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Les prochains mouvements de l’Iran dans les 5 prochains mois
06.07.2008

Le régime des mollahs a remis sa réponse aux Six, les invitant à accepter un compromis. Bien qu’un communiqué du régime ait donné un aperçu du contenu du texte, les médias occidentaux ont choisi de feindre l’incompréhension pour minimiser la portée négative de cette réponse.



C’est la consternation chez Javier Solana qui n’a pas commenté cette réponse au prétexte qu’il fallait l’étudier collectivement avant de se prononcer. Dans ce délai, Téhéran espère agir sur l’opinion pour plaider en faveur d’un compromis qu’il propose : le projet Gel contre Gel.

Ce soi-disant compromis correspond par son calendrier et sa méthodologie à l’ensemble des attentes du régime des mollahs : neutraliser les sanctions (pour permettre une reprise des investissements) et gagner du temps (par des négociations stériles puisqu’elles ne traitent pas de la suspension de l’enrichissement) pour attendre la fin du mandat de Bush et l’arrivée au pouvoir d’Obama, partisan d’une entente rapide avec Téhéran. Delphine Minoui est déjà à l’oeuvre sur son blog pour expliquer l’intérêt de ce compromis. Conformément aux attentes de Téhéran, Minoui évoque le concept usé de la lutte des clans et cite un grand nombre de personnages pour réduire le débat à une querelle de personnes, ce qui a pour objectif d’embrouiller la vision des observateurs étrangers.

Tout ceci ne nous dit pas quels seront les prochains mouvements du régime. Cependant, derrière cet écran de fumée de Minoui, très conforme à la règle d’or de la gouvernance des mollahs, c’est-à-dire embrouille et opacité, il y a un schéma directeur simple et précis que les mollahs suivront dans les prochains mois. Voici ce schéma :

Préparations | Peu avant la remise de la réponse iranienne à Solana, le Parlement du régime qui pourtant n’a aucun pouvoir de décision sur les choix diplomatiques du régime, a annoncé sa décision de voter une restriction de la coopération avec l’AIEA [1] si les occidentaux ne saisissaient pas l’opportunité d’ouvrir des négociations sur la base d’un consensus visible entre les attentes de Téhéran et l’exigence des Six. Deux jours plus tard, ce concept de consensus visible entre les attentes de Téhéran et l’exigence des Six a été rappelé par Velayati (conseiller du guide suprême) dans une lettre adressée aux français et publiée par Libé. Velayati débutait son texte en rappelant la légitimité électorale du régime et concluait en signalant l’existence d’un « compromis » sur la base des « préoccupations communes à l’Iran et aux autres Etats ». Pour appuyer cette démarche, Minoui avait aussitôt écrit un article pour vanter la qualité de l’homme et du projet.

Schéma directeur | Téhéran entend baser ses prochains mouvements sur la promotion de l’idée d’un compromis qui répondrait aux attentes des Six mais aussi serait conforme aux attentes du Parlement de la république islamique qui représenterait les aspirations du peuple iranien !

Décodages | Le texte du communiqué qui accompagnait la réponse remise à Solana évoquait également dans sa conclusion la « nécessité pour les européens d’y répondre favorablement pour ne pas froisser les sentiments nationaux des iraniens ». Dans les prochaines semaines et mois, Téhéran utilisera donc le Parlement (la voix du peuple) comme un électron libre face aux Six.

C’est un choix déjà-vu : Khatami expliquait l’absence de réforme par l’hostilité du Parlement ! Dans le domaine nucléaire, le régime y a déjà eu recours en 2005, quand il ne voulait pas donner suite aux demandes de la Troïka d’interrompre la conversion du minerai d’uranium, phase préliminaire précédant la reprise de l’enrichissement.

En utilisant le Parlement, le régime des mollahs fait d’une pierre plusieurs coups : il s’affirme comme une démocratie, préserve les vrais décisionnaires comme Rafsandjani et donne une super couverture médiatique à Larijani, actuel président du Parlement qui est pressenti pour succéder à Ahmadinejad. En mettant en avant le Parlement et ses fractions, le régime entend remettre en cause à chaque moment les engagements précédents ou actuels du gouvernement ou encore des négociateurs du nucléaire.

Cette remise en question sera irréprochable et pragmatique car il y a quelques mois, ce même Larijani était le principal négociateur du nucléaire. Il est donc à la fois l’expert, le défenseur du peuple et futur président. Ce choix tactique du régime est annonciateur d’une nouvelle période d’incertitude et non d’un esprit de compromis.

La raison de ce choix est que Téhéran ne cherche pas un compromis, mais le meilleur profil de manœuvre pour gagner du temps et tenir jusqu’à l’élection d’Obama. Son objectif est de mettre en place des négociations stériles et interminables, d’où la nécessité de prêcher le dialogue et le compromis tout en prévoyant des mécanismes de retardement et de remise en question du processus engagé. Ce choix créatif et évolutif est sans doute avisé car les Six, Etats-Unis compris, qui chacun pour diverses raisons ont intérêt à préserver les mollahs au pouvoir semblent partant pour cette aventure. Même Bush n’a pas fermé la porte.

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| Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

[1L’Iran réduira sa coopération avec l’Agence internationale de l’Energie nucléaire en cas d’adoption de nouvelles sanctions anti-iraniennes au Conseil de sécurité de l’ONU, suite à la réalisation par Téhéran de son programme nucléaire, peut-on lire dans une déclaration de 201 députés iraniens sur 290 élus.

« Il existe aujourd’hui de réelle possibilité de négociation avec les Six (cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne), si ces pays respectent la ligne tracée pare l’Iran. Ces pays doivent saisir cette possibilité pour régler les problèmes existants », insistent les députés iraniens.

« Les Six doivent savoir qu’en cas d’approbation d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité ou d’introduction de sanctions, non seulement ils n’obtiendront aucun résultat mais ils provoqueront l’adoption par les élus iraniens de nouvelles décisions visant à défendre les droits de la nation iranienne, comme l’arrêt de la mise en oeuvre du Protocole additionnel, dans le contexte du respect du Traité de non-prolifération nucléaire », rappelle la déclaration.