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Iran : L’origine des divergences Franco-russes
11.10.2007

Le voyage de Nicolas Sarkozy à Moscou, sa rencontre avec Vladimir Poutine et les dépêches sur leurs convergences supposées ou réelles divergences ont à nouveau rappelé à chacun toute la complexité de la crise nucléaire iranienne.



Dès la fin du dîner entre Sarkozy et Poutine, les médias français ont fait état des déclarations de Sarkozy qui avait évoqué des « convergences » avec Poutine sur le traitement de cette crise.

Le président Français fraîchement élu espérait un succès international en se rendant à Moscou, il voulait une rencontre en tête à tête, une face à face, un mano a mano, afin d’arracher quelques accords de poids au plus coriace des dirigeants du monde. Nicolas Sarkozy n’a pas eu ce succès et en l’absence de la moindre concession de la part du Tsar Vladimir, il s’est lancé dans des déclarations qui avaient pour fonction de meubler la vacuité de ses résultats. Mais hélas, Nicolas Sarkozy est allé plus loin.

Dans ses propos, il a laissé entendre que Poutine partagerait entièrement la thèse franco-américaine sur « l’analyse de l’état des recherches iraniennes (en vue de se doter d’une arme atomique) ». Cependant, Sarkozy affirmait que malgré cette « très claire convergence de vues sur l’analyse de l’état des recherches iraniennes », Poutine avait une divergence très nuancée sur la volonté des mollahs à se doter d’une bombe nucléaire, ajoutant que cette « nuance » était « peut-être un positionnement tactique » de la part de Vladimir Poutine.

C’est la goutte qui a fait déborder le vase, Poutine y a vu une volonté persistante de la part de Sarkozy d’arracher un succès diplomatique comme preuve de sa capacité de persuasion et ses aptitudes à devenir l’arbitre de la crise.

Arbitre de la crise | Comme nous l’avons répété à maintes reprises dans nos analyses, c’est le rôle que se réserve la Russie qui a des objectifs stratégiques régionaux et entend les atteindre en amplifiant la crise entre les Américains et les mollahs.

La réponse Russe est tombée et elle a été sans aucune ambiguïté : « Nous n’avons pas d’informations selon lesquelles l’Iran aspire à produire des armes nucléaires », a déclaré le très souriant Vladimir Poutine dans une conférence de presse au Kremlin en présence de Nicolas Sarkozy. « Nous n’avons pas de telles données objectives, c’est pourquoi nous partons du principe que l’Iran n’a pas de tels plans ».

Pire encore, Poutine a même prétendu que le régime des mollahs faisait actuellement des efforts pour dissiper les préoccupations quant à l’opacité anxiogène du programme nucléaire iranien. Il a précisé qu’il continuerait à encourager cette coopération... Il n’y a pas que Nicolas Sarkozy qui cherche à revendiquer des succès internationaux.

Mais contrairement à Sarkozy, Poutine est un des challengers de cette crise et l’Iran est la pièce maîtresse de sa reconquête des territoires perdus de l’URSS.

Grâce à une alliance utile avec les mollahs, les Russes ont repris le marché du transit du gaz de l’Asie Centrale vers l’Europe. Grâce à une alliance utile avec les mollahs, ils entendent provoquer des hausses des prix de pétrole qui enrichiront la Russie. Grâce à une alliance utile avec les mollahs, ils espèrent affaiblir durablement les Américains au Moyen-Orient pour revenir en force en Irak, mais aussi en Egypte et pourquoi pas en Arabie Saoudite. L’Iran et le régime des mollahs comptent beaucoup pour la Russie : c’est l’avenir des ambitions planétaires de ce pays qui en dépend. L’Iran et son régime sont deux éléments géopolitiques irremplaçables.

C’est pourquoi les efforts médiatiques de Nicolas Sarkozy pour transformer ce voyage en succès personnel ont agacé les Russes et Poutine qui ont jugé nécessaire une punition publique sous la forme désobligeante d’un démenti formel en présence de l’intéressé.

Pour ce qui est de la crise nucléaire avec les mollahs, ces deux séries de déclarations antagonistes n’ont rien apporté de positif et on peut même affirmer que la diplomatie empressée de Sarkozy a encore une fois produit l’effet contraire qu’escomptait son auteur. Pour les mollahs, la situation est parfaite : ils assistent à la décomposition de la soi-disant unité internationale. Ils n’hésiteront pas à mettre à profit ces divergences.

Pourtant, il existe une autre diplomatie à la hauteur des ambitions légitimes du Président Français qui ne permettrait pas à Vladimir Poutine de se montrer si hautain et qui pourrait même renforcer la position de la France vis-à-vis de la Russie.

Pour en savoir + sur cette autre diplomatie :
- Lettre au futur ministre des Affaires Etrangères de Nicolas Sarkozy
- (15 mai 2007)

L’alliance Iran-Russie :
- Décodages : Poutine ne s’associera à aucun ultimatum contre l’Iran
- (28 Juin 2006)

| Mots Clefs | Décideurs : Sarkozy |

| Mots Clefs | Décideurs : Lavrov | Ivanov | Poutine |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs : Alliance IRAN-RUSSIE |