Accueil > News > Analyse : l’Afghanistan ne considère pas l’Iran comme un état terroriste



Analyse : l’Afghanistan ne considère pas l’Iran comme un état terroriste
23.03.2006

Le chef de la diplomatie afghane, Abdullah Abdullah, a déclaré mardi que son pays ne partageait pas les craintes des Etats-Unis sur la menace terroriste que représenterait l’Iran, en soulignant que Téhéran avait apporté son aide à Kaboul.



« L’Iran nous a aidé dans notre processus de reconstruction. L’Iran a soutenu le processus politique en Afghanistan », a déclaré le ministre à Washington où il vient d’avoir deux jours d’entretiens officiels.

Interrogé sur la menace terroriste que représenterait l’Iran, M. Abdullah a déclaré : « Nous n’avons aucune preuve de tentatives (de l’Iran) contre l’Afghanistan ».

Le ministre afghan des Affaires étrangères s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec le numéro trois du département d’Etat, Nicholas Burns, secrétaire adjoint aux Affaires politiques qui a lui, au contraire, longuement accusé l’Iran d’être depuis longtemps un pays soutenant le terrorisme.

Abdullah Abdullah est Ministre des Affaires étrangères de l’Etat islamique d’Afghanistan. Le régime des mollahs a insisté auprès des américains pour empêcher le retour de la monarchie afin que l’Afghanistan ne puisse se libérer de ses références à l’islam comme ciment national. Les Américains ont cédé car ils sont eux-mêmes sceptiques sur les chances de la démocratisation et tablent sur l’islam modéré oubliant que la démocratie en Europe s’est frayée un chemin en empruntant la voie de la laïcisation de la sphère politique.

Les Américains établissent un parallèle entre leur démocratie fondée par des Protestants persécutés en Europe et l’avènement des démocraties au Moyen-Orient sous l’égide d’un islam modéré, négligeant le fait que l’islam modéré n’est pas comparable au protestantisme. Cette négligence quant à la nature des religions en place, leur évolution et les tendances actuelles sont au coeur des problèmes.

L’Islam modéré qui pourra exister un jour n’est pas la finalité mais le moyen de parvenir à la tolérance religieuse et au respect des droits de l’individu qui sont les fondements de toute démocratie. Or, il semblerait que les Américains et d’ailleurs les Européens attribuent des vertus magiques à l’islam modéré au point de le substituer à la démocratie et de le voir comme une finalité en soi.

C’est pourquoi ils ont préféré tabler sur Karzaï et son équipe et projettent ce même genre de négligence en Iran en soutenant les Ganji, Sazgara et Ebadi. Pourtant l’échec de la « démocratie islamique irakienne » devrait être suffisant. Mais, non, il n’en est rien et l’islam modéré continue de fasciner pour de fausses bonnes raisons.

De vraies raisons inquiétantes existent : Karzaï et Abdullah Abudllah en Afghanistan et Chalabi, Talabani, Jaafari et Sistani en Irak sont proches du régime des mollahs. Ce régime a même généré ses propres dissidents (Ebadi, Ganji, Kadivar, tous d’anciens Khomeynistes !).

Dissidents qui estiment que l’Islam est compatible avec la démocratie et qui remettent en cause le rôle fondateur de la laïcité et de l’universalité des droits de l’individu. Le soutien de Karzaï aux mollahs n’a rien d’étonnant, c’est la surprise des diplomates américains qui nous inquiètent car au lieu de tendre la main aux forces nationales partisanes de la laïcité et de la modernité, ils font invariablement les poubelles du régime des mollahs et soutiennent ces forces hybrides qui proposent une fausse solution.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Afghanistan |

| Mots Clefs | Enjeux : Islam & Modernité |