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Iran : Les idylliques amours de Total et des mollahs
10.10.2007

Le lundi 3 octobre, nous avons publié un article sur « tous les contrats de Total en Iran » et estimions alors la production iranienne du pétrolier Français à 346,000 barils par jour. Depuis, nous avons affiné nos recherches, les chiffres que nous avions trouvés dataient de 2004 : d’après ShanaTelex, l’agence de presse de la compagnie pétrolière iranienne, Total aurait augmenté sa production depuis 2004 et désormais sa production iranienne serait d’environ 379,000 barils par jour (soit + de 16% de sa production) !



Par ailleurs, ceci prouve que les chiffres avancés dans les rapports annuels de Total sont complètement fantaisistes et le pétrolier Français préfère minimiser sa présence dans des pays qui ont mauvaise presse. Mais concernant l’Iran, ceci n’a pas toujours été le cas. En 1997, Total était fier d’avoir défié les sanctions américaines pour signer d’importants contrats avec le régime des mollahs.

Pour preuve, nous publions un article datant du 10 octobre 1997 et écrit par Siavash Ghazi, l’indétronable auteur des dépêches pro-mollahs de l’AFP-Iran.

1997, c’est l’année de la condamnation de Rafsandjani et de la délivrance d’un mandat d’arrêt international à son nom, c’est également l’année de son remplacement par son ami Khatami, qualifié de modéré.

Cette étiquette de modéré a facilité le business et 1997 devint l’année de toutes les idylles entre Total, les mollahs, mais aussi ce cher Clinton, qui, à l’époque, oeuvrait pour une réconciliation avec les mollahs poseurs de bombes à Paris, à Buenos Aires, à Khobar, à Beyrouth, et même dans des avions de ligne !

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Iran : Total lance un defi aux Americains

10 octobre 1997 - Siavosh Ghazi - RFI | Malgre les menaces americaines, le groupe petrolier français Total a decidé de renforcer sa presence en Iran. Le gouvernement americain qui ne veut pas engager une guerre commerciale avec l’Union Européenne semble finalement decidé a ne pas prendre de sanctions unilaterales a l’égard de Total. Une attitude qui ouvre la voie a d’autres sociétés etrangères, particulièrement intéressees par le marché iranien.

En signant un accord de 12 milliards de francs français avec l’Iran pour développer le champ gazier de Pars Sud (l’un des plus grands au monde), dans le Golfe Persique, la société petrolière française Total a lancé un veritable défi aux Etats-Unis. En effet, en juillet 1996, le Congrès Américain a voté une loi, du nom du sénateur républicain D’Amato, qui prevoit des sanctions économiques et financières contre toute société, y compris non- américaine, qui investit plus de 40 millions de dollars dans l’industrie petrolière et gaziere de l’Iran et de la Libye.


Par cette loi, les Etats-Unis veulent empêcher toute aide a l’Etat iranien, qu’ils accusent de soutenir le terrorisme et d’agir contre le processus de paix au Proche Orient. En août dernier, les sanctions ont été encore renforcées et la limite des investissements autorisés a ete ramenée a 20 millions de dollars. Des 1996, les Europeens, soutenus par le Canada, le Japon et la quasi totalité des pays du monde ont contesté la legitimité de cette loi américaine, que l’administration Clinton a voulu imposer au reste du monde.


Si au cours des derniers mois plusieurs sociétés occidentales ont signé des accords de participation dans des projets petroliers iraniens, le montant des investissements ne depassait jamais le plafond autorisé. Or, avec le contrat de Total, les Etats-Unis ne peuvent plus fermer les yeux et doivent prendre officiellement position.

La société francaise a obtenu le ferme soutien du gouvernement francais et de l’Union européenne, qui ont mis en garde Washington contre toute sanction a l’encontre de Total, mais de plus elle s’est associée a la compagnie russe Gazprom et à la firme malaysienne Petronas, qui de tiennent chacune 30% des parts contre 40% pour Total, operateur du projet. Le contrat prevoit le développement de deux sites sur ce champ dont les reserves sont evaluées a environ 8,000 milliards de mètres cubes.

