En d’autres termes, tant que Khamenei et son bureau n’ont pas approuvé, on peut toujours imaginer que les propos des uns et des autres puissent être infirmés, contredits ou même démentis sans autre forme de procès. Par contre ce qui est dit par Khamenei a une valeur plus importante où sa parole même si elle n’est pas parole d’évangile a force de loi : aller à son encontre est considéré comme un acte blasphématoire et anti religieux.

A ce jour de nombreux officiels avaient dit qu’il n’était pas question pour le régime de Téhéran de faire marche arrière dans le problème du nucléaire mais Khamenei n’avait pas encore fait entendre lui-même sa voix ce qui laissait encore un espoir de voir le régime iranien revenir à des sentiments plus pacifiques.

Mais les choses viennent de changer. On sait dorénavant que tout changement serait à considérer comme une marche arrière et une remise en cause de la toute puissance spirituelle du Guide suprême et serait donc un revers religieux.

En effet, aujourd’hui dans une allocution télévisée le Guide suprême de la révolution, le successeur politique et religieux de Khomeiny a dit que « dans ses activités nucléaires la république islamique ne reculera jamais ». Dans ce discours, Khamenei a fait l’éloge des jeunes ingénieurs (nucléaires) de son pays, en disant que ces derniers conduisaient le pays à la victoire et préparaient son avenir. [1]. Selon l’autorité ultime de la république islamique, tout recul même le plus petit sur ce sujet sera l’équivalent d’un échec total à 100%.

Les propos de Khamenei intervenaient au moment même où Larijani était en discussion avec son homologue russe Igor Ivanov venu tenter d’emmener l’Iran à cesser son programme d’enrichissement nucléaire. Les observateurs ont noté un fait plutôt étrange, qui est qu’à la fin de la première rencontre entre les deux hommes et contrairement aux habitudes de Téhéran, aucun communiqué sur le sujet n’a été publié.

Khamenei a déjà changé d’avis sur de très importants sujets, se contredisant sans rougir. Le 21 mars dernier, il donnait sa bénédiction à des négociations directes avec les Etats-Unis alors que quelques mois plus tôt, il avait qualifié les partisans de cette solution de « foireux ». Cependant son intervention pendant les négociations avec les Russes est importante car c’est un moyen habile pour éviter au régime d’accepter les propositions de la Russie.

La priorité absolue pour le régime des mollahs est d’amplifier la Crise afin d’obtenir gain de cause : des Garanties de Sécurité (lien) et le droit à l’enrichissement à 10% sans doute pour s’orienter vers une bombe à base de plutonium commercial [2].

Les mollahs veulent conduire les négociations dans une impasse et imposer des négociations directes entre les USA et l’Iran. Les propos de Khamenei ne sont pas dirigés contre les Russes, mais contre une normalisation rapide du conflit entre l’Iran et la communauté internationale. Amplifier la Crise, gagner du temps, modifier les objectifs, multiplier les interlocuteurs : une batterie de mesures dilatoires dont le seul inconvénient est qu’elle crée des problèmes insurmontables aux meilleurs alliés des mollahs que sont les Russes.

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