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Iran : La semaine en images n°146
05.12.2010

Cette semaine, on était encore dans la Semaine du Bassidj qui a débuté le 25 novembre : le régime devait organiser jusqu’au jeudi 2 décembre des manifestations pour mettre en valeur les capacités policières de la milice chargée de réprimer les émeutes. Mais les jeunes qui formaient cette milice essentielle pour la sécurité du régime ont rompu avec lui au moment du soulèvement du peuple iranien en juin 2009 et boycottent depuis cette date toutes ses manifestations. C’est pourquoi comme la semaine dernière, le régime a dû faire des manœuvres médiatiques pour cacher ce boycott qui est la preuve de son affaiblissement.



Il y a une semaine, avant le début de la Semaine du Bassidj, vitrine d’une puissance désormais perdue, le régime avait annoncé la tenue d’un rassemblement de 110,000 miliciens à Téhéran pour sauver la face et intimider le peuple qui peut désormais le renverser. Puis, à trois jours du rassemblement, il a l’annulé pour cause de pollution de l’air à Téhéran ! Le rassemblement a eu lieu dans un terrain vague près de Qom avec quelque 4000 figurants, mais loin de tout témoin, le régime a annoncé qu’il avait réuni 110,000 miliciens. La fausse opposition interne, le Mouvement Vert, a également confirmé cette annonce malgré des photos faisant état de la présence d’uniquement 4000 personnes dont une majorité de retraités et moins d’une dizaine de jeunes.

Le boycott avait été absolu : on a constaté l’absence des Bassidjis, l’absence des remplaçants et même l’absence des jeunes Pasdaran qui avaient un temps remplacé les Bassidjis. Le régime était désormais sans défense et très fragile, susceptible de se faire lâcher par ses derniers partisans. Le régime devait rapidement remédier au danger. Mais dans l’immédiat, il devait s’organiser pour passer les 6 jours restants de la Semaine du Bassidj sans se mettre plus en péril.

Etant dans l’euphorie officielle du grand rassemblement de 110,000 miliciens, il devait néanmoins organiser quelque chose : le vendredi 26 novembre, le régime était tranquille car c’est un jour férié.

Le samedi 27, il a annoncé un nouveau pic de pollution ! Ses médias ont alors commencé à bombarder les Iraniens avec des statistiques sur la hausse de mortalité due à la pollution chez les personnes âgées, les enfants et les jeunes de moins de 25 ans pour focaliser l’attention sur un péril afin de zapper la Semaine du Bassidj.

Le dimanche 28 novembre, la diversion médiatique était la focalisation sur l’arrivée en Iran de Hariri junior qui allait claquer la bise aux assassins de son papa en acceptant même malgré son désintérêt d’acheter des armes iraniennes qui sont des copies de vieux modèles russes.

Pauvre Liban !
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Le lundi 29 novembre, Hariri junior a quitté l’Iran. Le régime était devant sa réalité. Il a alors détecté un nouveau pic de pollution encore plus grand et a décrété un état d’urgence dans l’ensemble des grandes villes iraniennes jusqu’à mercredi soir, c’est-à-dire la fin de la semaine du Bassidj en annonçant une possible prolongation. Ses médias ont repris la diffusion des statistiques déprimantes…

En fait, le régime a créé une mini psychose pour déplacer l’attention sur son échec de la Semaine du Bassidj ! L’incroyable est que l’on a presque pas entendu le mot Bassidj pendant le reste de la semaine : ce fut la Semaine sans Bassidj !