Selon Thierry Desmarest, le président du groupe Total, les deux permis obtenus par la société auront un débit de 10 milliards de mètres cubes par an chacun, soit ensemble la moitié de la consommation annuelle de gaz en France .

La voie ouverte

L’accord de Total ouvre la voie aux investissements des societes etrangères dans le secteur des hydrocarbures en Iran. En effet, Pars Sud n’est qu’un des onze projets petroliers et gaziers que Téhéran a ouverts aux compagnies etrangères. Or, selon les journaux américains, l’administration Clinton n’appliquera pas de sanctions contre Total et ses deux partenaires, car dans la bataille qui les oppose aux Européens et aux autres pays du monde, les Etats-Unis savent que leur position sera intenable devant les instances de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). D’ores et déjà, la seconde compagnie française Elf est en train de négocier avec l’Iran pour l’exploitation du gisement de Doroud, dans le Golfe Persique.


De son côté, la compagnie anglo-neerlandaise Shell menent des pourparlers avec Téhéran pour la seconde tranche de Pars Sud. La société Total qui signe ainsi son second contrat important avec l’Iran (le premier d’une valeur de 3,6 milliards de francs pour le développement du gisement petrolier de Sirri A et E avait été signé en 1995) ne devient pas seulement le premier groupe petrolier occidental à s’implanter en Iran, mais il prend également une option sérieuse pour renforcer sa position en Asie centrale.


En effet, si la région du Golfe Persique renferme près de 60 % des réserves connues de pétrole et un tiers des réserves de gaz de la planète, la région de la mer Caspienne, avec ses immenses richesses, est appelée a devenir au siècle prochain un second Golfe Persique. La plupart des compagnies petrolières occidentales mais aussi asiatiques participent a divers projets de développement des gisements pétroliers et gaziers aussi bien en Azerbaïdjan qu’au Turkmenistan et au Kazakhstan.


Le montant des investissements des pays occidentaux et asiatiques s’éleve à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Dernière en date, la Chine a signé un contrat de près de 10 milliards de dollars d’investissements sur vingt ans pour développer plusieurs gisements petroliers au Kazakhstan et construire deux oleoducs, l’un vers l’Iran et l’autre vers la Chine.

Place forte

En effet, l’autre bataille est celle de l’acheminement des hydrocarbures de la mer Caspienne vers l’Europe et l’Asie. Sous la pression des Américains, l’Azerbaïdjan a accepté d’écarter le trajet iranien pour en favoriser deux autres, à savoir l’oléoduc qui passe par le térritoire russe et un second qui devrait traverser le Caucase et la Turquie. Mais les confits armes dans le Caucase (Haut-Karabakh et Tchetchenie) ont retardé la réalisation des travaux. En revanche, la situation est toute différente en Asie centrale.


Le Turkmenistan a toujours privilegié le trajet iranien pour exporter son gaz. D’ailleurs, le president americain (Clinton - ndlr) a notifié en juillet dernier que les Etats-Unis ne s’opposeraient pas a la construction du gazoduc Turkmenistan-Iran-Turquie pour exporter le gaz turkmène vers la Turquie et l’Europe. Ce qui permettra à l’Iran de faire de même. De son côté, le Kazakhstan desire exporter une partie de son pétrole via l’Iran pour reduire sa dépendance a l’egard de la Russie.

La construction d’un oléoduc par les Chinois entre le Kazakhstan et la frontière iranienne devrait faciliter cela, d’autant plus que Washington a autorisé les compagnies petrolières américaines a acheminer le pétrole kazakh jusqu’au Golfe Persique a travers l’Iran. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre l’engagement de Total, qui a decidé de faire de l’Iran une place forte dans sa stratégie au Proche Orient et en Asie Centrale.

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