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L’Iran n’a pas aimé le scoop du New York Times
30.03.2010

Il y a deux mois, dans le cadre de ses provocations médiatiques, le régime des mollahs annonçait la mise en chantier de 2 à 10 centres d’enrichissement nucléaire du type de Natanz comme une preuve de sa détermination à ne pas accepter un compromis. La construction de ces centres est ressortie comme un scoop par le New-York Times dans un article intitulé « les services secrets suspectent l’Iran de construire de nouveaux sites atomiques ». Si le titre est provocateur, le contenu ne l’est pas puisqu’il parle plutôt des doutes quant à l’existence de ces nouveaux sites. Téhéran n’a pas aimé et dénonce cet article démystificateur comme une approche déloyale.



Une politique de provocation | Très régulièrement, le régime des mollahs annonce des progrès nucléaires laissant insinuer qu’il aura très rapidement la capacité de produire des bombes nucléaires. Ces annonces sont immanquablement suivies d’autres annonces sur des progrès balistiques. En combinant ces annonces, le régime entend insinuer qu’il serait en peu de temps en mesure d’attaquer les alliés régionaux de Washington. On pense à Israël, mais les Etats Arabes sont également visés. Derrière cette démarche, il y a deux objectifs anti-américains.

Depuis des années, Washington veut avoir les mollahs agitateurs dans son camp pour contrôler l’Asie Centrale musulmane et ses réserves gazières afin de priver la Chine de ces ressources. Ce projet essentiel pour l’avenir des Etats-Unis est en état d’arrêt car les mollahs exigent certains privilèges pour le Hamas et le Hezbollah en échange de leur collaboration et laissent entrevoir qu’ils pourraient à tout instant cesser de coopérer pour obtenir plus. Pour les faire plier et neutraliser des chantages ultérieurs, Washington a mis en place dès les années 80 une guerre d’usure économique contre les mollahs et revient régulièrement à la charge pour leur proposer une entente contre la fin de cette guerre d’usure.

Une réaction préventive (iranienne) à la guerre d’usure (américaine) | Depuis toujours, les mollahs refusent car il y a un piège dans cette offre de réconciliation : toute entente passe par une démocratisation, ce qui les contraindrait à autoriser le retour en Iran des exilés islamistes proches de Washington qui pourraient prendre le pouvoir de l’intérieur. Déçu par ce refus, en 1996, Washington a renforcé ses sanctions en évoquant le soutien au terrorisme (ce qui est un fait), mais s’est gardé d’évoquer le lien entre les mollahs et Al Qaeda pour ne pas nuire à la possibilité d’une entente. Ces sanctions n’ont pas été assez puissantes, en 2002, il a évoqué la menace nucléaire alors que les mollahs sont incapables de finir seuls la mise en marche du réacteur civil de Bouchehr. Téhéran, qui ne se voyait pas en mesure de résister à ces sanctions à venir, s’est lancé de manière préventive dans des provocations sans fin pour se rendre politiquement incorrect donc impropre à une entente, mais aussi pour entraîner rapidement Washington dans une escalade guerrière afin qu’une menace sur l’approvisionnement pétrolier mondial contraigne ses alliés Européens à lui demander de tout laisser tomber dans les plus brefs délais.

Pour simplifier : face à la nouvelle guerre d’usure à venir (mise en place en 2007), dès 2005, Téhéran a joué la carte de l’escalade fulgurante notamment avec des « Bonnes Nouvelles Atomiques » annoncées pendant la Journée nationale de l’énergie atomique qui a lieu exactement le 9 avril à l’anniversaire si symbolique de la rupture des relations diplomatiques avec les Etats-Unis en 1980 (sur une initiative humiliante de Washington)… dans le but de provoquer une rupture cette fois à l’initiative de Téhéran.

La riposte américaine aux provocations préventives des mollahs | Avant 2007, Washington a fait semblant de prendre au sérieux ces Bonnes Nouvelles Atomiques pour obtenir le soutien du Conseil de Sécurité à un recours aux sanctions. De janvier à octobre 2007, il a adopté ses propres sanctions. En novembre, il a produit un rapport de synthèse de ses services secrets (le NIE 2007, cité dans le dernier article du New York Times) pour affirmer que Téhéran n’aurait pas de capacité nucléaire militaire avant 2015 : il a ainsi neutralisé par avance les provocations des mollahs pour les sept prochaines années pour mener tranquillement à leur encontre sa guerre d’usure en évitant les sanctions plus dures susceptibles de renverser ces futurs alliés indispensables. Depuis, Washington esquive les annonces de Téhéran en niant leur authenticité ou en minimisant leur performance pour éviter l’escalade des sanctions ou l’escalade guerrière souhaitée par Téhéran.

2 Gestions de la crise | Face à cette gestion anti-escalade de Washington, les mollahs ont dû accélérer la cadence de leurs provocations balistiques ou des Bonnes Nouvelles Atomiques. Ainsi récemment pour repousser les dernières propositions d’Obama, ils ont dû évoquer en avance la bonne nouvelle atomique de la construction de 2 à 10 centres d’enrichissement le 11 février, date anniversaire de la révolution islamique, au lieu du 9 avril.

Cependant, ils n’ont plus évoqué le sujet depuis cette date car ils comptaient revenir en force le 9 avril pour une évocation en détail de cette Bonne Nouvelle Atomique pour un effet boeuf. Le New York Times a cassé ce plan en gâchant la surprise, mais aussi en remettant en cause par avance la capacité technique pour les constructions, précisant au passage que « même si ces centres étaient construits, cela ne changerait rien aux estimations (américaines de novembre 2007) ». C’est un joli coup (préventif) de Washington. Téhéran y répondra le 9 avril.


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Pour en savoir + sur cette guerre médiatique :
- Iran : Une escalade prévisible
- (8 Février 2010)

Pour en savoir + sur la guerre d’usure américaine :
- Iran – Etats-Unis : Les vases communicants !
- (26 février 2010)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |