Iran Resist - Iran : Shirin Ebadi, le service minimum

Iran : Shirin Ebadi, le service minimum
29.07.2008

Critiquée par certains sites indépendants comme le nôtre ou des opposants exilés, Shirin Ebadi a tardivement réagi après la pendaison collective qui a eu lieu à Téhéran le dimanche 27 juillet.

Il faut savoir que le dimanche n’est pas un jour férié en Iran, mais le second jour de la semaine, il n’y avait donc pas d’obstacle matériel pour qu’elle se manifeste plus rapidement. Par ailleurs, cette pendaison avait été annoncée plusieurs jours à l’avance dans la presse iranienne (cependant l’info restait dans le domaine iranien et le monde n’était pas informé). À ce moment-là, Ebadi n’a rien fait ou écrit pour alerter l’opinion ou encore ses amis en occident comme Douste-Blazy et Jacques Chirac qui lui ont remis une légion d’honneur largement imméritée.

Le jour de l’exécution, la télévision du régime a diffusé des images plutôt ignobles d’interrogation des condamnés avant leur exécution, mais toujours rien de la part de notre fameuse avocate très soucieuse de son lifting. L’affaire était confidentiellement iranienne. Ensuite, les médias internationaux ont aussi diffusé la nouvelle, mais Ebadi n’a toujours pas donné le moindre signe de vie. Quelques heures plus tard, la vidéo de l’ignoble reportage de la Télévision iranienne circulait sur le net, et toujours rien du côté d’Ebadi, car malheureusement cette vidéo restait encore dans le domaine d’une information faite par des iraniens pour des iraniens qui restent inaccessibles aux occidentaux. Nous avons alors diffusé des images fixes de ce reportage et l’on entend enfin parler de Shirin Ebadi, acculée à réagir surtout pour sauver sa réputation de défenseur officiel des droits de l’homme en Iran.

Mais là encore, Ebadi a fait le service minimum : son centre de défense des droits de l’Homme s’est dit « contre la peine capitale » et a considéré « qu’elle devrait être retirée de la liste des peines applicables dans tous les pays » ! C’est plutôt rêche. En fait, il s’agit d’un discours formaté qui comporte des sous-entendus : nous ne sommes pas les seuls et même les Etats-Unis tuent.

Pas un seul instant, Ebadi ne s’est attardée sur les condamnés ou sur la portée politique des images explicites diffusées à une heure de grande écoute par la télé des mollahs, images accessibles à tous, des plus jeunes aux plus vieux. Ces images hallucinantes ont été zappées par Ebadi.

Il est nécessaire de voire ces images pour comprendre qu’une vraie militante des droits de l’homme aurait tout fait pour les médiatiser et non agit en amnésique volontaire en faisant comme si elles n’existaient pas.

En 2007, 317 personnes ont été pendues en Iran : jamais Ebadi n’a protesté contre ces cas dont un grand nombre fut annoncé à l’avance ou encore politique, collectif et public, idem dans les années précédentes. Depuis le début de l’année au moins 155 personnes ont été pendues en Iran, mais c’est la première fois qu’Ebadi réagit dans son style très dépersonnalisé !

En revanche, elle ne manque jamais une occasion pour défendre de la manière la plus théâtrale la soi-disant répression contre les faux opposants de l’intérieur. Elle ne réagit en général que lorsqu’une affaire de ce genre est médiatisée en occident. Ainsi hier, le régime a renoué avec les arrestations musclées couvertes par les médias iraniens, mais Ebadi n’a pas évoqué ce cas qui n’intéresse d’ailleurs guère l’AFP.

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