L’Iran imitera bientôt la Russie 06.10.2006 Le ministère russe des Ressources naturelles a indiqué jeudi avoir transmis au parquet des informations sur des dommages écologiques causés par les travaux d’une filiale du groupe pétrolier italien Eni sur le site de Sakhaline 2 dans l’Extrême-Orient russe. En effet dans son offensive énergétique, l’Etat Russe, par l’intermédiaire de sa société gazière Gazprom, a conclu de nombreux contrats de partenariat avec différents pays dont, la Grèce, l’Algérie et l’Italie. Dans le cas de ce dernier, l’accord se portera sur toutes les étapes, de la production à la commercialisation de pétrole, de gaz, d’électricité et de gaz naturel liquéfié (GNL). Selon cet accord Gazprom pourrait vendre sa production sur le marché italien sans intermédiaire et en échange, Eni serait associé à la recherche de sources d’hydrocarbures en Russie. Les ennuis rencontrés par ENI sur le site de Sakhaline remettent en cause cette recherche. Ce sont les habitants de cette région qui ont porté plainte et parfois manifesté violemment leur colère. L’écologie est devenue un moyen terroriste au service de Moscou pour bloquer les droits de ses partenaires. Partout où il y a des adversaires de Gazprom, la Russie se pose en champion de la cause écologique. L’autre exemple est son opposition (et celle des mollahs) à la création d’un pipeline subaquatique dans la mer Caspienne, un tube qui libérerait les pays d’Asie Centrale d’un partenariat avec Gazprom. Evidemment, cette double opposition est une bonne chose pour notre belle Caspienne, mais la motivation des Russes et des mollahs est de contrôler le transit des hydrocarbures vers son client potentiel, c’est-à-dire l’Europe. Les ennuis écologiques d’ENI ont un amer goût de déjà-vu et durant les semaines précédentes, d’autres compagnies étrangères (Shell, Total, Exxon) à la recherche d’hydrocarbures en Russie ont expérimenté le soudain intérêt des paysans russes pour l’écologie. C’est bien habile, les recherches d’hydrocarbures peuvent effectivement causer des dégâts écologiques alors que la vente ne représente aucun risque écologique. Les contrats de partenariat russe sont bien amusants. Mais l’Italie paie le prix de son affairisme qui est à l’image de celui de tous les autres états Européens. Tous considèrent le pétrole comme une source d’énergie et non comme un enjeu géopolitique. Très intelligemment, la Russie concentre son effort sur un projet extrêmement simple : contrôler le transit des hydrocarbures et principalement vers l’Europe. Et l’Italie n’a pas vraiment le choix : 30% de ses besoins énergétiques sont assurés par le Gaz. Et la Russie et son nouveau partenaire algérien détiennent la majeure partie des importations italiennes de Gaz. La solution n’est pas matérielle mais stratégique. Or, les Italiens ont choisi la facilité en décrétant que la solution était matérielle et qu’il fallait devenir partenaire avec son fournisseur. Le défaut majeur de cette supposition est l’absence de réciprocité dans le partenariat et c’est ce que nous avons souligné dans l’article consacré au Partenariat Paris-Berlin-Moscou. Ce qui arrive à l’Italie arrivera sous peu à la France qui fait le même très mauvais calcul parce que ce pays et tous les Européens n’envisagent pas le pire. Ils estiment qu’ils ont les moyens de se reporter sur le gaz Iranien. Les Etats Européens refusent d’envisager que l’intérêt de l’Iran (des mollahs) puisse être d’aider la Russie à créer un Cartel des pays de transit de pétrole.
[1] NB. En réponse aux agissements de Moscou, Eni a annoncé que la signature de l’Accord de Partenariat avec Gazprom, prévue initialement pour le 15 octobre, pourrait être repoussée. Si les Italiens repoussent l’Accord, la Russie aura toujours le moyen d’exercer des représailles en stoppant la livraison du gaz vers le pays car la Russie possède des portions du pipeline la reliant à l’Europe et sans posséder tout le réseau, elle peut arrêter la livraison par des moyens indirects : attentats sur le réseau en Turquie, travaux de révision sur les portions qui lui appartiennent…
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