Le président d’Iran a exposé à la critique non seulement son propre pays, mais aussi plusieurs autres Etats, dont la Russie. On a l'impression qu'il le fait exprès. Pourquoi ?

Rappelons qu’en séjournant à La Mecque où il a participé au sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), le président iranien a proposé aux Etats européens, avant tout à l’Autriche et à l’Allemagne, qui s’estiment responsables du massacre des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, d’offrir une partie de leur territoire à Israël. Ensuite, il a parlé, dans son discours, des souffrances des Palestiniens, de leur oppression par les occupants israéliens, alors que la communauté internationale laisse faire.

A noter que Mahmoud Ahmadinejad ne cache pas ses opinions et qu’il a remporté les élections iraniennes, entre autres, grâce à sa position rigide en politique étrangère. Mais la mode de la contestation par certains hommes politiques de la réalité de l’Holocauste relève du passé, si elle a jamais existé. C’est pourquoi ce comportement ne peut être qualifié que d’inadéquat.

Certes, en tenant ces propos, Mahmoud Ahmadinejad a rendu un mauvais service aux leaders du monde islamique qui ont examiné au sommet de l’OCI les moyens d’améliorer l’image de l’islam aux yeux de la communauté internationale. Les diatribes lancées par le président iranien à l’adresse d’Israël ne contribuent pas à l’amélioration de l’image de l’islam, car celle de l’Iran est indissolublement liée à l’islam, en dépit des affirmations selon lesquelles la religion n’a rien à voir avec la politique.

Mahmoud Ahmadinejad a également rendu un mauvais service aux dirigeants palestiniens qui, malgré toutes les difficultés, ont l’intention de dialoguer avec Israël. Bien que le règlement palestino-israélien progresse difficilement, personne en Palestine ne conteste aujourd’hui officiellement le droit d’Israël à l’existence. Rappelons que c’est la reconnaissance de l’Etat d’Israël par l’Organisation de Libération de la Palestine qui a été le point de départ du règlement pacifique en 1993.

Les déclarations de Mahmoud Ahmadinejad ont suscité l’irritation à Moscou non seulement parce qu’elles sapent la stabilité de la paix au Proche-Orient. On a l’impression que Téhéran a fait sciemment un croc-en-jambe à la Russie. D’autant plus que le président iranien n’en est pas à son coup d’essai. Fin octobre, lorsque le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov essayait d’expliquer à Jérusalem pourquoi Moscou s’oppose au renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Mahmoud Ahmadinejad a repris à son compte les propos tenus par l’imam Khomeiny qui estimait qu’Israël devait être rayé de la carte. A présent, les propos scandaleux à l’égard d’Israël ont retenti quelques jours après l’annonce de la conclusion avec la Russie du contrat de fourniture à l'Iran de systèmes de missiles anti-missiles russes Tor-M1.

D'ailleurs, la nouvelle du contrat militaire russo-iranien a suscité une vague de critiques attendue de la part de plusieurs pays occidentaux, en premier lieu des Etats-Unis et d'Israël, bien que, formellement, ce contrat soit entièrement conforme à tous les standards internationaux. Tor-M1 est un système défensif, et non pas offensif. Il est destiné à protéger les ouvrages administratifs et militaires importants contre les frappes aériennes. Cependant, les Etats-Unis et Israël affirment que ces fournitures permettent à l'Iran de se sentir intouchable. Mais il est évident que, dans cette situation, même si les arguments de Moscou sont absolument justes et logiques, la déclaration du président iranien lui a joué un mauvais tour.