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Iran : L’Europe peine à trouver une alternative énergétique viable avec la Russie
22.10.2006

L’accord sur les grands principes de coopération énergétique entre les 25 et la Russie annonce en fait un âpre marchandage avec Moscou. Rien ne va plus. La Russie entend garder les privilèges du libéralisme en sens unique : obtenir le droit de vendre son gaz en Europe sans intermédiaires et en échange ne rien concéder sur le marché énergétique Russe. Parallèlement, Poutine se réserve un droit d’inventaire sur les contrats signés par son prédécesseur Eltsine. Ces révisions sont placées sous le sceau d’un procédé inédit.



Très récemment, nous vous avons signalé un regain d’intérêts pour l’écologie en Russie. L’état Russe utilise son Service de Contrôle de l’Environnement, le « Rosprirodnadzor », et des arguments de ce type pour handicaper les compagnies pétrolières étrangères présentes en Russie afin de les condamner à de lourdes amendes et les chasser de la Russie sans que cette éviction ne soit comptabilisée comme du nationalisme économique.

Nous prédisions la généralisation de ce procédé frauduleux à l’ensemble de la Russie et nous n’avions pas tort. Nous pensons également que les alliés énergétiques de la Russie prendront exemple sur leur puissant allié. En attendant ce cauchemar, nous venons d’avoir la preuve du caractère frauduleux du procédé écologique de Vladimir Poutine.

L’organisation écologiste Greenpeace a dénoncé un projet de loi soutenu par le Kremlin qui supprime toute expertise écologique indépendante indispensable pour mener des projets de construction en Russie, d’oléoducs, d’usines chimiques et de centrales nucléaires et permet à la Russie d’échapper à ses propres engagements dans le cadre des conventions écologiques internationales auxquelles elle participe.

Adopté le 20 septembre en première lecture par les députés, ce projet « autorise la construction des centrales nucléaires, usines de destruction des armes chimiques, infrastructures pour l’extraction, le raffinage et le transport du pétrole sur le sol, sans recours à une estimation provisoire de leur danger écologique », affirme Greenpeace. Cette loi élimine même la nécessité d’expertise d’état ce qui de facto interdit les expertises étrangères dont celles des ONG écologistes. Par ailleurs ce tour de passe-passe permet à la Russie de déterminer selon ses convenances du moment ce qui est écologique et ce qui ne l’est pas.

On peut ainsi décréter que les compagnies pétrolières étrangères détruisent les trésors écologiques russes et en même temps octroyer à Gazprom des droits d’exploitation ne suivant aucune norme. Cette loi montre en effet aussi, que l’existence d’un Parlement, de partis politiques et d’élections ne sont pas synonymes de démocratie ou même d’un projet démocratique. Avis aux zélateurs [1] de renforcement des relations énergétiques avec cet état qui fait de l’arbitraire une règle, les relations avec la Russie seront conflictuelles tant que ce pays pourra dicter sa loi à ses clients Européens car ces derniers n’ont aucune autre alternative énergétique. Nous vous envoyons à un article écrit en MAI 2006 sur ce sujet !

WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Comment ça marche ? | Le « Rosprirodnadzor », le Service de Contrôle de l’Environnement, ne s’intéresse qu’aux compagnies pétrolières étrangères dans les exploitations où Gazprom ou Rosneft n’ont aucune participation. Selon Nezavissimaïa Gazeta, Rosprirodnadzor est devenu l’instrument d’avertissement destiné à montrer qu’il faut se mettre d’accord avec les autorités Russes.

Les ennuis du consortium Sakhalin Energy détenu par l’anglo-néerlandais Shell (55%) et les japonais Mitsui (25%) et Mitsubishi (20%) seraient donc dus à sa réticence d’accorder une participation de 25% à Gazprom sur le site Sakhaline 2 ! Et apparemment l’avertissement n’a pas été très efficace jusque-là.

Le 18 octobre, les Russes avaient même écarté l’option d’un arrêt immédiat des activités sur Sakhaline 2 en faisant noter qu’il faut attendre l’évaluation définitive des dommages écologiques dans un rapport prévu pour l’été 2007 ! Mais aujourd’hui, sans tenir compte du délai apparemment nécessaire pour l’enquête écologique, le gouvernement russe a soudainement évoqué un arrêt de Sakhaline 2 en prétextant des violations continuelles des lois gouvernementales !

Un autre grand projet, Sakhaline 1, dirigé par l’américain ExxonMobil, est dans le collimateur du Service de Contrôle de l’Environnement et doit être vérifié à partir du 9 novembre. La presse russe affirme que Rosneft voudrait augmenter de 20 à 40% sa part dans ce projet. Quant à Loukoïl et à Rosneft, elles font l’objet de vérifications uniquement pour tenter de prouver qu’il y a un « équilibre » et lever les soupçons de poursuites « politiques », estime la presse.

Instrumentalisation | Après l’affaire Ioukos, dans laquelle le premier rôle appartenait aux Services Fiscaux qui ont aidé le Kremlin à enterrer une compagnie trop indépendante du pouvoir, les autorités russes ont choisi le contrôle écologique. Selon Nezavissimaïa Gazeta, « son efficacité pourrait être même plus grande que celle des services fiscaux, mécanisme traditionnel de la pression de l’Etat Russe sur les compagnies indésirables ».

[1Les zélateurs de renforcement des relations énergétiques avec la Russie :
- Emmanuel Todd | Bonnet d’âne d’octobre
- Jean-Marie Le Pen | Analyse de son communiqué pro-mollahs
- Pascal Boniface | Vidéo de sa conférence