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Iran : Hillary Clinton fera du Bill Clinton
06.11.2006

Hillary Clinton, sénatrice de New York à qui l’on prête des ambitions présidentielles pour 2008, a prôné le dialogue avec les mollahs, dans une longue allocution aux allures de programme. Elle renouera ainsi avec la ligne défendue par son mari Bill Clinton.



Durant son double mandat, Bill Clinton a entrepris des efforts pour se rapprocher des mollahs : Madeleine Albright a reconnu l’implication de la CIA dans le soulèvement de l’armée iranienne contre le coup d’état procommuniste de Mossadegh [1]. Il s’agit d’un cas unique dans l’histoire des Etats-Unis. Ce pays a reconnu avoir participé à un événement réinventé de toute pièce par le Parti Toudeh et ce dans le but de se réconcilier avec le régime qui fit exploser 241 soldats américains en une seule opération terroriste.

Sous Clinton, les députés américains ont voté la loi Amato pour contraindre le régime des mollahs à respecter ses engagements, cependant Clinton lui-même ne cessa d’enfreindre cette loi en acceptant de la contourner pour soutenir les réformes de Khatami. Ce soutien alla d’ailleurs très loin : Clinton tourna le dos aux Etudiants Iraniens, préférant soutenir le régime et pire encore, il ordonna à la direction de la CIA de ne pas divulguer les informations sur la participation du régime des mollahs aux Attentats des Tours Khobar en Arabie Saoudite. Fier de son action, Clinton pensait pouvoir serrer la main de Khatami dans les couloirs de l’ONU mais ce dernier s’y déroba. Sous Clinton, nous avons même eu droit à une rencontre de foot entre les équipes de l’Iran et des USA pour renouer le dialogue dans tous domaines. Aujourd’hui, les Démocrates s’activent énergiquement pour la reprise du dialogue avec les mollahs afin d’empêcher les sanctions contre eux. Dans un premier temps, ce fut Madeleine Albright qui s’y colla avec des pétitions puis Kerry s’est dit partisan du dialogue avec les mollahs et d’une diplomatie d’inspiration européenne et finalement, il y eut la mission Rubin à Téhéran. Vient maintenant s’ajouter à cette procession, Hillary Clinton, la gauchiste de la famille qui se donne une image de faucon pour gratter quelques voix à droite (c’est la royale de Bill).

Evoquant l’action du gouvernement Bush en Irak, en Afghanistan et avec la Corée du Nord et l’Iran, l’ex-Première Dame a appelé à un retour à la coopération avec le reste du monde. « Nous devons relancer l’internationalisme », a-t-elle expliqué. Une manière déguisée de vouloir soumettre toute action diplomatique contre les mollahs à un consensus international impossible à dégager qui ralentirait les réactions contre le régime des mollahs. Rappelons-le, ce régime a été amené au pouvoir conformément à une doctrine conçue par Brzezinski, le maître à penser diplomatique du parti Démocrate US.

La sénatrice, donnée largement gagnante pour sa réélection au Sénat le 7 novembre, a défendu l’idée de démarches bilatérales avec les Etats à problèmes, critiquant Washington pour son refus de tout contact avec Pyongyang ou Téhéran. « Les négociations directes ne sont pas signe de faiblesse mais de sens du commandement », a-t-elle martelé.

Ce sont les mollahs qui demandent des négociations directes. Se soumettre à leur exigence leur confèrera une légitimité qui leur fait défaut : ils vont devenir les principaux interlocuteurs des USA dans la région. Ils pourront alors négocier des Garanties de Sécurité régionales : ce que I-R n’a cessé d’expliquer.

Cependant, Hillary Clinton joue les amnésiques et oublie que son mari et Madeleine Albright avaient fait cela avec la Corée du Nord et avaient conclu un accord avec le papa de l’actuel dictateur Nord Coréen. Les Etats-Unis avaient alors offert de nombreuses compensations : du pétrole, des subventions et même une centrale à eau légère. La Corée du Nord accepta ces présents et rassura Clinton.

