Constructifs, mais à quel point ? En fait, les mollahs n’ont pas accepté de suspendre les activités nucléaires comme le leur demande le monde entier, mais ils ont juste accepté de continuer les négociations !

Plus concrètement, le voyage de l’adjoint de Larijani a été un échec car ce dernier refusait d’aborder les problèmes de fond et deux responsables de l’AIEA ont annulé leur rendez-vous avec lui pour ce motif. Par la suite, il y a eu des fuites sur cette annulation mais également sur le refus du représentant des mollahs à aborder la suspension des activités avec Robert Cooper. Le communiqué de l’UE qui parle de « progrès constructifs » est une tentative pour dissiper la mauvaise impression laissée par cette rencontre.

Comme nous l’avons écrit plutôt, le régime des mollahs est économiquement très mal-en-point et des sanctions plus fermes adoptées rapidement et appliquées sans délai pourraient mettre un terme à son existence mais ce régime assure de nombreux intérêts de nombreux pays et aucun ne désire le voir disparaître. Pour cette raison, les Européens appliquent tardivement les sanctions déjà votées et continuent de tabler sur une reprise des négociations et parallèlement les Américains retardent l’adoption de nouvelles sanctions unilatérales ou onusiennes.

Leur objectif n’est pas de renverser les mollahs, mais de les affaiblir.
En fait, ils pensaient qu’ils pourraient briser la volonté des mollahs et les contraindre à accepter une entente régionale avec les Etats-Unis. Comme nous l’avions si justement prédit, les mollahs résistent et contre-attaquent contre les Etats-Unis dans le seul domaine où ils excellent : le terrorisme ou la guerre asymétrique.

Cet été, ils tenteront d’ailleurs plusieurs actions de ce type dans différents pays musulmans où ils disposent de groupes intermédiaires : en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie, au Maghreb et surtout au Liban et en Irak.

En fait, les Européens accordent des délais aux mollahs en espérant que ces derniers choisiront une solution négociée… Les mollahs demandent toujours plus de délais pour continuer leur guerre asymétrique contre les Etats-Unis en Irak afin de sceller une entente avec les Etats-Unis et non avec l’Europe.

Évidemment, une autre politique est possible, mais l’Europe ne se donne pas les moyens de l’appliquer. Elle continue à avoir une non diplomatie basée sur un partenariat commercial. Lamentable, car les mollahs en profitent et font tout pour faire durer les négociations qui ne sont que des manœuvres dilatoires (manoeuvres pour gagner du temps).

Une des techniques est la multiplication des interlocuteurs. Ainsi, le 31 mai, Larijani, après sa rencontre avec Solana évoquait d’un ton rieur et entre deux phrases une possibilité d’abandonner l’enrichissement. Il avait aussi officiellement promis davantage de coopération iranienne à l’enquête de l’AIEA. Mais dès le retour du négociateur Iranien dans son pays, d’autres plus hauts placés que lui démentaient.

Cette promesse de plus de coopération est si vieille que l’on ne peut s’empêcher de s’esclaffer chaque fois qu’on la rencontre dans un article consacré à l’Iran. Après 18 ans de cachotteries et 5 ans de négociations, les Européens n’ont pas encore obtenu le moindre progrès en ce domaine et ils ignorent toujours ce que contiennent les centres nucléaires du régime et ont pour seules infos ce que les mollahs veulent bien leur faire croire afin d’affirmer que leurs progrès sont tels qu’ils ne peuvent pas reculer. C’est clair, les pourparlers d’aujourd’hui ont été « trèèèèèèès constructifs » !