Et c’est là que c’est drôle : le régime devait éviter de parler du Bassidj alors qu’il a conçu un système où il y a chaque jour un événement où l’on doit invoquer le nom du Bassidj comme un talisman de protection. Ainsi en ce lundi 29 novembre, le régime devait selon son calendrier de manifestations officielles organiser la journée de secours aux sinistrés en cas de tremblement de terre, journée normalement axée sur l’intervention des écoliers bassidjis. En l’absence de cette possibilité, la journée a été celle des écolières qui jouent à cache-cache.
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Nous attirons votre attention sur l’absence de masques anti-pollution.
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Cependant si en ce début de semaine, le régime a zappé le mot Bassidj de son programme des manifestations, il devait aussi effacer l’impression d’effondrement interne du régime qui donnerait à des gens plus hauts placés l’envie de le quitter et au peuple de profiter de l’occasion pour se soulever.
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Il y a un an face au boycott naissant des Bassidjis, il avait démantelé et désarmé leurs brigades. Généralement quand un régime se sent menacé il fait arrêter les possibles dissidents ou il les tue. Dans le cas présent, il n’y a pas eu de coup de filet, mais ce lundi 29 novembre, un attentat à la bombe dont il n’existe aucune photo qui a tué un homme important avec un profil de dissident dont la rupture pouvait mettre en danger le régime. Il s’agissait de Majid Shahriari un grand spécialiste de fission (spécialité nécessaire pour la fabrication d’une bombe) qui travaillait sur un programme onusien de recherche nucléaire en Jordanie en contact permanent avec des diplomates américains chargés de la gestion du projet. Il y a un an son collègue spécialiste dans la même matière avait été tué par une bombe suite à des soupçons de vouloir fuir l’Iran. Il n’y a aucune preuve que Shahriari voulait en faire autant, mais il était le seul à en avoir la possibilité et de par ses connaissances celui qui aurait pu informer exactement les Occidentaux sur le programme nucléaire iranien. Il était très précieux, mais aussi très menaçant. Il était à son insu la cible idéale pour lancer un avertissement aux candidats à la dissidence dans les hautes sphères du régime. Il convient de noter que le même jour, le régime a parlé d’un autre attentat du même genre contre un de ses éléments fidèles en signalant que ce dernier n’avait rien eu car il avait senti qu’il y avait une bombe au bord de son automobile ! Message assez clair sur le péril qui rôde.
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Pour donner plus d’éclat à cet avertissement, le régime a annoncé que l’épouse et le garde du corps de Shahriari avaient été blessés dans l’attentat, alors que l’épouse de l’autre homme fidèle au régime n’avait même pas eu une égratignure. Pour finir, le régime a uniquement diffusé des images pour l’attentat concernant le survivant focalisant ainsi le débat sur ce dernier lié à son programme nucléaire pour utiliser le prétexte afin de refuser tout apaisement dans sa future rencontre avec les Six.

Il a aussi changé le visage et l’âge de l’homme tué de 55 ans à 32 ans le dépouillant ainsi de son identité et de sa famille. Il a ainsi été « effacé » selon l’expression des services secrets des Pasdaran.

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Lundi, suite | Le régime a ainsi effacé un homme pour contenir une menace, mais le péril de la dissidence ne concerne pas uniquement la rupture de ses dernières troupes ou des hauts dirigeants, mais aussi la menace d’un soulèvement. C’est pourquoi il s’est lancé dans une répression sourde avec une quinzaine de pendaisons et une amputation publique du côté de Machad. Il a aussi commencé dès ce même lundi à mettre en scène des spectacles de son unité interne comme la preuve de sa stabilité. Les éléments fidèles étant cependant uniquement au sommet du pouvoir, le régime a fait avec les cartes qu’il a en main en organisant des réunions entre les hauts commandants des Pasdaran ou des responsables politiques avec les grandes figures du clergé. Ce choix est aussi dû au fait que le régime lui-même pour simuler la diversité démocratique évoque souvent la désunion entre les Pasdaran et le clergé. En situation de péril : il a changé son scénario et la fausse opposition (le Mouvement Vert) qui fait semblant d’être une force de gauche n’a évidemment pas critiqué cette union des droites.

