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Iran : La crise financière ébranle indirectement le régime des mollahs !
15.10.2008

Contrairement à un article paru dans la version web du Courrier International sur la base d’une info publiée sur le site Mardomak lié au régime, les Bazars de Téhéran, Ispahan, Mach’had et Tabriz sont restés fermés lundi (mais aussi mardi).



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Le Bazar de Tabriz en grève !

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La semaine dernière, après 4 jours de grève, les marchands d’or, rejoints par les commerçants de tissus et tapis, ont obtenu un report de l’application de cette soi-disant TVA dont le taux réel est 14 fois plus élevé que le taux nominatif. La mesure a été perçue comme insuffisante car cette nouvelle taxe est perçue comme une menace pour l’existence même du Bazar, une tentative du régime pour pousser les commerçants à la faillite pour les pousser dehors et récupérer leurs fonds de commerces, les carnets d’adresses et les stocks.

Cette situation résulte de 2 facteurs dont l’une est la composition interne du régime et l’autre la crise financière actuelle : le premier a bouleversé la composition de la société iranienne et donc celui du Bazar et le second, la crise actuelle, accélère cette recomposition et provoque un clash entre le pouvoir et le Bazar.

Le Bazar a toujours été un allié du clergé, le clergé a toujours donné sa bénédiction au Bazar pour des opérations de spéculation dont les plus spectaculaires ont été l’organisation de plusieurs famines pour faire monter le prix de la farine et plus récemment la flambée des prix pendant le Ramadan. Avant la révolution, le Bazar dominait le clergé par sa richesse, mais la configuration a changé quand le Bazar a aidé Khomeiny à prendre le pouvoir. Les mollahs sont devenus les maîtres et les dirigeants du régime n’ont depuis cessé de rogner sur la part des commerçants. Cependant, il y a encore trois semaines, le régime continuait à imaginer de nouveaux artifices pour satisfaire le Bazar (composé de vrais bazaris et de mollahs affairistes), la rupture date de la crise financière mondiale au cours de laquelle les mollahs ont comme tous les investisseurs perdu beaucoup surtout parce qu’ils font transiter leur argent par des banques privées off-shore qui ne seront pas secourues dans les plans nationaux de sauvetage.

Ayant beaucoup perdu dans ces circuits occultes, les mollahs (et les Pasdaran) ont décidé de ponctionner l’argent où il se trouve c’est-à-dire au Bazar et plus particulièrement chez les marchands de l’or (dans un premier temps). La loi permet de faire payer durement les marchands et même finalement de les pousser à la ruine pour permettre aux mollahs de récupérer leurs commerces. On comprend la réaction catégorique des Bazaris, leur refus des demi-mesures et l’exigence du retrait de la loi.

Face à eux, la détermination du régime est aussi très forte car les mollahs sont lassés de toujours satisfaire ce composant social traditionnel qu’ils ne contrôlent pas et qui est devenu un obstacle à leur enrichissement surtout dans leur projet de libéralisation de l’économie iranienne (en vendant tout aux investisseurs étrangers).

Pour dissuader les Bazaris de vouloir poursuivre leur mouvement, le régime (très décidé d’appliquer ce rackett) a mis en place un système de répression inédit :
1ère étape | Des gros bras ont fait une descente dans le bazar et ont demandé à certains non-grévistes de baisser leurs rideaux sous peine de se faire incendier leur boutique. Ils ont aussi commencé à casser des boutiques et ont incendié une succursale de la Banque des exportations (Saderat). La milice présente pour protéger la banque avait disparu par magie et les miliciens appelés au secours ne sont arrivés que le lendemain.

2nde étape | Dès le lendemain, la presse du régime a évoqué des liens entre ses gros bras armés de matraques et un Etat étranger, mettant ainsi en accusation les grévistes volontaires de collaboration avec des étrangers pour déstabiliser le régime, prélude à une descente massive des miliciens, à pied et à motos dans les bazars, qui sillonnaient les souks pour relever les numéros des boutiques fermées et demander aux commerçants présents d’ouvrir. Parallèlement, le régime a publié une directive aux chefs de corporation menaçant les grévistes de poursuites pour commerce au noir, fraudes fiscales et trafics en tout genre. Les médias et certains députés ont aussi évoqué les bazaris avec les termes de voyous et de traîtres, prémices à une justification pour une répression plus musclée.

En réponse à ces manœuvres indélicates, les marchands d’or ont baissé les rideaux lundi pour le 6ième jour. Ils ont été rejoints depuis 4 jours par les bijoutiers, les marchands de tissus et de tapis. D’autres commerçants comme les marchands de cristalleries et des produits électriques ont fermé boutiques et des commerçants de produits de contrebande (appelés les Koweitiens et situés dans la section Beynol-harameyne) soutiennent ces corporations en éteignant les lumières de leurs boutiques ce qui rend le commerce impossible dans l’espace très sombre des passages couverts. A Tabriz, le plus grand bazar couvert du Moyen-Orient, le mouvement s’est même étendu à d’autres corporations comme les marchands de chaussures. A Téhéran et dans d’autres villes, les banques qui se trouvent près des bazars sont aussi fermées par manque de clients !

Mardi, au 7ième jour de la grève, le régime a trouvé un compromis avec un maintien des miliciens dans les bazars, maintien suivi d’une directive d’Ahmadinejad qui suspend l’application de la loi pour un délai indéfini et promet que les taxes déjà perçues seront remboursées le temps que le régime puisse rééduquer les bazaris pour qu’ils comprennent l’utilité de cette loi !

Les Bazaris doivent donc arrêter leur mouvement sous peine de se voir accuser de trahison nationale s’ils persistent. Mais à présent ils savent que le danger n’est pas éloigné car pour montrer sa bonne foi, la directive d’Ahmadinejad propose que la taxe soit d’abord appliquée aux chaînes commerciales de grands magasins, or ces chaînes appartiennent au régime, qui peut récupérer ce qu’il se versera à lui-même. C’est une manière de forcer les Bazaris à se soumettre sous peine d’être poursuivis pour fraude ou encore trahison en cas de refus.

On attendait une rupture entre les composants au pouvoir : les sanctions renforcent le pouvoir au détriment de sa base sociale. C’est une bonne chose pour les patriotes.

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| Mots Clefs | Résistance : Menace contre le régime |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

| Mots Clefs | Résistance : Grèves |

| Mots Clefs | Institutions : Les Racines de la Révolution Islamique |