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Iran : La semaine en images n°162
27.03.2011

Contexte et enjeux de la semaine | Il y a 11 jours, le mardi 15 mars, les Iraniens ont massivement célébré la fête interdite du Feu en chantant et en dansant dans des réunions mixtes et publiques, ce qui est également interdit, afin de montrer le plus explicitement possible leur rejet du régime islamique. Le déroulement sans heurts de cette soirée de contestation joyeuse a également confirmé de manière explicite que le régime n’avait plus le soutien de ses milices et ses services de renseignement et que par conséquent, il se résumait à ses hauts dirigeants entourés de quelques milliers de policiers.

Le régime a compris que cela pouvait paniquer ses derniers collaborateurs en Iran, mais aussi ses amis en Palestine, afin que les premiers ne l’abandonnent pas pour fuir et les seconds ne l’abandonnent pas pour chercher d’autres protecteurs, le régime avait annoncé des manifestations islamiques en faveur des frères chiites révoltés de Bahreïn pour montrer qu’il possède des troupes islamistes fidèles. La première manifestation a été ridicule. Le régime a alors de nouveau tenté sa chance le vendredi 19 mars. Le nombre de participants était de 40% inférieur à ce qu’il devait être. La nuit de contestation du 15 mars avait visiblement découragé les derniers fidèles du régime.

Pour ne pas couler davantage, au cours de la semaine dernière, le régime a changé son approche : il a continué à mettre en avant son soutien aux révoltés islamistes de Bahreïn pour rassurer ses amis palestiniens, il a même relancé la guerre terroriste en direction d’Israël, mais il a abandonné l’idée de manifestations islamiques en Iran. Le régime devait cependant faire preuve d’autorité pour rassurer ses derniers partisans. Manquant de troupes pour se lancer dans des manœuvres d’intimidations, le régime a occupé le terrain médiatique avec divers évènements pour afficher une force tranquille.



La force tranquille est l’expression d’un régime sécuritaire et sûr de lui qui n’a pas besoin d’une forte présence policière visible pour intimider sa population. Mais on ne peut passer d’une présence agitée à aucune présence pour faire état d’une force tranquille. C’est pourquoi le régime devait montrer ses policiers avant de les retirer de la rue comme un lapin que le prestidigitateur sort de son chapeau avant de le faire disparaître.

Mais cela ne pouvait pas avoir lieu samedi au lendemain de son flop car le régime n’aurait pas alors été dans une réaction de force tranquille, mais dans une réaction nerveuse. Pour ne pas être dans ce cas, le régime devait attendre. C’est pourquoi en début de la semaine, le régime et ses dirigeants étaient aux abonnés absents.

Le samedi 19 mars, mais aussi le dimanche 20 mars, le régime a comblé le vide médiatique par des annonces de succès des voyages qu’il organise sur le front de la guerre Iran-Irak pour insinuer sa popularité et l’existence de partisans très fanatiques.
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Le succès de ces voyages est l’une des propagandes de base du régime. C’est évidemment du pipeau, il n’y a pratiquement plus personne pour rendre hommage aux jeunes morts pendant cette guerre. Cette fois, l’enjeu étant d’insinuer aussi l’existence de partisans fanatiques qui sont indispensables pour exprimer la force tranquille du régime, ce dernier avait besoin d’une foule : il a apparemment fait venir sur place des femmes qui sont trop jeunes pour être les sœurs, les épouses ou les mamans des disparus. Il s’agit vraisemblablement d’écolières des environs.

Dimanche, à 2h52, l’Iran est entré dans l’équinoxe du printemps. Des gens qui veillaient en lisant des poèmes selon la tradition ont dû crier Norouz Pirouz pour s’embrasser en espérant en finir avec le régime qu’ils avaient humilié quelques jours plus tôt, le mardi 15 mars.

C’est le moment que le régime a choisi pour faire ce qu’il devait faire pour asseoir sa posture de force tranquille : montrer ses policiers avant de les retirer de la rue.

Le lundi 21 mars, aux premières heures du premier jour de l’année iranienne, il a montré le général des Pasdaran Ahmadi-Moghaddam, commandant de la police, passer en revue debout sur une jeep ses troupes de Téhéran.
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Mais en regardant les images de cette opération intitulée la « Grande Manœuvre d’Autorité à Téhéran », on s’aperçoit qu’il y avait peu de monde : une trentaine de Mercedes (patrouilleurs), une quarantaine de motos et une dizaine de paniers à salade, 4 Quades et même 6 chasseurs alpins !
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En revanche, le régime a changé les uniformes des maigres troupes anti-émeutes pour un effet Matrix.
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C’est joli, mais ils ne feront pas le poids face à une ville de 12 millions d’habitants qui déteste les mollahs. C’est d’ailleurs pourquoi on n’a plus vu ces policiers dans les rues après ce rassemblement.

