Cette exécution a eu lieu sur un fond de tension entre le régime des mollahs et le groupe armé le Jundallah qui reçoit des aides financières et militaires américaines et une protection pakistanaise pour faire pression sur Téhéran quand Washington le souhaite.

Le contexte | Les Etats-Unis doivent nécessairement établir une entente géopolitique avec les mollahs pour maîtriser à la fois le Golfe Persique mais aussi l’accès terrestre aux ressources énergétiques de l’Asie Centrale qui dépend actuellement de la Russie pour exporter son gaz vers l’Europe. Le gaz de cette région pourrait transiter par la Mer Caspienne, mais l’Iran et la Russie s’opposent à des projets de pipelines subaquatiques. Il peut aussi transiter par l’Afghanistan, mais ce pays est en guerre et les Talibans reçoivent des armes russes via l’Iran pour continuer à rendre ce trajet impraticable. Washington a donc besoin de trouver un accord avec les mollahs pour extirper l’Asie Centrale de la main mise russe et chinoise. L’objectif final de l’accord est de diminuer l’accès des chinois à des ressources d’énergie et ainsi brider l’économie chinoise qui inquiète les Etats-Unis. Parallèlement, Washington espère convaincre les mollahs de renoncer à aider le terrorisme en Irak et au Liban en acceptant le désarmement du Hezbollah et des milices de Moqtadar Sadr qu’ils contrôlent. Un accord officiel sur ces différents points serait synonyme d’une paix que personne n’attend plus au Moyen-Orient.

L’administration Bush souhaiterait finir son mandat sur une telle entente avec les mollahs car l’accord pourrait donner la victoire à McCain. Les mollahs souhaitent bien sûr une entente pour échapper aux sanctions imposées par les américains depuis 1979, mais ils ne souhaitent pas renoncer à leur mainmise sur le Liban via le Hezbollah et le Hamas et sur le sud de l’Irak via les milices de Moqtada Sadr, car ces milices sont la garantie de la survie du régime.

Nous avons établi un calendrier des opérations du Jundallah et chaque opération correspond à une date à laquelle, Téhéran a repoussé une nouvelle demande de l’administration Bush pour discuter afin de trouver un accord. Pour faire réellement pression sur Téhéran, le groupe armé le Jundallah a même fait enlever 16 puis 4 autres membres des Pasdaran et il a exécuté plusieurs de ces otages dont deux très récemment. Le journaliste Yaghoub Mehr-Nahad a été exécuté en même temps qu’une autre figure locale Abdol Nasser Taheri-Sadr en représailles à la double exécution du 27 juillet dernier. Cette double exécution était censée prouver la détermination des mollahs à refuser une offre américaine qu’ils jugent inacceptable.

Cependant, il faut également préciser que les mollahs préfèrent arriver à un accord avec l’administration Bush plutôt qu’avec son successeur. La raison de ce choix est purement pragmatique : Bush est sous pression car il a peu de temps alors que son successeur aura au moins 4 ans devant lui et même contre toute attente pourra lancer une attaque sur l’Iran en cas d’un nouvel refus de Téhéran.

Donc après cette exécution censée prouver sa détermination, le régime des mollahs a fait un geste de modération sur les clauses de l’entente en direction de l’administration Bush : Moqtada Sadr a annoncé sa décision de démanteler sa milice pour devenir un mouvement exclusivement politico-social. Téhéran a lâché du leste sur l’Irak pour montrer sa bonne foi d’arriver à une entente avec les républicains. Il attend que l’administration Bush se montre réaliste au sujet du Hezbollah. Cependant, ceci étant peu probable, cette guerre indirecte entre les deux parties reprendra et d’autres iraniens (du Jundallah et des Pasdaran) périront au Baloutchistan.

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