L’AIEA n’a pas pu visiter les sites suspects, mais elle estime que Téhéran a poursuivi l’installation de nouvelles centrifugeuses. Sans aucune preuve probante, l’AIEA indique que le nombre des centrifugeuses en Iran est passé de 3.300 en mai à 3.820 aujourd’hui, et que 2.000 sont en cours d’installation. Cependant, elle précise qu’elle n’est toujours pas en mesure d’établir la véritable nature du programme nucléaire iranien (pacifique ou militaire) et elle enjoint l’Iran à lui fournir toutes les informations nécessaires…

Le rapport tient en joue le régime en laissant en suspens son jugement dernier sur la nature de ce programme que personne n’a vu. Par « les informations nécessaires », El Baradai sous-entend les documents britanniques sur la militarisation du programme nucléaire iranien. Il regrette de ne pas avoir pu faire de progrès dans ses investigations dans ce domaine.

En cela, El Baradai reste fidèle à son avant-dernier rapport de mai 2008 où il évoquait pour la première fois le cas de cette militarisation insinuée par les Britanniques en février puis en mai 2007, mais incidemment ignorée par l’administration Bush qui ne souhaite pas exploiter cette piste qui pourrait rendre politiquement incorrecte une entente irano-américaine.

En somme, il s’agit d’un rapport classique d’El Baradai, un rapport intimidant dans le sens des attentes des Britanniques qui sont hostiles à une entente irano-américaine.

Comme à l’accoutumée, le rapport a été rédigé dans un style ambigu avec des flous qui laissent à Téhéran le choix d’un retournement, c’est-à-dire l’abandon du projet de l’entente et l’acceptation d’une autre entente, non pas avec les Américains mais avec les Six, c’est-à-dire l’ensemble des partenaires commerciaux de l’Iran.

Non sans humour, ce rapport qui tient en joue les mollahs conclut à « une impasse » dans les négociations avec l’Iran !

Face a ce concentré de mauvaise foi contre laquelle les mollahs se sentent battus en termes de ruse, Téhéran est reparti en contre-attaque pour isoler les Britanniques en s’appuyant sur deux autres membres européens de la coalition des Six, la France et l’Allemagne.

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