En revanche, ce même lundi, dans l’optique d’aller plus loin dans l’affirmation de la force tranquille, le régime a sans cesse exposé ses serviteurs les plus décriés à savoir Ahmadinejad et le Guide Suprême : tout d’abord dans des vœux télévisés puis dans des sorties publiques. Pour le Guide, cela a eu lieu dans la grande mosquée de Mash’had sa ville natale.
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Etant donné que la célébration de la Fête du Feu a été très suivie dans cette ville, le régime devait aligner une foule immense pour applaudir le Guide. D’après la première photo ci-dessous, il y avait là 2500 personnes...
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Mais la seconde photo prise depuis le quatrième rang montre des gens que l’on ne voit pas sur la première photo.
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La troisième photo de cette série laisse entrevoir un maladroit remplissage par Photoshop détectable par la grosseur inhabituelle de certaine tête.
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Enfin, les visages des gens révèlent que le régime avait fait appel aux nombreux Afghans qui habitent la région. On ne peut donc connaître le nombre exacte de groupies du régime dans cette région clef.
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Pour ce qui est d’Ahmadinejad, en l’absence de policiers réquisitionnés pour la sécurité du Guide, le régime ne pouvait pas prendre de risque d’exposer cet autre symbole du régime. C’est pourquoi Ahmadinejad n’a pas eu droit à un bain de foule, mais deux visites en vase clos chez des publics inoffensifs : des malades alités et des plus jeunes d’un orphelinat.
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Après cette première journée tonitruante du lundi 21 mars, il n’y a eu aucun autre événement médiatique sur le plan national. Le mardi 22 mars a été la fin de la semaine politique iranienne pour les dirigeants. Ces derniers ont focalisé leur attention sur leurs amis Palestiniens en les rassurant avec des tirs de missiles sur Israël et un attentat à Jérusalem. A cette occasion, le régime a diffusé des images d’un commando de la brigade Qods à Gaza, afin de rassurer ses derniers partisans qu’il avait des gens sur place, qu’il était donc à l’origine du durcissement.
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Alors qu’il jouait les gros bras ailleurs, ce même mardi 23 mars, le régime a eu la preuve que sa force tranquille n’avait pas fonctionné car des petits malins ont piraté le serveur informatique de la régie des transports en commun de Téhéran pour diffuser de la musique dans les bus, une sorte de suite de la contestation du régime en faisant ce qui est interdit par ses lois et ses usages islamiques. La scène a été filmée par des complices qui avaient pris le bus et la vidéo a été postée sur Youtube.

Or le 15 mars dernier, cette compagnie américaine avait censuré les images de la contestation joyeuse du régime islamique pour aider Washington qui a besoin d’un allié islamique en Iran pour agiter l’Asie Centrale. Cette fois, Youtube est allé plus loin en fermant le compte qui avait diffusé la vidéo de la musique dans le bus en faisant valoir la protestation des auteurs de la musique alors qu’il n’existe aucune législation de copyright en Iran.

Washington peut aider le régime en censurant les images ou en apportant son soutien à ses opposants officiels pour donner une couleur islamiste au peuple, la vidéo supprimée est l’aveu de son échec. C’est même une victoire absolue car dans le même temps, on n’a pas eu droit à une quelconque sortie des policiers Matrix du régime ce mercredi ou les jours suivants.

Le régime a été médusé par ce piratage. Le même jour, d’autres jeunes ont couvert les rues de Rézayieh dans la région d’Azerbaïdjan avec les photos de Reza Pahlavi que les Iraniens aiment d’une part par respect pour le bilan exceptionnel de son père et son grand-père, mais aussi parce qu’il est le seul opposant notoire à proposer un régime démocratique laïque.
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Le piratage et cette campagne d’affichage ont remis en cause la force tranquille des services de renseignement du régime. Ce dernier aurait dû réagir, mais il n’a rien fait. Il s’est montré prudent car par la faute de ses hausses de prix donc la hausse de la pauvreté, des millions d’Iraniens n’ont pas pu aller camper, même dans le dénuement le plus complet, comme les années précédentes. On n’a jamais vu aussi peu de tentes sur les bords des routes, aussi peu de touristes à Ispahan…

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Dans ces conditions, les Iraniens n’ont qu’une possibilité pour décompresser
 : la fête zoroastrienne et interdite de Sizdeh Beh Dar qui impose à tout iranien de passer le 13e jour de l’année (le samedi 2 avril) à s’amuser dans les champs pour échapper à la mauvaise fortune. La pauvreté qui réduit les vacances à cette sortie est une très mauvaise nouvelle pour le régime car cette journée où l’on danse et l’on chante en groupes mixtes a été pressentie comme la suite de la contestation joyeuse commencée le mardi 15 mars lors de la Fête du Feu. C’est pourquoi le régime est tenu de se montrer discret.

Mais cela semble impossible car pour démontrer qu’il n’est pas abandonné par ses alliés, le régime avait depuis longtemps programmé l’organisation d’une grande fête de Norouz avec les chefs d’Etats islamiques en grandes pompes en Iran.

Les invités arrivent depuis hier, le régime doit se montrer joyeux en les accueillant ce qui ne manquera pas d’énerver les Iraniens qui ont passé un Norouz exécrable d’où le demi sourire gêné de Mahmoud qui a été chargé de cet accueil aux conséquences explosives dans exactement une semaine.