Les bahaïs représentent de fait la minorité religieuse la plus importante d’Iran avec quelques 3 à 400,000 membres qui dissimulent leur foi car depuis 1979 la persécution est devenue systématique. Ces pauvres gens n’ont pas une avocate prix Nobel de la Paix pour prendre leur défense et se retrouvent interdits d’accès à tous les emplois dans l’administration, l’enseignement mais aussi aux études universitaires. On ne peut pas utiliser le terme de génocide qui serait inapproprié mais il existe bien une volonté de détruire si ce n’est les croyants en personne, du moins tout ce qui peut faire état de leur existence. Leurs écoles, leurs lieux de réunions et bien sûr leurs lieux de cultes ont été fermés sur ordre du régime des mollahs, quant à leurs cimetières, ils ont été détruits.

L’association islamique de Hojjatieh Mahdavieh, qui est ouvertement anti-bahaïste, est montée en puissance depuis l’élection arrangée d’un de ces membres, Ahmadinejad. Aujourd’hui, la crainte est encore plus grande pour la survie de cette communauté considérée par les dirigeants musulmans comme hérétique et menaçante pour l’islam. D’ailleurs de façon régulière dans les médias gouvernementaux les bahaïs sont l’objet de toutes les attaques. En république islamique, il ne fait pas bon être d’une minorité religieuse, chrétiens et juifs [1] en font aussi les frais, mais le sort des bahaïs est encore pire parce que cette religion est issue de l’islam et par son existence remet en cause le dogme, qui par définition est figé et immuable.

C’est par milliers que depuis 1979 on compte les bahaïs tués par le régime des mollahs et des Pasdaran au pouvoir : ils leur demandent de renier leur foi et en cas de refus, ils les exécutent. Les femmes bahaïs en prison sont par exemple systématiquement violées et nombre d’entre eux sont dans les geôles iraniennes pour crime d’apostasie bien qu’elles soient nées dans une famille Bahaï.

Autre forme de persécution : l’accès aux études supérieures est interdit aux jeunes bahaïs qui n’ont pas renié leur religion. Et c’est sous la présidence du prétendu modéré Khatami que les deux lieux sacrés du bahaïsme en Iran ont été livrés aux bulldozers, dans l’indifférence ou l’ignorance du monde entier et des faux dissidents comme Akbar Ganji, Shirin Ebadi, Shadi Sadr, Jahanbeglou, etc…

La persécution des bahaïs est un leitmotiv de ce régime et un de ses objectifs initiaux : au moment des exécutions expéditives au lendemain de la révolution, les dignitaires des précédents gouvernements (du régime monarchique) étaient parfois massacrés en tant que bahaïs. La reprise de ces leitmotivs est cyclique, après Khomeiny, le flambeau a été repris successivement par les autres hauts dirigeants de ce régime comme Rafsandjani. Hier la veille de la remise de la légion d’honneur à Shirin Ebadi, en Iran, son pays d’origine, Khamenei et Ahmadinejad ont demandé aux Pasdaran de recenser de façon exhaustive les bahaïs du pays. Certains de la communauté redoutent une solution finale qui passerait inaperçue aux yeux du reste du monde occupé à s’accommoder des mollahs.

L’objectif politique | Cette pression accrue sur les Bahaïs est l’un des effets (indésirables ?) du choix délibéré d’Ahmadienjad comme président. Le régime l’a choisi pour mener une politique de rupture dans les négociations sur le nucléaire (voir le lien ci-dessous). Or cet homme est un pur produit du régime avec des liens bien précis. Les Bahaïs sont victimes de ce concours de circonstances et le régime sait qu’il gagne à les harceler afin de pousser à un consensus international et à des négociations globales dans les quelles les mollahs feront tous les chantages pour obtenir les Garanties de Sécurité dont ils ont besoin pour survivre.

On peut donc estimer que la situation est gravissime pour les Bahaïs. Nous publions d’ailleurs la traduction d’une circulaire du ministère de l’intérieur du régime des mollahs concernant les Bahaïs. Ce ministère est dirigé par le célèbre Mostafa Pour-Mohammadi [2]. Au lieu de gratifier Ebadi d’une médaille non méritée, la France ferait mieux de combattre ce régime ignoble et sans scrupule.

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