Nabucco : Analyse IRAN-EU - Le gazoduc Nabucco devrait permettre de livrer jusqu’à 30 milliards de mètres cubes de gaz par an en Europe. Son coût est évalué par OMV à 4,6 milliards d’euros. Le gazoduc traversera la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie avant d’arriver en Autriche. Le projet Nabucco avait été proposé fin août 2004 [2] au régime des mollahs : c’est-à-dire au moment même où les négociations entre la République Islamique et la Troïka étaient dans une impasse. Plus précisément au moment où le régime des mollahs était soupçonné de construire de nouvelles centrifugeuses. Afin d’amadouer le régime des mollahs, l’UE qui multipliait les déclarations de fermeté, proposait en cachette d’importants deals commerciaux aux mollahs. Le projet Nabucco en fait partie. La signature de l’Accord de Paris, qui suivit en novembre 2004, laisse supposer que les Européens avaient dû se surpasser en matière de compensations.

Or, aujourd’hui on sait que les mollahs faisaient semblants et qu’ils voulaient confondre les Européens et les humilier pour attirer les Américains à la table des négociations. Les Européens n’ont cessé d’espérer renverser la vapeur et prendre les mollahs à leur propre jeu. C’est pourquoi à l’approche des possibles sanctions, l’UE charge la nouvelle présidence Autrichienne de proposer à nouveau le projet Nabucco aux mollahs. C’est là deux des faiblesses majeures de la diplomatie franco-européenne : absence de perspective politique globale et primauté de l’économie sur la diplomatie. C’est presque pitoyable.

Quand en août 2005, le ministre français des Affaires Etrangères rappelait aux mollahs que l’UE voulait faire de l’Iran le principal fournisseur de pétrole de l’Europe, c’est à Nabucco qu’il pensait. Les mollahs avaient alors refusé l’offre, la main tendue et toutes les larmoyantes demandes Franco-européennes.

Les mollahs ne peuvent ni refuser, ni accepter ce projet, ils n’en ont pas besoin, c’est l’Europe qui en a besoin. Cette maladroite annonce le jour de la levée des scellés à Natanz, prouve que l’Europe est soumise aux rusés mollahs de la république islamique. Cette annonce est la preuve que l’Europe est faible, qu’elle divise et que les mollahs peuvent toujours compter sur son « espèce de diplomatie ».

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Nabucco : Analyse RUSSIE-EU - Non seulement, l’UE ne songe pas à mettre sous pression le régime des mollahs, mais elle fait tout le contraire. La crédibilité diplomatique de l’UE est nulle auprès des mollahs. L’UE cherche à évincer la Russie. Pourquoi ?

Dans les négociations avec les mollahs, les Européens ont passé le relais à la Russie afin que ces derniers les remplacent dans le rôle du frein anti-sanctions américaines.

Mais l’UE a vite compris que ce sont les Russes qui rafleront la mise, le contrat avec les mollahs et tous les futurs marchés nucléaires en Iran, peut-être aussi ceux dans la région du Golfe et plus spécifiquement dans les pays musulmans. En plus, la Russie a obtenu au cours de l’année 2005 le statut d’observateur auprès de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Et l’année prochaine, la Russie va assurer la présidence tournante du G8 et elle projette de se concentrer sur la mise en œuvre du plan d’action « Partenariat pour le progrès et avenir commun avec la région du Moyen-Orient élargi et de l’Afrique du Nord », plan adopté au Sommet du G8 aux Etats-Unis en 2004.

Le succès de la proposition Russe allait être un coup dur pour les Européens et plus particulièrement pour ceux de la Troïka : le transfert de la technologie nucléaire sera le meilleur sinon l’unique atout économique des Français et des Allemands dans les vingt prochaines années. Si ces deux pays ne veulent pas rétrograder dans le classement mondial des pays les plus riches, ils doivent maîtriser ce marché.

La crise du gazoduc ukrainien a prouvé aux Européens qu’ils s’étaient eux-mêmes livrés à un adversaire impitoyable. L’Europe continue dans la voie du « coup par coup » en essayant de corriger le tir de ses erreurs passées. Elle s’est fait berner par les mollahs sur le dossier nucléaire, mais au lieu d’admettre son erreur, elle a cherché à contourner le problème. L’UE n’a pas une ligne diplomatique forte, elle n’a pas d’armée et elle est très dépendante sur le plan énergétique : Elle est prise au piège qu’elle avait elle-même tendu. Désormais, il lui faut évincer les Russes ou reconnaître ses erreurs. Cette dernière option étant exclue pour de mystérieuses raisons, l’UE s’enfonce et contribue à diviser le camp des adversaires des mollahs.

Volontairement ou involontairement, l’Europe demeure le meilleur allié des mollahs.

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