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Iran : A qui profite l’entrée de l’Italie dans les 5+1 ?
14.06.2008

Silvio Berlusconi avait exprimé le souhait d’intégrer l’Italie, l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Iran, dans les 5+1 afin de jouer de son influence pour dénouer la crise nucléaire iranienne. Sarkozy avait apporté son soutien à cette adhésion, Merkel s’y est opposée, Poutine et Brown sont restés silencieux et Bush, appelé à l’arbitrage, a poliment esquivé la demande de Berlusconi et ce malgré l’atlantisme ostentatoire de son ami Silvio. | Décodages |



La réponse de Bush à cette demande, promettant de l’étudier, est compréhensible : les Etats-Unis utilisent la crise avec l’Iran pour le sanctionner afin de lui imposer une entente globale qui pourrait sonner le glas des relations privilégiées des actuels partenaires commerciaux de l’Iran : l’Europe (Italie, Allemagne, Espagne, France, la Grande-Bretagne ou la Suisse) mais aussi la Russie.

Cette adhésion ne renforcera pas la position américaine ou le projet du deal américain, mais plutôt la position des adversaires de cette entente irano-américaine : l’Italie elle-même qui via sa compagnie pétrolière ENI est le premier partenaire énergétique de l’Iran, la France qui craint pour l’avenir de la présence de Total en Iran, mais aussi et pour de multiples raisons la Russie.

L’adhésion italienne renforcera la Russie car les deux pays sont des partenaires stratégiques. L’Italie est l’un des deux principaux alliés de l’expansionnisme de Gazprom en Europe. Pour approvisionner l’Europe en gaz, Gazprom a mis en chantier deux tubes pour contourner les pays de l’Europe de l’Est qui ont rejoint le camp américain : au nord en partenariat avec l’Allemagne, le gazoduc Baltique et au sud en partenariat avec l’Italie, le South Stream. Le South Stream est le projet le plus audacieux de Moscou car il est en train de ruiner totalement les chances de réalisation du projet européen Nabucco qui voulait éliminer la Russie comme principal fournisseur de gaz à l’Europe.

L’hostilité allemande à une adhésion italienne aux 5+1 s’explique par la concurrence des deux tubes pour alimenter l’Europe. L’Allemagne y joue également son leadership au sein de l’Europe. L’Italie qui avait esquissé un partenariat gazier direct avec les mollahs pour évincer Moscou du marché européen se présente comme le lien unique qui rendrait possible un deal eurasien (Europe-Russie) avec l’Iran.

Logiquement ce deal est très favorable aux mollahs, mais il nécessiterait une coopération diplomatique des mollahs, or ces derniers ne souhaitent pas renoncer à leur rôle régional via le Hezbollah et le Hamas et estiment que seuls les Etats-Unis peuvent leur garantir la jouissance de ce rôle (par une entente statu quo).

L’adhésion italienne révèle un peu plus la masse des conflits d’intérêts qui cohabitent au sein de la crise iranienne.

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| Mots Clefs | Enjeux : Italie |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Décideurs : Bush |

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| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs | Enjeux : Gazoduc, Oléoduc & pipelines |