Accueil > News > Iran : Sous pression !



Iran : Sous pression !
10.04.2010

A l’occasion de la Journée nationale de l’Energie Atomique qui a lieu chaque année le 9 avril, Ahmadinejad et Ali Akbar Salehi, le chef de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, ont dévoilé une nouvelle génération de centrifugeuses alors qu’ils avaient auparavant annoncé la révélation de détails croustillants sur plusieurs chantiers de centre de production d’uranium hautement enrichi.



En janvier dernier, pendant les Journées de Fajr qui célèbrent l’avènement de la révolution islamique, Ahmadinejad avait évoqué la construction de nouveaux sites d’enrichissement, comme celui de Fordou, dotés de dizaines de milliers de centrifugeuses réglées pour la production d’uranium enrichi à 20% pour une fabrication massive de combustible nucléaire. Il avait alors promis d’en dire plus à l’occasion des Bonnes Nouvelles Atomiques de la Journée nationale de la technologie nucléaire le 9 avril 2010. Au début du mois de mars 2010, Salehi, le chef de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, avait annoncé que le président Ahmadinejad avait donné son accord sur le démarrage impromptu de deux usines et que les travaux allaient démarrer le premier jour du nouvel an perse, le 21 mars 2010. Il avait alors promis d’en dire plus pendant le discours sur les Bonnes nouvelles Atomiques du 9 avril 2010 et surtout de montrer à cette occasion plusieurs kilos de combustibles nucléaires produits à Natanz par une cascade expérimentale de 164 centrifugeuses dédiées à l’enrichissement à 20%. En fait, Téhéran chauffait la salle pour annoncer le 9 avril qu’il était désormais autonome pour la production du combustible nucléaire et n’avait plus besoin d’accepter l’offre américaine d’un échange de son stock d’uranium faiblement enrichi contre du combustible hautement enrichi par des pays tiers. Il espérait amplifier la crise pour entraîner Washington dans une escalade où la peur d’une guerre pourrait le contraindre à reculer.

Cette opération médiatique, dans laquelle les mollahs sont assez doués, a été stoppée net le 30 mars dernier par un article du New York Times où des officiels américains ont remis en cause d’une part l’authenticité de ces annonces iraniennes et d’autre part l’existence même des chantiers invisibles malgré l’étroite surveillance du territoire iranien par les satellites américains, israéliens ou européens. On pourrait dire que Washington veut éviter une escalade pour ne pas ruiner les chances d’une entente avec les mollahs dont il a besoin pour contrôler la rue musulmane, mais il n’irait pas jusqu’à nier une réelle capacité de production de matière fissile qui peut servir à des attentats avec de la matière contaminée. L’argument de l’inexistence des chantiers était imparable. Les mollahs n’ont guère aimé, ils ont même protesté dans les médias iraniens, mais ils n’ont guère répondu publiquement aux questions et aux doutes évoqués dans le plus important quotidien américain pour ne pas s’engager dans une polémique casse gueule. Ainsi, Washington a forcé les mollahs à se taire, mais aussi à revoir le contenu de leurs futures annonces du 9 avril 2010 sur leurs progrès nucléaires.

Dans les faits, dans un premier temps, Téhéran a mis de côté son tapage médiatique habituel basé sur des annonces préventives, des déclarations de guerre et des tirs de missiles et hier il a zappé ses chantiers d’usines d’enrichissement. Du fait, il a dû même zapper l’usine d’enrichissement de Fordou qui est en chantier depuis 18 mois et pour plus de tranquillité, il a oublié la présentation à la presse des kilos de combustibles à base d’uranium enrichi à 20%. Pour combler le vide, il a présenté à la presse sa centrifugeuse de 3e génération (ci-dessous) « qui doit être installée à 60,000 exemplaires à Natanz » à une date non précisée.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

JPEG - 241.8 ko


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
C’est ce que l’on peut qualifier d’une réponse tactique car on ne peut pas nier l’existence de Natanz ni rejeter les performances d’un appareil inconnu. Avec un site existant (bien que peu performant) et un mystérieux appareil présenté comme étant « plus performant » -même si les chiffres de ses performances sont cafouilleux [1]-, Téhéran a tenté de rétablir son aura de méchant tout en évitant des polémiques avec les experts américains du New York Times.

On ne peut pas pour autant parler d’une réponse presque parfaite car avec cette réponse B, il s’est bien éloigné de ses annonces initiales évoquant une autonomie au niveau de l’approvisionnement en combustible nucléaire, prétention qui lui permettait d’avoir un semblant de prétexte pour refuser l’offre américaine d’un échange de son stock avec du combustible franco-russe. Il se retrouve nu.

On peut donc dire que le régime a seulement fait acte de présence à sa Journée nationale de technologie nucléaire. Conscient qu’il allait perdre de l’appui dans son bras de fer avec Washington, à la veille de cette journée « sans », il s’est lancé dans des déclarations très hostiles voire injurieuses à l’égard des Etats-Unis et son président pour tenter de hausser le niveau de sa nuisance, Obama a esquivé pour éviter toute escalade. S’il veut revenir en force dans le jeu, Téhéran devra tenter quelque chose de très spectaculaire tout en évitant d’effleurer les thèmes polémiques soulevés par le NYT.


© WWW.IRAN-RESIST.ORG
article complémentaire :
- L’Iran n’a pas aimé le scoop du New York Times
- (30 mars 2010)

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Nucléaire : Equipements & Centrales |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

[1Les performances de la nouvelle centrifugeuse des mollahs sont illogiques car cette machine a été présentée comme étant 5 fois plus puissante que le modèle précédent à savoir la centrifugeuse de la 1ère génération achetée aux Pakistanais. Or, il y a eu précédemment une centrifugeuse de 2nde génération qui avait été elle-même qualifiée de 5 fois plus puissante que la centrifugeuse d’origine pakistanaise. De fait, Téhéran aurait dû parler d’une machine de 3e génération avec un rendement 25 fois supérieur à celui de ses centrifugeuses de la 1ère génération. Il s’est écarté de la logique pour éviter de se faire encore traiter d’affabulateur. Le régime des mollahs est sous pression dans tous les domaines.