Accueil > News > Ariel Sharon donne son point de vue sur l’Iran



Ariel Sharon donne son point de vue sur l’Iran
25.07.2005

« Un Iran nucléaire ne peut pas être toléré »

LE FIGARO. - La France et les deux autres pays européens concernés, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ont-ils raison de poursuivre les négociations sur le nucléaire avec l’Iran malgré l’élection du président Ahmadinejad ?

- Ariel SHARON. - La France mène une action très positive au sein du trio des puissances européennes face à la menace du nucléaire iranien. Un Iran nucléaire serait d’abord un danger existentiel pour Israël, mais aussi un danger pour tout le Proche-Orient comme pour l’Europe. On ne peut pas tolérer que l’Iran devienne une puissance nucléaire.

L’Iran déclare ouvertement qu’un de ses objectifs nationaux est la destruction d’Israël. Ce pays est un centre du terrorisme international.

Il a les moyens balistiques de menacer l’Europe.

Simultanément, Téhéran joue les prolongations, en menant une négociation à long terme avec l’Union européenne. Il ne faut pas lui laisser le loisir de gagner du temps.

Ce pays ne donne aucun signe qu’il pourrait être disposé à renoncer à ses efforts nucléaires. Bien au contraire !

L’Iran doit arrêter et démanteler immédiatement tout le cycle d’enrichissement du combustible nucléaire.

L’Iran conduit un programme nucléaire civil et un programme clandestin, qui se complètent l’un l’autre. Or le programme clandestin continue aujourd’hui.

Préconisez-vous des sanctions internationales ?

- Les Iraniens redoutent les conséquences que peuvent avoir des sanctions internationales sur la stabilité de leur régime [1]. La communauté internationale doit mener jusqu’à son terme la logique diplomatique, et ensuite créer une coalition unie pour transférer ce dossier au Conseil de sécurité de l’ONU. Des sanctions économiques et sociales peuvent exercer une vraie pression sur le régime iranien. On devrait peut-être envisager de commencer par des sanctions économiques avant même la transmission du dossier au Conseil de sécurité.

Certains attendent des changements provenant de l’intérieur de l’Iran...

- Le résultat des dernières élections n’encourage pas ce genre d’attentes. Seule une pression internationale pourrait créer, à l’intérieur du pays, les conditions d’un changement.

A quelle échéance pensez-vous que l’Europe devrait arrêter les négociations ?

- Le plus rapidement possible. Car seuls des problèmes techniques empêchent aujourd’hui les Iraniens d’avancer. Une fois qu’ils les auront résolus, le point de non-retour aura été atteint.

Etes-vous prêt à employer des moyens militaires pour empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique ?

- Ce n’est pas Israël qui est à la tête de cette campagne, même si nous échangeons des informations avec les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Nous ne prenons pas de dispositions pour une action militaire contre l’Iran et nous n’en avons pas l’objectif. Nous croyons dans les pressions internationales sur l’Iran.

Les négociations avec l’Europe supposaient un accord avec contrepartie pour les mollahs : nouveaux contrats passés avec l’Iran.

L’Iran avait le choix entre cette carotte ou le bâton des sanctions qui restait d’actualité. Aujourd’hui cette épée de Damoclès ne menace plus les mollahs de la République Islamique.

Alors que les Européens volontairement ou inconsciemment ont joué le rôle de frein contre leur allié américain et qu’ils s’enlisaient dans les négociations et la gestion des provocations des mollahs, la République Islamique oeuvrait pour se rapprocher des russes et des chinois, deux états émergeant, deux puissances nucléaires et surtout deux membres permanents du Conseil de Sécurité avec la faculté de faire échouer toute demande de sanctions contre la République Islamique.