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Le Figaro | Le combat antiprolifération d’un milliardaire américain
26.11.2006

Publié le 23 novembre 2006 | Par Maurin Picard | Dans le cadre d’une initiative de lutte contre la prolifération atomique, le milliardaire Warren Buffett a promis d’offrir 50 millions de dollars.



LES MILLIARDAIRES américains ont décidé de lutter contre la prolifération nucléaire. Réunissant son conseil des gouverneurs à Vienne, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) étudie aujourd’hui une proposition du deuxième homme le plus riche de la planète, Warren Buffett. Cet investisseur de 75 ans, à la tête d’un empire financier, a promis d’offrir 50 millions de dollars à l’agence pour créer une banque mondiale du combustible nucléaire. Elle offrirait l’accès à l’énergie nucléaire aux pays en développement, sans risque de prolifération des armes atomiques. Les États ayant décidé de renoncer à maîtriser le cycle complet de l’atome, voire à se doter de la bombe, recevraient de l’uranium faiblement enrichi pour alimenter leurs centrales nucléaires et renverraient le combustible usagé pour retraitement, le tout garanti à des prix fixés d’avance.

Annoncée le 19 septembre à Vienne, cette offre généreuse s’accompagne de deux conditions : que l’AIEA supervise le projet et que les États donnent 100 millions de dollars de leur côté. Si ces voeux n’étaient pas suivis d’effets dans les deux ans, Buffett se considérerait dégagé de ses engagements. « Cette promesse de don est un investissement pour un monde plus sûr, soutient-il. J’espère qu’elle les incitera à faire décoller enfin le projet. »

Trente puissances nucléaires d’ici à 2050 ?

Fondateurs d’une ONG consacrée à la lutte contre la prolifération, Nuclear Threat Initiative (NTI, « Initiative contre la menace nucléaire »), l’ancien sénateur démocrate Sam Nunn et le mécène Ted Turner ont convaincu leur ami Warren Buffett de se joindre à eux. L’idée d’une banque mondiale du combustible nucléaire n’est pas nouvelle. Depuis les origines de l’AIEA, en 1957, l’énergie nucléaire devait être rendue accessible au plus grand nombre possible d’États en quête de prospérité. L’AIEA offrait son assistance technique, fidèle à son slogan « Atomes pour la paix ». Cette belle idée fut dévoyée dans le contexte polarisé de la guerre froide et la situation, depuis, n’a fait qu’empirer.

Mohammed ElBaradei, le directeur général de l’Agence, ne cesse de tirer la sonnette d’alarme, prédisant que la planète pourrait compter trente puissances nucléaires d’ici à 2050. « D’après le droit international et le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), tout pays a le droit d’enrichir du combustible nucléaire, précise Sam Nunn. Si de plus en plus de pays font cela, et c’est exactement ce qui est en train de se passer, alors le monde va devenir extrêmement dangereux. »

Dans ce contexte, l’idée d’une banque mondiale du combustible a naturellement ressurgi. Elle a obtenu le soutien intéressé des grandes puissances, à commencer par les États-Unis, la Russie et la France, qui y voient de fructueux débouchés pour leur industrie nucléaire. En 2004, le président américain George W. Bush a appelé de ses voeux un tel projet. La Russie a de son côté annoncé le 26 octobre la naissance en 2007 du premier centre international d’enrichissement de l’uranium à Angarsk (Sibérie orientale), en collaboration avec le Kazakhstan.

« Cette offre généreuse du NTI va donner un coup de pouce à nos efforts pour établir des mécanismes non discriminatoires, non politiques d’approvisionnement sécurisé en combustible pour des centrales nucléaires », se réjouit Mohammed ElBaradei. Une allusion à peine voilée à l’Iran, qui refuse de renoncer à ses activités d’enrichissement de l’uranium.

Le cas de l’Iran | Rappelons que l’état iranien peut avoir accès à 10% de la production du combustible nucléaire civil produit par Eurodif. N’ayant jamais reçu la moindre cargaison de combustible depuis des années, l’Iran serait donc en droit de recevoir pour des décennies de combustible nucléaire civil pour une vingtaine de centrales. Et cet état n’aurait même pas à s’occuper des déchets car l’Eurodif voulu et signé par le Shah prévoyait le retraitement des déchets par la France.

L’actuel effort des mollahs ne concerne pas la production d’un bien dont il pourrait disposer gratuitement. L’actuel effort des mollahs est une amplification délibérée de la crise pour obtenir des Garanties de Sécurité pour la totalité du régime (Iran+Hezbollah). Tant que les occidentaux feront semblant de ne pas comprendre les exigences des mollahs, cette surenchère continuera. Tant que les occidentaux évoqueront pudiquement « le rôle régional de l’Iran » sans préciser ses conséquences pour l’Irak et le Liban, nous aurons droit aux provocations nucléaires des mollahs en Iran.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

Le Projet Russe d’un centre international d’enrichissement de l’uranium :
- L’Iran et le forcing nucléaire Russe
- (02.11.2006)