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La Chine n'utilisera pas son veto : décodage
09.05.2006

L’ambassadeur Chinois aux Nations Unies a déclaré que son pays ne ferait pas usage de son droit de veto au Conseil de sécurité. Il a cependant rappelé son opposition à une résolution sur le gel du programme nucléaire iranien.



Est-ce peut-être un avertissement adressé à l’Iran afin qu’il ne se montre pas confiant en tablant sur un veto chinois ou un double veto sino-russe.

Il y a aussi la volonté des Chinois de ne pas suivre les Russes et d’affirmer leur position face aux Etats-Unis. Cette appelle est important car il oblige les Russes à se prononcer au sujet de leur droit de veto en s’alignant sur les positions Chinoises. Les Russes ne peuvent courir le risque de s’isoler. Au-delà des conflits d’intérêts entre les Etats-Unis et les économies émergentes de l’Asie, il existe aussi une compétition entre les Russes et les Chinois.

Le renoncement au droit de veto, s’il se maintenait, confirmerait que la chine veut conserver le leadership des économies émergentes de l’Asie et l’Asie Centrale. Les pays d’Asie Centrale intéressent la Chine qui ne peut être otage de son appétit pour le pétrole.

La débâcle programmée du régime des mollahs pousse les Chinois à diversifier leurs sources pétrolières. La Russie peut devenir un fournisseur de choix pour la Chine, mais la Chine ne peut se permettre d’être à la merci d’un fournisseur qui est aussi un concurrent. L’axe sino-russe pose un véritable défi à l’Europe et la crise iranienne confirme sa fragilité. La présente décision chinoise de ne pas utiliser le droit de veto est un avertissement pour les Iraniens mais aussi les Russes. C’est ce qui fait la difficulté du règlement de la crise iranienne. La crise elle-même est « un » des éléments du futur ordre mondial qui déterminera le contrôle de la production du pétrole.

La Russie s’était posée en arbitre du jeu au moment où les Européens avaient soutenu qu’elle puisse continuer les négociations nucléaires avec l’Iran. Evidemment, l’Europe pensait que la Russie étant juge et partie, on pourrait éviter que le dossier iranien ne soit renvoyé au Conseil de Sécurité. Cette stratégie a aussi échoué car les mollahs ont saisi que les Européens n’ont pas la volonté d’imposer des sanctions économiques : les sanctions handicaperaient en premier lieu les partenaires de l’Iran et l’Europe est le plus grand partenaire commercial de l’Iran.

La manoeuvre Européenne a revigoré le rôle de la Russie qui est devenue l’arbitre du jeu : rôle qu’elle conserva en entretenant le doute sur l’usage ou pas de son droit de veto. La déclaration chinoise a déstabilisé cette mainmise Russe sur l’Iran.

L’Iran jouit d’une position stratégique sur l’échiquier planétaire. Celui qui le contrôlera aura un avantage sur les autres mais surtout et en même temps celui qui sera privé de ce contrôle sera très affaibli. La Chine préfère encore qu’un tiers contrôle l’Iran plus tôt que ce soit son imposante voisine, la Russie.

Pour en savoir + sur la Russie comme exportateur de pétrole :
- Russie-Iran Islamique : une alliance dangereuse (19.12.2005)

mais encore :
- IRAN - RUSSIE : L’ENJEU PETROLIER (05.12.2005)


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