. Tout.

Panahi a été l’assistant de Kiarostami qui a appliqué cette même recette pendant 8 ans, il y a eu aussi Makhmalbaf, un militant islamiste qui avant la révolution avait tué « au nom de l’Islam » un pauvre gardien de la paix. Devenu cinéaste, comme d’autres sont devenus journalistes, il a embauché comme acteur un militant islamiste américain qui a abattu un exilé iranien à son domicile en se déguisant en postier pour l’approcher. Sa fille, Samira Makhmalbaf, a reçu un prix à Cannes qu’elle dédia aux Talibans injustement bombardés par les méchants américains !

Aucun de ces super talents n’ont jamais dédié leur prix à une journaliste iranienne violée et tuée sous la torture, aucun n’a jamais exprimé de regret sur les crimes commis par Khomeiny ou même signé une pétition pour la femme afghane victimes des Talibans . Nos compatriotes ont raison d’être haineux à l’égard des Européens qui vont voir ces films et se montrent indulgents avec ces agents non déclarés du régime des mollahs.

Malgré d’impressionnants palmarès cinématographiques, aucun de ces super talents n’a jamais reçu d’offre pour diriger un film ailleurs qu’en Iran. Chacun sait dans le métier, que ces prix avaient des motivations politiciennes et permettaient au régime des mollahs de se donner une meilleure image en occident. Cannes a eu aussi sa période chinoise après Tien En men. Probablement en dehors des quelques journalistes complaisants, personne n’a jamais été dupe quant à la qualité du cinéma iranien d’art et d’essai comme il en est sûrement de même pour le cinéma syrien d’art et d’essai, tous deux porteurs d’un même message subliminal : « il règne une relative liberté chez nous ».

Mais la filière du cinéma iranien (et musulman) Arts et Essais est porteuse. Marin Karmitz a fait fortune avec la promotion de ce cinéma iranien dont l’objectif est de vous empêcher de voir le véritable Iran et ses laissés pour compte, ses prostituées de 14 ans, défoncées au crack à 5 centimes d’euros la dose.

Une actrice de Makhmalbaf a même été récompensée pour sa contribution à tromper l’opinion internationale : la très respectée chaîne de télévision Voice of America en a fait sa présentatrice vedette pour son public jeune et lui a confié son talk show de minuit. Elle s’appelle Luna Shad (ou en persan, Luna la Joyeuse). Luna parle avec un accent frenchy qu’elle oublie parfois de simuler... Elle dit aimer les Sacs Vuitton (Chicago Tribune – 31 Mai 2006). Tel est sans doute le prix de la complaisance : un sac Vuitton.

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