Aussitôt les cadeaux empochés, et les sanctions empêchées (chronologie), la Corée du Nord reprit son programme nucléaire militaire avec une technologie à base de plutonium mais aussi un second programme à base d’enrichissement de l’uranium !

Les avancées technologiques de la Corée du Nord sont le résultat de la complaisance de l’équipe Clinton-Albright. En renouant avec cette politique « champagne », nous risquons d’obtenir le même résultat navrant avec les mollahs. Par ailleurs nous notons que la Ségolène Royale américaine n’est pas à une contradiction prête ; d’un côté elle veut de l’internationalisme et de l’autre de l’unilatéralisme. Il n’y a pas vraiment de contradiction pour Clinton Bis car unilatéralement, elle entend faire une politique qui maintiendra les mollahs au pouvoir et ne lésera pas les intérêts européens en Iran.

Cependant, l’équilibre des forces sera rompu au Moyen-Orient, le Hezbollah sera consolidé, Israël affaibli et le conflit amplifié : ceci incitera de nombreux pays à rompre avec les Etats-Unis afin de chercher un allié moins changeant. Et malgré elle, Hillary contribuera à un affaiblissement américain au Moyen-Orient, car l’arrangement avec l’Iran n’est pas dissociable de l’Irak qui aujourd’hui est contrôlé par les mollahs (du moins ils contrôlent le chaos).

Sa position sur l’Irak découle de ce futur arrangement : la sénatrice, qui en 2003 avait voté pour l’entrée en guerre, prône aujourd’hui un retrait progressif des troupes américaines et la tenue une conférence régionale… Aucune référence au terrorisme, ni au rôle du Hezbollah et ses alliances avec Al Qaeda par l’intermédiaire de l’Iran et de la Syrie ! C’est sûr, Hillary fera du Clinton.

| Mots Clefs | Décideurs : Hillary Clinton |

[1Le coup d’état américain en Iran t les excuses de Madeleine Albright. En 1951, les Etats-Unis n’avaient pas d’intérêts pétroliers en Iran et la nationalisation du pétrole n’a fait que détruire les intérêts énergétiques Britanniques en Iran. Les Américains au contraire y étaient favorables et soutenaient Mossadegh pour mettre fin au monopole énergétique des Britanniques en Iran. Fort de ce soutien, l’Iran aurait pu se libérer de la main mise britannique sur son pétrole et renégocier un accord intermédiaire, mais par son obstination à vouloir marquer l’histoire, Mossadegh entraîna l’Iran et le monde au bord d’un gouffre économique et géopolitique. D’un point de vue économique, l’Iran était étouffé par un embargo décrété par les britanniques qu’aucune compagnie n’osait briser. D’un point vue géopolitique, le Parti communiste iranien de Toudeh était prêt à renverser son allié Mossadegh et demander l’intervention militaire des Soviétiques. Ces derniers avaient amassé leurs chars à la frontière iranienne, laissant entrevoir la possibilité que l’Union Soviétique s’approprie le Golfe Persique et ses richesses pétrolières et ainsi modifie l’issue de la guerre froide… Quand un pays (l’Iran) a 3000 Km de frontières avec les Soviétiques, son Premier ministre ne peut pas se permettre de s’allier à un parti communiste aux ordres de Moscou et de jouer au populiste pour sauver sa propre carrière. En 1951, les américains étaient du côté de Mossadegh (lui-même allié des mollahs) et malgré ses facéties et ses alliances, ils le soutenaient et empêchaient ses adversaires de le renverser. En 1953, les Américains et le clergé l’ont lâché et les forces nationalistes, effrayées par le spectre d’une invasion Russe, ont réagi à temps pour sauver l’Iran du soviétisme (le 20 Août 1953) et ils ont sauvé le monde de la main mise des soviétiques sur le golfe Persique et ses pays producteurs du pétrole. Les iraniens de cette époque connaissaient bien les russes qui avaient occupé l’Iran à plusieurs reprises, et pour la dernière fois 12 ans plutôt en 1941. La légende de l’intervention de la CIA est née d’une propagande nourrie par des communistes iraniens et des camarades d’autres pays.