Cette semaine d’unité de tout le régime a été inaugurée dès le lundi 29 novembre avec une rencontre entre Ahmadinejad et les prêcheurs du Vendredi, les porte-parole religieux du régime, groupe en crise frappé par une forte dissidence !
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Le mardi 30 novembre, le régime a donné ce spectacle d’unité en diffusant des images faisant état d’un accueil gigantesque pour la visite d’Ahmadinejad à Sâri dans la région hostile de Mazandéran. Il y a deux faits : dans les rues, la lumière et le contraste des arrières plans ne collent pas avec les premiers plans, il y a donc du trucage dans l’air. La vérité nous vient de l’agence ISNA qui ne truque pas ses photos.
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Pour le rassemblement final sur le stade abandonné de la ville, la plupart des agences ont diffusé cette photo très drôle d’une foule immense, mais avec des soldats qui font deux fois la hauteur des barrières de sécurité qui font elles-mêmes 2 mètres ! En réalité, ce terrain est très petit. La vérité nous vient encore une fois de l’agence ISNA : il y avait à peine 500 personnes pour applaudir Ahmadinejad, d’où sa petite mine.
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Le mercredi 1er décembre, le régime a enterré Majid Shahriari. Étant donné qu’il avait été effacé, on n’a guère vu sa famille. Shahriari est allé vers sa dernière demeure en compagnie de ses assassins, les dirigeants du régime, notamment ceux qui siègent au Conseil de Discernement (organisme plénipotentiaire créé et dirigé depuis sa création par Rafsandjani). Le cercueil semble vide. Qui sait au fond ce qu’il est advenu de ce pauvre scientifique.
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Ali Larijani qui espère parvenir à prendre le contrôle du Conseil de Discernement pour devenir le N°1 du régime était là au premier rang (1ère photo à droite). Peut-être était-il derrière ce projet d’élimination pour empêcher l’effondrement du régime car à partir de ce jour, il s’est beaucoup mis en avant pour animer les différents spectacles qui devaient affirmer l’unité du régime.

Ce même mercredi alors que les gars de l’exécutif enterrait symboliquement la menace contre le régime, le spectacle de l’unité du clergé et des Pasdaran a réuni le Guide et les penseurs des Pasdaran (ce n’est pas une blague) pour débattre sur la civilisation islamo-iranienne : un sujet qui a inspiré ces messieurs pour faire la sieste.
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Le même jour, les miliciens chargés de la défense du Golfe Persique ont rendu visite à l’ayatollah Sâfi-Golpâyegâni, la plus haute instance du clergé chiite iranien.
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Jeudi, le régime a respiré car la Semaine de Bassidj était terminée. Il a néanmoins continué le spectacle de l’unité interne par une rencontre entre Ali Larijani et les prêcheurs de vendredi (l’actuel maillon faible du régime) à l’occasion de l’émission d’un timbre poste en hommage à un ancien ayatollah disparu !
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Dès lors que le régime ne devait plus organiser des manifestations sur le thème du Bassidj, il a commencé à former des phrases avec ce mot devenu tabou. Vendredi, le régime a timidement organisé une marche pacifique de soutien au Bassidj dans la ville officiellement très croyante de Machad. Il aurait dû s’abstenir car seulement 400 personnes se sont déplacées pour applaudir une petite dizaine de Bassidjis karatéka !
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Le régime encore une fois offert le spectacle de son boycott. Ce vendredi, le régime n’a également pas publié de photos de la prière de Vendredi à Téhéran, ce qui n’est pas un bon signe de sa santé politique !

Paniqué, le régime a alors annoncé une importante hausse du prix de l’essence en publiant dans le même temps un communiqué annonçant la mise en état d’alerte des Bassidjis afin de donner l’illusion qu’il avait les troupes nécessaires pour faire face à une situation de crise. Mais il n’y a pas eu de hausse de l’essence.

Au même moment, Ali Larijani avait convoqué les élites Bassidjis de la région à problème de Kermânchâh et l’on voit que le régime commence même à manquer de Bassidjis gradés. Nous avons peut-être là un nouveau maillon faible…
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Ainsi la Semaine du Bassidj qui a commencé avec 4000 vieux figurants s’est terminée avec moins de 50 bassidjis encore fidèles dans une des régions les plus chaudes du pays…

Du coup, en fin de semaine, le régime a évoqué le risque d’un pic de pollution, mais manque de pot, le ciel a affiché un joli bleu obligeant le régime a annoncer l’assouplissement ponctuel de la mesure d’urgence qui reste en vigueur. Tonton tu tousses ?

Une expression iranienne dit : « quand ça va mal, tout va mal ». Nous ne souhaitons donc que des ciels bleus à nos compatriotes.