Le 9 juillet dernier, le gouvernement égyptien a convoqué le représentant des intérêts iraniens au Caire, exigeant des éclaircissements sur ce film. La presse égyptienne s’est enflammée et a évoqué la réalisation d’un film sur la vie peu glorieuse de Khomeiny, mais finalement l’Etat égyptien s’est contenté d’une mesure molle : l’annulation d’un match qui devait opposer les équipes des deux pays le 20 août prochain aux Emirats arabes unis.

La question reste de savoir pourquoi les égyptiens avaient déjà accepté le principe d’un tel match alors que depuis des années une fresque de l’assassin Khaled Istambouli orne l’une des principales artères de la capitale iranienne rebaptisée en son nom ! De plus, les mollahs avaient annoncé plusieurs mois à l’avance la réalisation de ce film par une organisation dédiée à la commémoration des martyrs de la cause islamique ! Cette organisation créée il y a 5 ans sous Khatami est d’ailleurs à l’origine d’une trentaine de documentaires en mémoire des martyrs de la Palestine et œuvre pour nuire au moindre effort de paix au Moyen-Orient.

En fait, l’Egypte a agi mollement par une non-réponse car depuis plusieurs mois, elle a été priée par Washington de normaliser ses relations avec les mollahs ! Le même effort avait été demandé aux autres alliés arabes des Etats-Unis. L’Egypte a dû alors renoncer à son exigence de voir la fresque effacée et l’avenue rebaptisée. Son vice ministre égyptien des Affaires étrangères Hussein Darar a effectué une visite à Téhéran et Hosni Moubarak a dû s’entretenir au téléphone avec Ahmadinejad. L’Egypte n’a cessé de faire profil bas devant les mollahs. Faut-il en conclure que les mollahs ont profité de la mollesse des égyptiens pour les humilier ?

En réalité, Téhéran aurait pu aisément bloquer la sortie de ce documentaire dans le cadre du processus de la normalisation entre les deux pays. Cette affaire est indépendante des relations entre les deux pays ou de l’attitude de soumission de l’Egypte. Ce documentaire est en fait une allégorie : il ne parle donc pas de l’Egypte, mais de la reconnaissance d’Israël par un Etat arabe.

Les mollahs préviennent ainsi les chefs d’Etats arabes qu’un tel acte sera récompensé par un désaveu de la rue arabe et voire même une mise à mort. Ce message préventif du régime des mollahs serait-il adressé à son indispensable allié syrien, Bechar Assad ?