En accusant les mollahs d’être derrière les insurgés de Bahreïn et du Yémen, les Arabes ont joué un coup médiatique intéressant contre Washington. La preuve de l’intérêt du coup est le silence des Américains pourtant si prompts à condamner l’ingérence des mollahs au Moyen-Orient.

Les Américains refusent d’admettre l’ingérence des mollahs car ils ne pourraient plus soutenir les insurgés de ces pays pour renverser les dirigeants alliés qui ne leur conviennent plus car ils acceptent de vendre leur pétrole aux Chinois. Ils se taisent aussi car cette accusation empêche de s’approcher de la république islamique et de signer une entente indispensable pour rapatrier leurs pions et prendre le pouvoir de l’intérieur afin de disposer d’un allié islamiste capable d’agiter l’Asie Centrale pour chasser les Chinois et prendre leurs gisements pétroliers et gaziers. Il y a de quoi fâcher les Américains car l’enjeu de cette conquête est de devenir le patron du marché pétrolier mondial devant les Britanniques qui ont actuellement les plus grandes réserves pétrolières du monde via BP, Shell et une myriade de petites compagnies présentes et très actives en Afrique.

En cherchant à contrarier les plans de Washington dans leur région, les Arabes ont lancé une grosse pierre dans la mare des intérêts américains ! S’en doutaient-ils ? peut-être pas ! Le regrettent-ils ? peut-être ! Mais les dés ont été jetés et l’on ne peut pas revenir en arrière !

Mais cela ne fait pas que des malheureux arabes et américains. Les mollahs sont ravis car – on le sait – ils ne veulent pas l’entente empoisonnée souhaitée par Washington et l’un de leurs moyens pour empêcher tout rapprochement a été de se positionner comme le grand manitou de la révolution islamiste mondiale, ce que l’on vient de leur offrir sur un plateau !

Leur joie est d’ailleurs sans limite car les mollahs avaient été très gênés par l’ingérence américaine qui avait transformé le Grand Satan américain en leader de la rue arabe. Ils ont essayé de restaurer leur propre rôle en apportant un soutien exagéré aux insurgés financés par Washington et protégés par la CIA notamment en se positionnant contre Kadhafi qui a toujours été un de leurs alliés. Mais c’est ainsi en politique. Washington avait alors puni les mollahs en réactivant les attaques de ses terroristes kurdes de Pejak contre les Pasdaran. Puis les insurgés arabes et chiites qu’il finance pour servir ses intérêts avaient nié toute relation avec le régime des mollahs. La république islamique avait doublement perdu la face. Elle retrouve des couleurs grâce aux Etats Arabes qui l’ont accusée car ils ne peuvent pas entrer directement en conflit avec Washington.

Les Etats Arabes ont fait le bon choix car depuis leur annonce on entend la république islamique leur donner des ordres comme si elle était véritablement le patron de l’insurrection ! Ce n’est qu’un début. Nous verrons le régime des mollahs s’engager dans une course aux slogans et à l’ingérence avec des ordres les plus délirants pour exploiter au maximum cette occasion inespérée depuis sa défaite face à Israël dans la guerre de Gaza et aussi depuis l’OPA lancée par la Turquie sur le Hamas. Cet activisme s’amplifiera à mesure que Washington augmentera sa pression et cherchera à intimider les mollahs avec des attaques frontalières par l’intermédiaire du Pejak ou du Jundallah pour les forcer à accepter la transition des pouvoirs vers ses pions islamistes iraniens.

Les Etats Arabes du Golfe Persique ont en fait lancé une réaction en chaîne. Ils seront eux-mêmes un peu chahutés par cette fuite en avant des mollahs, mais ils ont l’habitude et surtout cela n’est rien à côté de la possibilité effrayante d’être renversés. Par ailleurs, le super activisme des mollahs va casser tous les efforts d’apaisement de Washington pour parvenir à une entente avec ces derniers. Ce qui est également bon pour les Arabes car la superpuissance des Américains sur le marché pétrolier est très mauvaise pour l’OPEP. Ils gagnent donc à court terme et à long termes sur deux plans : leur sécurité politique et leur sécurité économique.

Les (citoyens) Iraniens sont également gagnants car cette accusation et ses conséquences neutraliseront l’entente américaine destinée à perpétuer le modèle islamique qu’ils souhaitent renverser. L’accusation a déjà porté ses fruits car la chaîne publique américaine en persan, la VOA-Farsi, a annulé le « dialogue (chat) télévisuel entre Hillary Clinton et les Iraniens » car l’administration Obama ne sait pas justifier son silence sur l’accusation arabe diabolisant les mollahs, un silence bien nuisible pour ses pions.

Si dans cette situation, Washington persistait à utiliser les attaques de ses séparatistes kurdes ou Baloutches pour dominer les mollahs, il ne ferait que démoraliser les derniers partisans du régime, ce qui fragiliserait davantage les mollahs et aiderait les Iraniens à en finir avec le régime islamique.

En cherchant à sauver leur peau, les Arabes du Golfe Persique ont en fait provoqué une situation très intéressante ! C’est pourquoi, malgré leur inimitié pour l’Iran, nous leur disons Shoukran et Marhaba !

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article complémentaire sur le silence de Washington :
 Iran / Etats-Unis : La guerre silencieuse
 (12 AOÛT 2010)