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Iran-Irak : Triple dialogue de sourds
01.12.2006

Le président irakien Jalal Talabani a conclu mercredi sa visite à Téhéran. Au cours de cette visite, les mollahs l’ont assuré de leur soutien pour stabiliser la situation en Irak : Talabani avait reçu un engagement similaire de la part des mollahs lors de son premier déplacement présidentiel en Iran, il y a un an !



Du point de vue de Téhéran, ce sont les États-Unis qui sont responsables du chaos Irakien et non pas les milices payées par l’Iran ou la Syrie. C’est d’ailleurs le contenu du discours que la délégation irakienne a entendu. 


On imagine le dialogue de sourds. Cependant une bonne part de ces discours était à usage interne. C’est d’ailleurs la caractéristique des propos échangés au cours de cette visite, il y avait trois dialogues en un. | Décodages

Khamenei, qui est actuellement en campagne pour les élections de l’Assemblée des Experts, doit faire de nombreuses apparitions à la télévision iranienne et le régime le met en scène pour rappeler aux iraniens que le guide suprême est la clef de voûte d’un régime autoritaire et solide.

Rappelons que la situation économique est gravissime et que l’indiscipline règne dans les troupes fidèles au régime au point que ces derniers n’assistent plus aux manifestations obligatoires du régime. Dans le cadre de cette campagne électorale qui doit rappeler la solidité du régime, Khamenei fait de nombreux discours sur de nombreux sujets (nucléaire, Liban, Hezbollah…) et il n’a pas manqué la visite de Talabani pour participer au dialogue avec les irakiens afin de continuer à faire campagne indirectement.

Ainsi, il a assuré à son interlocuteur que « si le gouvernement irakien le demandait, l’Iran ferait tout ce qui était en son pouvoir pour aider au rétablissement de la sécurité et à la stabilité en Irak ».

S’il est vrai que l’intervention de Khamenei a un usage électoral interne, l’uniformité sans nuance du discours des mollahs marque un changement de la politique irakienne du régime : les mollahs qui avaient poussé leurs alliés irakiens à suggérer aux américains la tenue de négociations avec l’Iran se montrent à présent très réticents voire hostiles aux américains et à un dialogue. La raison de ce malaise est que les mollahs espéraient utiliser ces dialogues pour en tirer quelques gloires et être reconnus par les américains en tant que puissance régionale.

L’architecte de ce rapprochement, Rafsandjani, est depuis peu sous mandat d’arrêt international pour crime contre l’humanité et risque d’être exclu de son propre projet de dialogue ou de rétablissement des relations avec les Etats-Unis. Il ne lui reste que deux solutions : Que le mandat soit invalidé ou que la situation puisse atteindre un tel niveau de dégradation qu’elle incite les Etats-Unis à invalider ce mandat d’arrêt et entamer un dialogue avec lui, l’homme qui a le dernier mot à tout grâce à ses mandats constitutionnels (sa vie est une histoire de mandats).

D’ailleurs, mercredi, Rafsandjani est allé lui-même au charbon et est intervenu pour participer à cette nécessaire amplification de la crise. Rafsandjani a encore accusé les États-Unis de s’opposer à un éventuel rapprochement entre Téhéran et Bagdad : « le gouvernement et le peuple d’Iran ont répété plusieurs fois qu’ils étaient prêts à aider le peuple irakien, mais, dans l’ombre, on cherche en sous-main à diviser nos nations et l’on empêche cette aide ».

Nous sommes encore dans un dialogue de sourds car ceci est censé répondre à Talabani qui, la veille, avait critiqué ceux qui montent « les uns contre les autres, différents groupes confessionnels ». Bien évidemment, le président irakien pensait au régime des mollahs et non pas à George Bush.

On peut donc qualifier cette visite de nulle, car elle n’a débouché que sur un dialogue de sourds. Cependant, comme nous l’avions écrit à la veille de ce déplacement : il s’agissait pour la délégation irakienne de présenter aux mollahs une demande diplomatique de cessation d’interférence en Irak. Les mollahs y ont répondu en langage codé, en ne cherchant qu’à amplifier la crise en espérant qu’elle puisse inciter les américains à dialoguer sans conditions préalables avec eux.

Il ne s’agit pas d’un classique dialogue de sourds avec les irakiens, car en réalité les mollahs ne s’adressaient pas aux Irakiens : Ils s’adressaient aux américains ! Il y avait donc 3 dialogues de sourds en un seul : l’un entre les mollahs et les iraniens qui boudent les urnes et le régime, un second entre les mollahs et la délégation irakienne et le troisième avec les américains.

Les mollahs délivraient un message codé à l’usage des médias afin que les américains l’entendent.

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